CONUS TEXTILE - (LINNAEUS, 1758)
Cône drap-d'or, Cône textile, Cloth-of-gold cone, textile cone shell, Cono manto d'oro, Textil-Kegelschnecke, Tentconus.
Clef d'identification
Coquille ovalo-cylindrique, spiralée et asymétrique. Spire conique et pointue. Dernier tour très développé. Ouverture évasée antérieurement. Couleur jaune orangé avec un réseau de petits triangles blancs. Deux bandes transversales plus foncées.
Distribution
Mer Rouge, tout l'océan Indien (dont Mayotte et la Réunion), l'océan Pacifique : du Japon au nord à la Nouvelle-Calédonie au sud, et jusqu'à la Polynésie française à l'est.
Biotope
Comme beaucoup de ses congénères, on trouve le cône drap-d'or parmi les récifs coralliens à faible profondeur jusqu'à 50 m environ. Ce cône préfère les fonds sableux couverts ou non d'algues, dans lesquels il s'enfouit, souvent à proximité de petites roches ou de morceaux de corail mort sous lesquels il se cache le jour.
Description
La forme générale de la coquille est ovalo-cylindrique, renflée vers le milieu. La plupart des spécimens mesurent 50 à 80 mm de long mais il est possible d'en trouver jusqu'à 150 mm (le record a été pêché aux îles Hawaï). La spire est élevée, légèrement concave, conique et pointue à une extrémité ; elle est dite acuminée*. L'ouverture est longue et évasée antérieurement. Le canal siphonal est ouvert et légèrement incurvé. L'épaule, jonction entre la spire et le dernier tour, est arrondie. La couleur de fond est blanc brillant, avec parfois des tons bleus, beiges, violets, roses ou orange. De nombreuses marques triangulaires, ou en forme d'écailles, blanches sur fond jaune d'or, forment un réseau serré en zigzag comme des chaînes de petites montagnes. Des lignes onduleuses marron sont présentes longitudinalement. Deux bandes transversales spiralées plus foncées sont visibles au centre du dernier tour. L'ouverture est blanche, parfois légèrement teintée de bleu. Un épiderme corné ou périostracum* de couleur grise à jaunâtre, transparent, mince et lisse, recouvre la totalité de la coquille. La partie charnue de l'animal est blanche avec de larges taches brunes. Son pied est allongé, étroit et tronqué en avant ; il porte à son extrémité postérieure un petit opercule corné onguiforme*. Le siphon, dont le rôle est uniquement respiratoire, est blanc avec l'extrémité rouge, la base brunâtre et une large bande noire au milieu. Un mufle allongé, nommé proboscis*, de couleur rougeâtre, porte de chaque côté un tentacule blanc muni d'un petit œil noir placé vers le milieu, il se termine par l'ouverture buccale. Si la forme et la couleur de la coquille sont assez uniformes dans l'océan Indien central et l'océan Pacifique, elles peuvent varier de façon significative dans l'océan Indien occidental, ce qui va induire de nombreuses variétés et formes.
Espèces ressemblantes
De nombreuses espèces font partie du « complexe » textile et souvent il est difficile de les différencier. On notera cependant : Conus abbas : plus ventru, Conus canonicus : dernier tour plus cylindrique, ouverture rose pâle, Conus euetrios : marques triangulaires plus fines, couleur de fond légèrement bleutée, Conus gloriamaris : plus allongé.
Plusieurs sous-espèces, ensemble de populations issues de l'espèce mère, mais occupant une aire géographique différente et ayant acquis des caractéristiques propres, sont également identifiées :
Conus textile tigrinus Sowerby II, 1858 ; Conus textile corbula Sowerby II, 1858 ; Conus textile dahlakensis da Motta, 1982 (mer Rouge) ou Conus textile neovicarius da Motta, 1982 (mer Rouge).
Mais ces différentes sous-espèces peuvent présenter des variations d'une population à l'autre, on parle de formes qui sont souvent inféodées à une région : f. cholmondeleyi : Kenya, Tanzanie (notamment Zanzibar), Madagascar ; f. concatenatus : Madagascar ; f. dahlakensis : mer Rouge ; f. pyramidalis : Kenya, Madagascar ; f. scriptus : Ile Maurice (notamment Saint-Brandon), Madagascar ; f. suzannae : Kenya ; f. textilinus : îles Marquises ; f. verriculum : île Maurice, Sri Lanka, Mozambique.
Il faut le reconnaître, la nomenclature de ce cône est parfois confuse et souvent très controversée selon les auteurs, il est vrai qu'aucun autre cône ne présente une aussi grande variabilité.
Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Conus concatenatus Kiener, 1845
Conus scriptus Sowerby II, 1858
Conus cholmondeleyi Melvill, 1900
Conus sirventi Fenaux, 1943
Origine du nom français
Cône: coquille en forme de cône, Drap-d'or : l'épiderme corné de couleur jaunâtre fait penser à un drap de couleur or qui recouvre la coquille.
Origine du nom scientifique
Conus : mot latin = cône (forme de la coquille), textile : du latin [textilis] = tressé, entrelacé à l'image du réseau de fins dessins en zigzag qui caractérise cette espèce.
Alimentation
C'est un prédateur carnivore, diurne et nocturne, au régime alimentaire malacophage strict avec une préférence pour la famille des strombes ; il n'hésite pas cependant à s'attaquer à d'autres cônes, des cas de cannibalisme ayant même été observés en aquarium. Il projette sur ses proies, à l'aide de sa trompe, un dard ou dent radulaire relié à une glande remplie d'un venin très puissant (neurotoxine*) qui les paralyse en agissant sur les muscles et le système nerveux. La trompe ou proboscis par laquelle l'animal va avaler sa proie, parfois de grande taille, est susceptible de s'étirer considérablement. Il peut atteindre une proie à presque 2 fois la longueur de sa coquille. Les proies sont lentement digérées par les enzymes sécrétées par le cône.
Reproduction - Multiplication
La reproduction est sexuée. Les sexes sont séparés et la fécondation est interne. Des capsules ovigères remplies d'œufs sont déposées par la femelle, en rangs parallèles, sous des blocs de corail. L'éclosion des œufs donne naissance à des larves planctoniques qui se métamorphosent en quelques jours et se posent ensuite sur le fond. On remarquera sur sa protoconque* de nombreux tours de spire qui montrent que le cône drap-d'or possède un développement dit «multispiral» à vie larvaire planctonique non négligeable.
Divers biologie
L'appareil venimeux du cône se compose d'un bulbe volumineux, la glande à venin, relié au pharynx par un canal, d'un sac radulaire contenant les dents en forme de harpon, et d'une trompe, le proboscis, contractile et très mobile qui projette les fléchettes.
Informations complémentaires
Le venin très puissant de cette espèce, apparenté au curare, a la propriété de paralyser les proies dans lesquelles la fléchette s'est fichée. L'étude de ce venin, qui contient une protéine, la cônotoxine, neurotoxique puissant, est d'un grand intérêt pour les neurobiologistes. L'animal, par mesure de défense, peut attaquer un plongeur qui le tiendrait dans sa main ou qui le manipulerait. Une vive douleur, un gonflement de la partie piquée, une sensation d'engourdissement apparaissent rapidement. La mort par paralysie des muscles respiratoires peut intervenir. Comme il n'existe pas d'antivenin contre les cônotoxines, une hospitalisation rapide est essentielle.
LES PROPRIETES VENIMEUSES DES CONES
Historique
Les propriétés venimeuses des cônes semblent être connues depuis longtemps et déjà en 1705 le naturaliste hollandais G.E. RUMPHIUS rapporte un cas mortel survenu à l'Ile Banda, dans l'Archipel des Moluques :
"Une femme indigène tenait un coquillage qu'elle avait ramassé dans les mailles de son filet de pêche. Alors qu'elle regagnait la plage, elle sentit un léger engourdissement dans la main, lequel s'étendit bientôt à tout le corps. Elle mourut peu après."
Ce récit est détaillé dans les "Mémoires de RUMPHIUS" (1959), par W.S.S. BENTHEM JUTTING, et il semble bien que l'espèce incriminée soit celle connue à présent sous le nom de Darioconus textile, Linné.
Il faut alors attendre plus d'un siècle avant que ne soient relatés d'autres cas d'envenimation par piqûre de cônes. C'est en effet en 1848 que A. ADAM cite dans l'odyssée du H.M.S. SAMARANG, Vol. 2, p. 356, le passage suivant:
"A la petite Ile de Mayo, dans l'Archipel des Moluques, Monsieur Edwards BELCHER était piqué par un Conus aulicus alors qu'il le retirait de l'eau et il compare la douleur ressentie à celle que produirait du phosphore qui brûle sous la peau. Et ADAM ajoute: l'organe responsable est la langue qui, chez ces mollusques est très allongée et armée de dents pointues et tranchantes, capables d'infliger des blessures profondes et triangulaires, accompagnées de douleurs violentes."
De 1850 à 1911 plusieurs accidents par piqûres de cônes sont signalés et en 1912 le Docteur J. BURTON CLELAND alors affecté au "Government Bureau of Microbiology", à Sydney, en communique la liste dans une importante publication parue dans "Australian Médical Gazette" les 14 et 21 septembre 1912, sous le titre: "The Injuries and Diseases of Man in Australia Attributable to the Animals".
traduction intégrale de cette communication :
1860 — MAC GILL1VRAY, J. — Zoological notes from Anatum, New Hébrides, The Zoologist, 18, p. 7136-7138.
"Au sujet des propriétés venimeuses du Cône textile. Au cours de mon séjour à Anatome, aux Nouvelles-Hébrides, je fus mis en garde par les indigènes contre
une certaine espèce de cône capable, disaient-ils, d'éjecter un poison sur une distance de plusieurs pouces et qui produirait dès son contact avec la main, une sensation étrange accompagnée de douleurs intenses, avec engourdissement du bras et défaillance générale. Souvent cet état évolue vers la mort. Le coquillage en question figurait dans ma collection: c'était un Conus textile. Je n'accordai d'abord que peu de valeur à ce récit. Pourtant je m'aperçus bientôt qu'il reflétait la croyance générale. Je consentis alors, sans trop de conviction, à agir avec beaucoup de précautions en manipulant ces coquillages que j'avais tant de fois récoltés sans ennuis. Or, le 9 juin de cette année, je transportai chez lui un jeune indigène qui souffrait de violentes douleurs et qui me disait avoir été piqué par un cône alors qu'il péchait en eau peu profonde. Dès qu'il l'eut touché il eut l'impression qu'une eau très froide était projetée dans la paume de sa main. Arrivé chez lui il se plaignit d'un engourdissement du bras droit. Quand je revins le consulter quelques minutes plus tard, je constatai qu'un garrot avait été serré au-dessus de son bras malade. Le pouls, très faible, était aux environs de cinquante. Je fis desserrer le garrot et lui administrai une forte dose de morphine pour apaiser ses douleurs. Entre temps, un soigneur indigène était arrivé. Il pratiqua, au moyen de lames de bambou, deux profondes incisions de part et d'autre du bandage. Environ deux cents centimètres cubes de sang s'écoulèrent. Je quittai alors le patient en conseillant au préalable de ne rien fixer autour de son bras qui puisse gêner la circulation. Je revins le matin suivant et constatai l'effet bienfaisant de la morphine. Par ailleurs le pouls était redevenu normal. Seules persistaient l'enflure et les douleurs dues aux incisions. Une semaine plus tard mon client était en parfaite santé. Ainsi le simple contact avec un cône a provoqué chez ce jeune homme une perturbation considérable. Pourtant en examinant ce cas il m'est difficile de faire la part des choses. Je ne pouvais pas en effet dissocier d'une manière satisfaisante les effets implicables à la piqûre du coquillage de ceux attribuables au garrot que les indigènes ont coutume de fixer un peu trop prématurément. Je dois mentionner cependant que le 28 mai 1859 j'eus l'occasion de rencontrer un cas semblable: En compagnie du Révérend-Père J. GEDDIE, je me rendis au chevet d'une femme qui disait avoir été piquée quatorze jours auparavant par un cône qu'elle avait ramassé aux récifs. Tout son bras droit était gangrené et je notai que plusieurs incisions y avaient été pratiquées. J'appris alors qu'un garrot avait été posé durant plusieurs jours, ce qui expliquait l'état dans lequel se trouvait cette femme qui mourut bientôt. De ces deux cas je n'avancerai rien quant à mes observations personnelles mais je peux dire qu'après examen je n'ai trouvé aucun système particulier au cône textile, ni remarqué de différence anatomique entre lui et le cône arenatus bien connu pour être inoffensif. Il est donc difficile de souscrire à la croyance populaire de cette île qui croit au pouvoir dangereux des cônes. La sensation initiale, tellement étrange, ressentie dans la main qui est en contact avec le coquillage, peut seulement s'expliquer par une projection par le siphon mais elle ne semble pas justifier la pose d'un garrot, responsable de tant de complications ultérieures."
1874 — CROSSE, H. et MARIE, E. — Journal de Conchyliologie, 22, p. 353.
"Les cônes textile et tulipa sont très répandus en Nouvelle-Calédonie et sont tous deux réputés venimeux. Plusieurs naturalistes anglais avaient déjà signalé le caractère dangereux du cône textile et ce fait semble aujourd'hui se confirmer à la suite d'un accident survenu à Pouébo (Nouvelle-Calédonie). Un indigène fut piqué dans la main au moment où il ramassait ce coquillage. Aussitôt après, il ressentit une violente douleur dans le bras, suivie d'une enflure importante qui persista pendant plusieurs jours. La piqûre est provoquée par les dents de la langue et non par l'opercule que l'on incrimine à tort dans ces régions."
1877 — Révérend-Père MONTROUZIER, Journal de Conchyliologie, XXV, p. 99.
"Le cône marmoreus, abondant à Mare (Iles Loyauté) ne peut être tenu négligemment dans la main sans risque d'accidents sérieux par piqûre de sa langue. D'ailleurs, ce fait a déjà été mentionné pour le cône textile responsable de plusieurs accidents aux Nouvelles-Hébrides."
1878 — GARRETT, A. — Annotated Catalogue of the Species of Conus Collected in the South Sea Islands — Quarterly Journal of Conchology, 1, p. 365. Dans ce catalogue des cônes qu'il a établi, GARRETT mentionne le passage suivant au sujet du Cône tulipa, Linné :
"Cette espèce est abondante aux récifs. Au cours d'une récolte que je faisais aux Tuamotus, je fus piqué par un des trois exemplaires que je tenais dans la main. Il sortit sa longue trompe qui m'atteignit au doigt, occasionnant une douleur aiguë qui n'a rien de comparable avec celle provoquée par la piqûre d'une guêpe."
1884 — COX, J.B. — Poisonous effects of the Bite Inflicted by Conus geographus, Linn. Proc. Linnean Soc. N.S.W., 9, p. 944-946. Monsieur B. HINDE adressait, du H.M.S. DIAMOND, la lettre suivante au Docteur COX (A Bord, Lat. 10° 14' S. - Long. 155° 34' E.) :
"Un indigène de Nodup, Nouvelle-Bretagne, me voyant avec un Conus geographus, Linné, me mit en garde contre sa piqûre capable, disait-il, de tuer un homme. Il m'informa aussi que toute personne piquée devait aussitôt pratiquer de profondes incisions autour de la blessure afin de laisser le sang s'écouler librement. C'était d'après lui la seule chance de salut. Pensant que cet homme exagérait, je m'adressai à un planteur européen de la région afin d'avoir son opinion sur ce récit. Il me répondit qu'il le croyait exact et qu'à ce sujet il avait lui-même adressé une note à Sydney. Or l'occasion me fut bientôt donnée de voir moi-même un indigène de l'Ile Matupi, Nouvelle-Bretagne, victime de la piqûre de ce coquillage. Il a de suite, sur tout son bras, pratiqué, avec le tranchant d'une pierre, plusieurs incisions desquelles le sang s'écoulait abondamment. Il me fit remarquer que sans cette précaution la mort serait fatale. Des cendres chaudes ont ensuite été appliquées pour arrêter l'hémorragie. Le blessé ne pouvait pas se servir de son bras qui était engourdi, mais là il m'est difficile d'émettre un avis et d'établir qui, entre la piqûre et le traitement, était responsable de cet état. Il me paraît toutefois important de communiquer ces quelques observations qui pourront intéresser les conchyliologistes en général."
1902 — CORNEY, R.G. — Nature, 65, p. 198.
"L'inquiétude ressentie par beaucoup de gens quant aux propriétés venimeuses de certains cônes, semble à présent justifiée. Un cas est en effet enregistré chez un sujet européen dont la bonne foi ne peut être mise en doute, et je pense qu'il est utile d'apporter aujourd'hui la preuve que le cône est bien un coquillage dangereux. La victime, Mme B.,pêchait dans le port de Levuka (Fidji) avec sa famille et un serveur indigène. Celui-ci avait ramassé, comme amorce, divers coquillages dont un Conus geographus. Après avoir brisé la coquille de ce dernier, il le remit à Mme. B. qui, d'un doigt, procéda au délogement de l'animal. C'est alors qu'elle sentit une étrange piqûre au doigt, près de l'ongle. Elle constata bientôt que sa main et son bras s'engourdissaient. Rapidement, son état s'aggrava et la paralysie s'étendit à tout son corps. Mme B. fut transportée d'urgence chez elle où l'attendait un médecin. Il compara ces symptômes à ceux d'un empoisonnement par le curare. La parole était difficile et indistincte. Pourtant la malade ne perdit pas conscience et savait parfaitement ce qui se passait autour d'elle. On ne notait ni troubles .cardiaques, ni troubles respiratoires. Cet état alarmant régressa au bout de six heures et la plupart des symptômes s'estompèrent dès le lendemain. Seul l'engourdissement de la main persista pendant plusieurs jours. Mme B. fut en outre affectée de troubles visuels qu'elle attribua à la même cause."
Médical Department, Fiji, 30 septembre 1901.
1932 — HERMITTE, L.D.C. — Venomous Marine Molluscs of the Genus Conus — Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiène, p. 485.
"En juin 1932, Monsieur De LAFONTAINE âgé de 32 ans, Seychellois d'origine française, résidant à l'Ile aux Cerfs (Seychelles) marchait à marée basse dans l'eau du lagon, non loin de la côte, à la recherche de coquillages. Tout en avançant, il trouva un cône geographus de taille moyenne qu'il ramassa aussitôt. Comme la coquille était recouverte d'une couche d'algues marines, il entreprit de la nettoyer à l'aide d'un canif. Tenant le coquillage dans la main gauche, l'ouverture dirigée vers la paume, il commençait à en gratter la surface quand il sentit une piqûre dans la paume de la main gauche, suivie immédiatement d'une sensation de brûlure. Retournant rapidement le coquillage pour en observer l'ouverture, il vit la "bouche" de l'animal au moment où celui-ci se rétractait dans sa coquille. Il remarqua en même temps une sorte de dard pointu sortant d'une langue étroite qui se retirait lentement dans la bouche au fur et à mesure que celle-ci se rétractait. La blessure était si petite qu'elle ne se voyait pas. La sensation de brûlure fit rapidement place à 'engourdissement et en quelques minutes le blessé sentit des picotements dans le bras gauche qui était engourdi. Eprouvant de l'angoisse, il décida de regagner le bord et de rentrer chez lui. Dans l'espace d'une heure, tout son corps était engourdi; sa vue devint trouble; il ressentit des vertiges et des nausées; sa parole était difficile. Bientôt il devint complètement paralysé. Au bout de cinq à six heures, son état s'améliora légèrement et il demanda à être conduit à mon cabinet à Mont-Fleuri, sur l'Ile Mahé. L'accident était survenu vers neuf heures et le blessé fut transporté par pirogue à mon cabinet à six heures. Il était hébété, incapable de se tenir debout et avait une sensation d'engourdissement dans tous les membres. A l'examen, on ne notait rien de particulier à l'endroit de la piqûre. Ses réflexes rotuliens ne purent être étudiés mais ses pupilles réagissaient normalement à la lumière et à l'accommodation. Le pouls et la respiration étaient normaux; la température était également normale. Manifestement ces symptômes semblaient être en relation avec quelque poison neuro-toxique. Je décidai d'administrer en conséquence, une injection de chlorhydrate de strychnine par voie dermique (1/60 de grain (Grain: 0 Gr, 06477.)). Je renvoyai le malade chez lui avec une potion à base de strychnine et j'ordonnai qu'on lui fit des massages. En dépit de ce traitement, il mit trois jours avant de voir disparaître l'engourdissement qui l'immobilisait. Au moment de son transfert à mon cabinet le jour de l'accident, il avait fort heureusement disposé le coquillage vivant dans un récipient contenant de l'eau de mer et du sable. Etant moi-même collectionneur, j'identifiai l'espèce comme étant un Conus (Gaslridium) geographus, Linné. Ce n'était pas un gros spécimen, il mesurait seulement 8.5 cm de long."
1935 — ALLAN, Joyce — Poisonous Shellfish — The Médical Journal of Australia, 2, p. 554-555.
"Un jeune homme qui se trouvait à bord d'un navire ancré dans Whitsunday-Group, tenait un cône geographus qu'il avait ramassé à l'Ile Hayman. A l'aide d'un canif, il en grattait la coquille quand, brusquement, il sentit une piqûre dans la main. Bientôt des symptômes sévères se manifestèrent, nécessitant d'urgence son transport à terre. Le malade sombra dans le coma durant la traversée et il mourut au cours de son transfert à l'hôpital."
1936 — FLECKER, H. — Cône Shell Poisoning, with Report of a fatal case. — Médical Journal of Australia, 1, p. 464-466. (Il s'agit du même cas que celui rapporté par ALLAN, Joyce).
"Un jeune homme de 27 ans débarquait à l'Ile Hayman (Grande Barrière de Récifs) le 27 juin 1935. Il tenait dans la main un cône, identifié par Monsieur H.A. LONGMAN, du Queensland Muséum, comme étant un Conus geographus. Alors qu'il en grattait la coquille avec un canif, il fut piqué dans la paume par l'animal. Un engourdissement local se manifesta presque sur le champ, et progressa rapidement. Vingt minutes plus tard le malade se plaignait de troubles visuels et, au bout d'une demi-heure, ses jambes étaient complètement paralysées. Une heure après l'incident, il était sans connaissance. Son pouls était faible et rapide, sa respiration lente et peu profonde. La mort survint au bout de cinq heures."
1954 — PETRAUSKAS, L.E. — A case of Cône Shell Poisoning by "Bite" in Manus Island — Papua & New Guinea Médical Journal, Vol. 1, No. 2, p. 267.
"Le 27 août 1954, une fillette âgée de 8 ans, originaire de Manus Island, s'écroulait subitement sur la plage aux environs de midi. Transportée d'urgence à l'hôpital, elle présentait à son arrivée le tableau clinique suivant :
— Parole difficile, respiration peu profonde, paralysie des membres supérieurs et inférieurs; parfaite maîtrise des muscles de la face.
— Rythme cardiaque accéléré.
— Pas d'élévation de température.
Ultérieurement, les signes de défaillance respiratoire s'accentuèrent et l'on dut recourir à la méthode de Sylvester pour pallier l'asphyxie; un tube endotrachéal fut mis en place et l'oxygénation fut assurée grâce à un appareil anesthésique. 100 mgrs de vitamine B1 et 200.000 unités de pénicilline-procaïne furent administrés. Le pouls s'améliora. Environ deux heures plus tard, le patient reprit conscience. Le rétablissement de la respiration diaphragmatique survint bientôt et quatre heures plus tard la méthode de Sylvester put être suspendue. Le matin suivant, la fillette était en pleine possession e toutes ses facultés et nous dit alors avoir été piquée par un cône. Après une rapide enquête, il fut établi qu'il s'agissait d'un Conus omaria. La piqûre siégeait dans la région de l'éminence thénar et se présentait comme une macule noire avec une zone oedématiée sur tout son pourtour. Il aurait été difficile d'établir un diagnostic d'envenimation par piqûre d'un cône si la malade elle-même ne nous en avait pas informé. Ces symptômes pouvaient aussi bien être confondus avec n'importe quel cas de paralysie légère et l'éventualité d'une forme atténuée de poliomyélite aiguë venait d'abord à l'esprit."
1960 — Docteur DURON — Compte Rendu No. 32 en date du 17 Octobre 1960 — Circonscription Médicale de Koumac, Nouvelle-Calédonie.
"Le 11 octobre 1960, vers 12 heures, après avoir péché quelques cônes à TANA (Pouébo, Nouvelle-Calédonie) l'autochtone GNAIE Théophile revint au bateau et sentit une piqûre dans la paume de la main gauche. Il fit part de la chose à Monsieur M. avec qui il péchait et lui montra le coquillage responsable. Quelques instants après, installation d'un syndrome ébrieux avec vertiges, dyspnée. Transporté au Dispensaire dans l'heure, le malade présente à l'arrivée : Pouls : 54 T.A. max. : 5 Mouvements volontaires impossibles. Teint cireux. Après phénergan, coramine, syncortyl, aucune amélioration, bien au contraire, paralysie complète avec conservation de la conscience. Mort à 14 heures. L'examen du cadavre n'a rien appris."
Le coquillage responsable a été envoyé à l'Institut PASTEUR de Nouméa pour examen: il s'agissait d'un Rollus geographus, Linné.
1963 — ROB WRIGHT — Cônes meurtriers — Bulletin du Pacifique Sud, Vol. 13, No. 1, Commission du Pacifique Sud, Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
"Même les gens qui connaissent bien les cônes commettent parfois des erreurs. Prenons le cas de RON PHALL, jeune australien qui travaille aux Iles Fidji. C'est un chasseur sous-marin expert et un collectionneur enthousiaste. Alors qu'il péchait sur les récifs des Samoa, RON découvrit un nid de sept cônes tulipa, véritable mine d'or pour un collectionneur. Ne s'attendant pas à faire pareille découverte, il n'a pas apporté du bateau son matériel de collectionneur et, craignant que les cônes ne se dispersent, il essaie d'en prendre trop à la fois. Comme un des coquillages glisse de sa main gauche, RON cherche à le retenir du doigt. Le cône riposte immédiatement avec son minuscule dard meurtrier. Il n'y a ni sensation de piqûre, ni douleur, mais le poison agit sur-le-champ. La main de RON s'engourdit comme si î'on avait fait une anesthésie locale. Un garrot fait de la lanière d'un masque sous-marin est appliqué au bras, au-dessus du coude, puis, aussi rapidement que le permettent les coraux, RON retourne à terre. Pendant les 25 minutes que dure le trajet, le bras tout entier se paralyse et RON commence à respirer difficilement. Il est amené immédiatement à l'hôpital où le Docteur FISHER et sa femme, elle aussi médecin, préparent un antidote. Ils n'ont aucune expérience de l'empoisonnement par les coquillages mais, comme les symptômes sont analogues à ceux d'une morsure de serpent, ils essaient un remède qui a fait ses preuves dans les empoisonnements de ce genre. Dans le bras malade ils font une injection anti-histaminique, suivie d'une injection d'adrénaline dans l'autre bras. La respiration, qui était devenue de plus en plus difficile, redevient immédiatement normale et, après une certaine période d'observation, RON peut rentrer chez lui. La main et le bras soit encore paralysés, mais, deux jours après, il peut remuer légèrement l'annulaire et l'auriculaire. Au bout de 15 jours, il commence à se servir de son bras et de sa main, mais pour la guérison complète il faut attendre trois mois. Même aujourd'hui, six mois après l'accident, ses muscles sont encore un peu raides."
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Conus textile, common name the cloth of gold cone is a venomous species of sea snail, a marine gastropod mollusk in the family Conidae, the cone snails, cone shells or cones. The species is extremely dangerous to humans.
Distribution
C. textile lives in the waters of the Red Sea, Indo-Pacific, Australia, New Zealand, the Indian Ocean from eastern Africa to Hawaii, and French Polynesia.
Subspecies : Conus textile archiepiscopus Hwass in Bruguière, 1792 (synonyms : Conus archiepiscopus Hwass in Bruguière, 1792 ; Conus cholmondeleyi Melvill, 1900 ; Conus communis Swainson, 1840 ; Conus episcopus var. elongata Dautzenberg, 1937; Conus eumitus Tomlin, 1926 ; Conus pyramidalis Lamarck, 1822; Conus pyramidalis Lamarck, 1810 ; Conus sirventi Fenaux, 1943 ; Conus suzannae van Rossum, 1990 ; Conus textile dahlakensis da Motta, 1982; Conus textile var. euetrios G. B. Sowerby III; Conus textile var. loman Dautzenberg, 1937; Conus textilinus Kiener, 1845)
Conus textile neovicarius da Motta, 1982
Shell description
Typical length of adults is about 9 cm to 10 cm (3.5 in to 3.9 in). The maximum shell length for this species is 15 cm (5.9 in).[4] The color pattern of its shell resembles a cellular automaton named rule 30. The color of the shell is yellowish brown, with undulating longitudinal lines of chocolate, interrupted by triangular white spaces. These last are irregularly disposed, but crowded at the shoulder, base and middle so as to form bands. The spire is similarly marked. The aperture is white.
Life cycle
The female lays several hundred eggs at a time, which hatch after about 16 or 17 days. After hatching, the larvae float around in the current for approximately 16 days. Afterward, they settle at the bottom of the ocean. By this point their length is about 1.5 mm (0.06 in).
Feeding habits
C. textile is a carnivorous species, and uses a radula (a biological microscopic needle) to inject a conotoxin to kill its prey. The proboscis, the tip of which holds the harpoon-like radular tooth, is capable of being extended to any part of its own shell. The living animal is a risk to any person handling it who has not taken proper care to protect exposed skin. Several human deaths have been attributed to this species.