HYPSELODORIS TRICOLOR - (CANTRAINE, 1835)
Doris tricolore, Tricolor doris (GB, NL), Doride tricolore (I), Doris tricolore (E), Dreifarbige Sternschnecke (D)
Clef d'identification
Large ligne médiane jaune ou blanche, démarre entre les rhinophores. Manteau couronné par des taches blanches. Fine ligne blanche sur les flancs
Pointe blanche au bout des rhinophores. Ligne blanchâtre externe sur les feuillets branchiaux
Distribution
Présent dans le bassin méditerranéen occidental, l'Adriatique et dans l'Atlantique Est adjacent (Canaries, Maroc, Açores, Portugal, bassin d'Arcachon).
Biotope
Fonds durs et ambiance sciaphile. Observés de 5 m à 60 m de fond, souvent sur des éponges des genres Cacospongia, Spongia et Dysidea dont ils se nourrissent.
Description
Le corps de ce nudibranche est lisse et allongé, l'extrémité postérieure est plus étroite que l'avant large et arrondi. La couleur est bleue à bleu violet. Une large ligne médiane jaune à blanchâtre démarre entre les rhinophores et se termine un peu au delà du panache branchial. Le dessus du manteau est couronné par une succession de taches blanches plus ou moins visibles. Le manteau est bordé par une ligne jaune orange, il recouvre la « tête », pas l'arrière du pied. Le pied est souligné par une bande blanche ou jaune médiane. Les flancs sont parcourus longitudinalement par une fine ligne blanche, à l'occasion jaunâtre et parfois discontinue. Les 2 tentacules buccaux courts sont dissimulés sous le manteau. La paire de rhinophores bleus à 10/12 lamelles obliques se termine par une pointe blanche translucide. Cette extrémité a la forme d'un petit tube tronqué. Le panache branchial est penné et composé habituellement de 8 (6 à 9 comptés sur les photos) feuillets branchiaux chacun marqué d'une fine ligne blanchâtre externe. Les rhinophores et les branchies sont rétractiles. La taille est de 30 à 45 mm.
Espèces ressemblantes
Il faut noter que la coloration des doris bleus, surtout chez les juvéniles, peut différer considérablement d'un animal à l'autre et en fonction de sa zone géographique.
La confusion est classique avec Hypselodoris orsinii qui est plus petit (20 mm maximum) et aux lignes blanches et jaunes plus fines. Absence des fines rayures interrompues blanches entre la médiane et la bordure. On le rencontrera essentiellement sur des éponges noires (Cacospongia sp.) et très souvent en nombre.
Hypselodoris fontandraui ressemble également beaucoup à H. tricolor, mais sa couleur bleu violet a une certaine transparence. Sa ligne centrale, blanche, est plus "accidentée" que chez H. tricolor. Ses rhinophores et panache branchial sont plus foncés et plus massifs.
Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Hypselodoris midatlantica Gosliner, 1990 peut être considéré, pour le moment, comme un synonyme, peu usité ! (Voir en bas de la fiche : La bataille des taxonomistes !) Hypselodoris messinensis est aussi retrouvé dans certaines publications, dans d'autres c'est Hypselodoris fontandraui qui est rebaptisé H. messinensis ! (Notez que « messinensis » n'est plus utilisé pour le groupe des chromodoris).
Origine du nom français
Francisation du nom d'espèce.
Origine du nom scientifique
Hypselodoris : du grec [hypsêlo] = élevé, sublime et [Doris] = Océanide, fille d'Océan et de Téthys, épouse de Nérée et mère des 50 néréides.
tricolor : du latin [tricolor, is] = tricolore, trois couleurs ! Bleu, blanc et jaune.
Alimentation
Tous les nudibranches, doridiens inclus, sont carnivores, leurs systèmes digestif et enzymatique sont adaptés à une alimentation animale, et non végétale. Les éponges du genre Cacospongia, Spongia, Dysidea (Dysidea avara et Dysidea fragilis) sont broutées par ce doris bleu.
Reproduction - Multiplication
Les mollusques se reproduisent uniquement par voie sexuée et sont ovipares* (pondent des œufs fécondés). Les nudibranches sont hermaphrodites* (mâle et femelle). Ils possèdent les organes reproducteurs du mâle et de la femelle, tous deux fonctionnels. Mais l'autofécondation n'a jamais été prouvée, ainsi, l'accouplement est nécessaire pour l'échange de gamètes et la fécondation. Un orifice génital est souvent bien visible sous le manteau, à l'avant droit de l'animal. Cette disposition latérale des orifices génitaux, explique la position tête-bêche adoptée par les doris lors de l'accouplement pour s'entre-féconder. La larve* ciliée* est pélagique* (larve véligère*), elle donnera un adulte par métamorphose*. H. tricolor : les pontes forment d'étroites bandes gélatineuses (5 mm de large environ) blanches spiralées (généralement 2 tours et demi), les œufs sont blancs. La ponte est collée au substrat par un côté de la bande, l'ensemble fait un diamètre de 30 mm environ.
Divers biologie
Espèce relativement commune.
Informations complémentaires
La bataille des taxonomistes. La détermination (mettre un nom sur une espèce bien identifiée !) de cette « limace bleue » de Méditerranée et d'Atlantique proche reste un casse tête pour les plongeurs biologistes et les scientifiques qui sont amenés à travailler dessus. La nécessité d'avoir un nom précis sur les espèces étudiées, par les biochimistes, les écologistes entre autres, est capitale. Mais la description trop imprécise du premier auteur (Cantraine, 1835) est à l'origine d'innombrables erreurs et révisions du nom de ce doris et du genre Hypselodoris. Mais la révision précise faite par les auteurs espagnols Ortea J. & coll en 1996 de la famille des Chromodoridés bleus d'Atlantique, permet une détermination beaucoup plus précise de ce groupe. Malheureusement, le consensus tant espéré sur le genre Hypselodoris n'a pas eu lieu au sein des taxonomistes, et les controverses, les disputes et les discussions sont toujours vives sur les noms à adopter ! Ainsi, certains s'obstinent et continuent à rebaptiser le "doris tricolore" : Gosliner, T.M. & johnson, R.F. (soutenus par d'autres auteurs espagnols Cervera J.L., …) lui donnent le nom de Hypselodoris midatlantica en 1990, considérant que la description trop vague de Cantraine en 1835, ne permet pas de conserver le nom original de H. tricolor. Cette « bataille » n‘est pas à la gloire des taxonomistes, et seule la Commission Internationale de Nomenclature (International Commission on Zoological Nomenclature) a le pouvoir de trancher le débat.