CERIANTHUS MEMBRANACEUS - (SPALLANZANI, 1784)
Cerianthus membranaceus, Grand cérianthe (F), Sutell-garreg-vras (BZH), Kouilhenn-garreg-vras (BZH Trégor), Cylinder anemone, tube anemone, coloured tube anemone (GB), Cerianto, ardichella, flore di mare (I), Cerianto grande (E), Grosse Zylinderrose, Mittelmeer-Zylinderrose (D), Kokeranemone (NL)
Clef d'identification
Tentacules externes longs, internes courts - Tube muqueux où l'animal peut se rétracter en totalité - Couleur variable et différente des 2 types de tentacules. Sur substrats meubles.
Distribution
Espèce décrite initialement comme endémique de Méditerranée, on la trouve en Méditerranée occidentale Nord et centre, dans le nord de l'Adriatique, mais également en Atlantique Nord-Est, jusqu'aux côtes de Bretagne. Remarque : Weinberg conseille la prudence « sp. » car il semblerait que l'on connaisse encore peu de choses sur les cérianthes.
Biotope
Présent dans les eaux calmes sur des fonds meubles (sable et vase), il supporte une pollution légère (dans les ports) mais moins facilement une exposition directe du soleil (sciaphile*). On le rencontre habituellement à l'entrée des grottes, au pied des tombants et dans les herbiers de posidonies, dans tous les cas sur les substrats détritiques. En faciès rocheux ou coralligène le tube est fiché dans une fissure colmatée de sédiment. Sur les fonds envasés ou sableux des étangs littoraux, des spécimens sont trouvés par petits fonds. Depuis quelques dizaines de cm à plus de 40 m de profondeur.
Description
Les cérianthes ressemblent à de grandes anémones de mer. Le corps du grand cérianthe est un polype solitaire qui porte à son extrémité supérieure plusieurs couronnes de tentacules (plus de 200). La couronne extérieure (les tentacules marginaux peuvent atteindre 20 cm) porte plusieurs rangées de longs tentacules dont les couleurs sont très variables et parfois composées de larges stries (mauve, violet, orange, jaune, blanc, vert fluorescent, brun, bleuté et noir). La couronne intérieure (tentacules labiaux), souvent de couleur différente, supporte les courts tentacules qui entourent et masquent l'orifice buccal. Les tentacules effilés et urticants du cérianthe ne sont pas rétractables. L'envergure de la couronne tentaculaire atteint 40 cm de diamètre et le corps finit en cône de 35 à 40 cm de long chez l'adulte. L'animal se protège en sécrétant un tube muqueux assez large et épais (mucus qui se solidifie au contact de l'eau et s'amalgame au substrat environnant). Il peut s'y rétracter totalement. Le tube est toujours profondément ancré dans le sédiment sableux ou vaseux, il peut mesurer plus d'un mètre de long. Le tube, composé d'un tissu de filaments urticants aux propriétés antibactériennes, est percé à son extrémité pour permettre l'évacuation de l'eau lors du déplacement de l'animal dans le tube muqueux. Ainsi, au moindre danger, le cérianthe peut rapidement disparaître dans son tube. Il n'y a pas de disque basal adhésif, comme chez les vraies anémones. Bien que fixé, le cérianthe est capable de se déplacer et de reconstruire un nouveau tube.
Espèces ressemblantes
Cerianthus lloydi (petit cérianthe) a moins de tentacules, la couronne ne dépasse pas 6-8 cm et vit dans l'océan Atlantique et la mer du Nord.
Pachycerianthus dohrni (Beneden, 1924), très semblable à C. membranaceus, Méditerranée, grande taille, décrit essentiellement en Italie (Naples et Adriatique). Aucune observation, trouvé sur nos côtes méditerranéennes Françaises.
Pachycerianthus (Ceriantus) solitarius (Rapp, 1829) a moins de tentacules et est de taille plus petite. Le tube est semi transparent et très peu
visible. Le "tronc" est lisse et cylindique. Méditerranée et centre ouest Atlantique.
Arachnanthus oligopodus plus petit et présente moins de tentacules (24 à 28 longs tentacules pour les spécimens photographiés en Méditerranée), espèce cosmopolite (Méditerranée, Caraïbes, Pacifique et mer Rouge), rencontrée en Méditerranée de 10 à 80 m sur fond sablo-vaseux et visible uniquement de nuit. Disparaît à la moindre alerte (flash ou lumière) dans son tube.
Hors côtes françaises métropolitaines, mais morphologiquement proches :
Arachnanthus nocturnus, plus petit, moins de tentacules, uniquement aux Caraïbes.
Pachycerianthus multiplicatus Atlantique Nord-Est (absent des côtes françaises), ressemble beaucoup à C. membranaceus, mais les tentacules
ne peuvent pas se rétracter complètement dans le tube.
Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Cerianthus membranacea (Spallanzani, 1784)
Origine du nom scientifique
Cerianthus : du grec [kero] = cire (rayon en cire d'une ruche) et [anthos] = fleur. Le tube de l'animal fait penser à une bougie de cire surmontée d'une fleur (les tentacules).
membranaceus : du latin = membraneux (tube de l'animal).
Alimentation
Le cérianthe se nourrit de plancton benthique, de petits animaux et de débris organiques en suspension (ce qui explique sa présence au bas des tombants) qu'il capture avec ses longs tentacules, tout comme le fait l'anémone dont il est un proche parent. Il est capable d'ingurgiter des proies plus importantes telles que des petits poissons ou des petits crustacés.
Reproduction - Multiplication
Sexuée, de janvier à juillet. Les cérianthes sont généralement hermaphrodites protérandriques : un même animal émet d'abord des gamètes mâles, qui féconderont des gamètes femelles pour donner des larves libres. La fécondation est externe et croisée. La larve, après une vie pélagique assez longue, se transformera en un jeune polype qui, une fois tombé sur le substrat, se construira un tube.
Vie associée
Le cérianthe partage son tube avec de nombreux commensaux, notamment des vers et des crevettes. Sans véritablement parler de symbiose, ces cohabitations semblent apporter un intérêt aux sous-locataires du tube. De petits crustacés du genre Inachus ou du genre Periclimenes sont souvent découverts à la base du tube. Une autre association est parfois trouvée avec un animal fixé en forme de fleur à la base du tube, il s'agit du grand phoronidien Phoronis australis (Lophophoriens).
Informations complémentaires
A l'aquarium de Naples, des cérianthes, introduits lors de la création de cet institut, il y a plus de 50 ans, sont toujours vivants. Personne ne connaît l'âge réel que peuvent atteindre ces animaux.