MERCURE ATTACHANT SES TALONNIERES
Pigalle fut agréé à l'Académie en 1741 avec un Mercure qu'il exécuta pour sa réception en 1744. Au Salon de 1742, le sculpteur présenta un modèle en plâtre nettement plus grand de ce sujet, apparié avec une Vénus, qui furent exécutés en marbre pour le roi et donnés en 1750 à Frédéric II de Prusse.
Une attitude tournoyante
Prêt à bondir du rocher sur lequel il est assis, Mercure, le messager des dieux, attache les talonnières ailées, qui vont lui permettre, avec les ailettes de son casque, le pétase ailé, de prendre son envol. Le dieu a une attitude tournoyante. Le jeu des membres permet de varier les points de vue à mesure que l’on fait le tour de la composition. Son geste pour attacher la talonnière ne requiert pas son attention mais il est souligné par la convergence des bras et d’une jambe. La pose ramassée, l’oblique ascendante des membres et de la ligne des épaules, le visage tourné vers l’extérieur et le regard scrutant le lointain donnent l’impression dynamique que Mercure va s’élancer vers le ciel. La jambe gauche pliée en retrait, sur la pointe du pied, suggère que le dieu prend son appel pour bondir.
Mercure est conçu à l’origine comme une figure isolée. Pourtant, dès 1742, Pigalle lui adjoint un pendant, une Vénus, qui donne l’ordre de faire rechercher Psyché, illustrant un épisode de L’Âne d’or, conte de l’écrivain latin Apulée (v. 125-170). En 1746, l’Administration royale lui commanda la réalisation en marbre des deux personnages, grandeur nature : achevés en 1748, ils furent offerts par Louis XV au roi Frédéric II de Prusse pour le parc du château du Sans-Souci près de Berlin.
L’œuvre connaît un succès immédiat. Voltaire la compare à la plus belle antiquité grecque dans Le Siècle de Louis XIV (1751). Des artistes en possèdent une copie, des peintres la représentent sur leurs toiles. Le peintre Chardin, ami de Pigalle, en fait un symbole moderne de la sculpture dans L'Etude du dessin (1747, Vanås) et Les Attributs des arts (1766, Minneapolis). Une réduction en biscuit est réalisée par la manufacture de Sèvres dès 1770.
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Jean-Baptist Pigalle's Mercure attachant ses talonnières (Mercury Attaching his Wings) was executed for his admission to the Royal Academy of Painting and Sculpture in 1744. This lead copy by Pigalle, dating to 1753, was given to the Louvre in 1872.
Mercury, the messenger of the gods, is sitting on a rock, ready to leap up. He is attaching the winged sandals which, together with his petasus (winged cap), will enable him to take flight. The god's twisted position and the play of his limbs make the composition interesting to observe from every angle. Mercury is not looking at his talaria (winged sandals) as he attaches them, but his gesture is accentuated by the convergence of both arms and one leg. His crouched position, the upward slant of his limbs and shoulder line, and his face turned to scan the horizon, give an impression of dynamism — that Mercury is about to soar into the sky. The position of his left leg, with his weight on his toes, also suggests that the messenger god is ready for take-off. This pose was perhaps inspired by the Mercury and Argus by Jacob Jordaens (a 17th-century Flemish painter), popularized by engravings. But the play of diagonals and the multiple viewpoints afforded by sculpture in the round enabled Pigalle to add a vitality that transformed the figure of the god into an allegory of speed. Mercury's torso is a variation on the Belvedere Torso (in the Vatican); this antique marble fragment of a muscular seated figure has a strength that fascinated Michelangelo — and has continued to fascinate artists and art lovers. It was left incomplete, which was unusual for the 18th century, and thus became a metaphor for Time that destroys the creations of Genius.
When Pigalle returned to Paris in 1741 after a stay in Rome (1736–39), he presented his terracotta model of Mercury for approval by the Royal Academy of Painting and Sculpture; according to an anecdote, he had almost left the work as a pledge of payment for his accommodation when passing through Lyon. Instead of imposing another subject, the Academy asked him to transpose the model into marble for his admission piece, and he was accepted on 30 July 1744. Mercury was originally designed as an isolated figure, but in 1742, Pigalle added a matching piece: Venus Giving a Message, which illustrates an episode from the Golden Ass, a collection of tales by Latin author Apuleius. In 1746, the Royal Administration commissioned Pigalle to produce a life-size marble sculpture of each figure; these works were completed in 1748, and presented by Louis XV to King Frederick II of Prussia for the park of the Sans-Souci castle near Berlin.
Une attitude tournoyante
Prêt à bondir du rocher sur lequel il est assis, Mercure, le messager des dieux, attache les talonnières ailées, qui vont lui permettre, avec les ailettes de son casque, le pétase ailé, de prendre son envol. Le dieu a une attitude tournoyante. Le jeu des membres permet de varier les points de vue à mesure que l’on fait le tour de la composition. Son geste pour attacher la talonnière ne requiert pas son attention mais il est souligné par la convergence des bras et d’une jambe. La pose ramassée, l’oblique ascendante des membres et de la ligne des épaules, le visage tourné vers l’extérieur et le regard scrutant le lointain donnent l’impression dynamique que Mercure va s’élancer vers le ciel. La jambe gauche pliée en retrait, sur la pointe du pied, suggère que le dieu prend son appel pour bondir.
La pose s’inspire peut-être du Mercure tirant son épée pour tuer Argus de Jacob Jordaens (peintre flamand du XVIIe siècle), popularisé par la gravure. Mais, par le jeu des diagonales et des angles multiples qu’offre la ronde-bosse, Pigalle apporte une vitalité qui transforme la figure du dieu en une allégorie de la vitesse. Le torse de Mercure est une variation sur le Torse du Belvédère (Vatican). Ce fragment antique en marbre, d’un homme musclé assis, fascina par sa puissance Michel-Ange, et à sa suite artistes et amateurs. Aussi, fait unique à l’époque, il ne fut jamais complété, devenant une métaphore du Temps dévorant les œuvres du Génie. Il symbolisa la sculpture, comme dans le bas-relief L’Union de la Peinture et de la Sculpture (Louvre) de Jacques Buirette, son morceau de réception en 1663.
Après un séjour romain (1736-1739) et dès son retour à Paris en 1741, Pigalle présente le modèle en terre cuite du Mercure pour être agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Selon une anecdote, il avait failli le laisser en gage pour payer son hébergement lors de son passage à Lyon. Au lieu de lui imposer un autre sujet, l’Académie lui demande pour sa réception la transposition en marbre du modèle : il est reçu le 30 juillet 1744.
Après un séjour romain (1736-1739) et dès son retour à Paris en 1741, Pigalle présente le modèle en terre cuite du Mercure pour être agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Selon une anecdote, il avait failli le laisser en gage pour payer son hébergement lors de son passage à Lyon. Au lieu de lui imposer un autre sujet, l’Académie lui demande pour sa réception la transposition en marbre du modèle : il est reçu le 30 juillet 1744.
Mercure est conçu à l’origine comme une figure isolée. Pourtant, dès 1742, Pigalle lui adjoint un pendant, une Vénus, qui donne l’ordre de faire rechercher Psyché, illustrant un épisode de L’Âne d’or, conte de l’écrivain latin Apulée (v. 125-170). En 1746, l’Administration royale lui commanda la réalisation en marbre des deux personnages, grandeur nature : achevés en 1748, ils furent offerts par Louis XV au roi Frédéric II de Prusse pour le parc du château du Sans-Souci près de Berlin.
L’œuvre connaît un succès immédiat. Voltaire la compare à la plus belle antiquité grecque dans Le Siècle de Louis XIV (1751). Des artistes en possèdent une copie, des peintres la représentent sur leurs toiles. Le peintre Chardin, ami de Pigalle, en fait un symbole moderne de la sculpture dans L'Etude du dessin (1747, Vanås) et Les Attributs des arts (1766, Minneapolis). Une réduction en biscuit est réalisée par la manufacture de Sèvres dès 1770.
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Jean-Baptist Pigalle's Mercure attachant ses talonnières (Mercury Attaching his Wings) was executed for his admission to the Royal Academy of Painting and Sculpture in 1744. This lead copy by Pigalle, dating to 1753, was given to the Louvre in 1872.
Mercury, the messenger of the gods, is sitting on a rock, ready to leap up. He is attaching the winged sandals which, together with his petasus (winged cap), will enable him to take flight. The god's twisted position and the play of his limbs make the composition interesting to observe from every angle. Mercury is not looking at his talaria (winged sandals) as he attaches them, but his gesture is accentuated by the convergence of both arms and one leg. His crouched position, the upward slant of his limbs and shoulder line, and his face turned to scan the horizon, give an impression of dynamism — that Mercury is about to soar into the sky. The position of his left leg, with his weight on his toes, also suggests that the messenger god is ready for take-off. This pose was perhaps inspired by the Mercury and Argus by Jacob Jordaens (a 17th-century Flemish painter), popularized by engravings. But the play of diagonals and the multiple viewpoints afforded by sculpture in the round enabled Pigalle to add a vitality that transformed the figure of the god into an allegory of speed. Mercury's torso is a variation on the Belvedere Torso (in the Vatican); this antique marble fragment of a muscular seated figure has a strength that fascinated Michelangelo — and has continued to fascinate artists and art lovers. It was left incomplete, which was unusual for the 18th century, and thus became a metaphor for Time that destroys the creations of Genius.
When Pigalle returned to Paris in 1741 after a stay in Rome (1736–39), he presented his terracotta model of Mercury for approval by the Royal Academy of Painting and Sculpture; according to an anecdote, he had almost left the work as a pledge of payment for his accommodation when passing through Lyon. Instead of imposing another subject, the Academy asked him to transpose the model into marble for his admission piece, and he was accepted on 30 July 1744. Mercury was originally designed as an isolated figure, but in 1742, Pigalle added a matching piece: Venus Giving a Message, which illustrates an episode from the Golden Ass, a collection of tales by Latin author Apuleius. In 1746, the Royal Administration commissioned Pigalle to produce a life-size marble sculpture of each figure; these works were completed in 1748, and presented by Louis XV to King Frederick II of Prussia for the park of the Sans-Souci castle near Berlin.