TOUR D'ARGENT
La Tour d’Argent est un restaurant français du 5e arrondissement de Paris, souvent cité comme étant parmi les plus anciens d'Europe, qu'on prétend avoir été fondé en 1582 par Rourteau. Situé au 15-17, quai de la Tournelle (à l'angle de la rue du Cardinal-Lemoine), il est notamment connu pour la vue panoramique qu'il offre sur la Seine et sur la cathédrale Notre-Dame de Paris de l'île de la Cité.
Historique
Rourteau
D'après l'historique non documenté fourni par le restaurant, en 1582, Rourteau, grand chef cuisinier, fonde le restaurant «L'Hostellerie de La Tour d'Argent» au cœur de Paris avec vue «exceptionnelle» sur la Seine et sur la cathédrale Notre-Dame de Paris dans l'actuel 5e arrondissement dans une tour de style Renaissance pailletée de mica dont la brillance donne le nom à l'établissement. Le roi Henri IV devient un habitué des lieux et vient y déguster poule au pot ou pâté de héron après ses parties de chasse. La même version veut qu'au XVIIe siècle, Louis XIV et toute sa cour viennent y manger depuis le château de Versailles, et le cardinal de Richelieu aime y déguster une oie aux pruneaux. Le duc de Richelieu y fait accommoder un bœuf entier de trente façons différentes (Bœuf Richelieu) et Madame de Sévigné vient y déguster du chocolat. Toujours suivant cette version officielle, au XVIIIe siècle (siècle des Lumières), La Tour d'Argent est l'un des fleurons de la cuisine française, jusqu'à la Révolution française où elle est saccagée par les révolutionnaires et fermée.
Cependant, on ne trouve aucune mention d'un restaurant, cabaret, etc. à cette adresse avant 1860 (il est ainsi noté dans un dictionnaire des rues de Paris de 1779, à propos du quai : « tout ce quai n'étoit encore au milieu du siècle dernier [XVIIe] , qu'un terrein en pente, souvent inondé et presque toujours impraticable par les boues. Le 12 août 1650, il fut ordonné qu'il seroit pavé dans la largeur de dix toises »), En 1824, le Manuel de l'étranger dans Paris ne m'entionne pas la Tour d'Argent parmis les principaux restaurateurs, qui se distinguent par l'élégance de la décoration de leurs sallons et par le nombre et la recherche des mets que l'on y trouve.
En 1852, une affaire de métaux était au 15, quai de la Tournelle, un coiffeur et un marchand de bois au 17. Enfin, en 1860, Baedeker écrit : « entre Notre-Dame et le jardin des Plantes, au quai de la Tournelle, vis-à-vis du pont de ce nom (pi. H, 7), il y a le petit hôtel et restaurant Lecoq ; Hôtel de la Tour d'argent, un peu éloigné, il est vrai, mais bien tenu et bon marché (chambre, 2 fr., beefsteak, 1 fr.). En face d'une école de natation, qui a l'avantage de ne pas être encore encombrée et emprisonnée par toutes les ordures de Paris ».
Et en 1867 on lit: Le restaurant de la Tour d'Argent. Le rendez-vous des gros bonnets de l'Entrepôt, à deux pas duquel il est situé, sur le quai Saint-Bernard, en face du pont de la Tournelle. Cela n'a l'air d'être qu'un cabaret un peu plus propre que les autres; mais, une fois entré, on est forcé de convenir que ce cabaret est un restaurant où l'on déjeune fort bien, — surtout si l'on a le soin de demander du gigot à la gasconne, recette Beauvilliers, et une ou plusieurs fioles de Volnay ou de Coulanges.»
Frédéric Delair
Inventé en 1890 par Frédéric Delair, le célèbre « canard Tour d'Argent» numéroté est servi devant le client avec un célèbre rituel. Le canard semi-sauvge élevé par la célèbre maison Burgaud de Challans en Vendée, est découpé devant le client par un canardier puis la carcasse est pressée dans un pressoir en argent (vendu 9 500 € en boutique) et exsude la dernière goutte dans la sauce (bouillon et foie du canard) à laquelle est ajouté un trait de cognac, de citron et de madère. Les magrets finissent de cuire sur un réchaud. Les pommes soufflées puis les cuisses grillées font l'objet de deux services supplémentaires.
André Terrail
En 1911, André Terrail achète le restaurant à Frédéric Delair avant d'être mobilisé pour la Première Guerre mondiale durant laquelle il ferme son établissement. Son fils Claude voit le jour le 4 décembre 1917 à Paris. En 1918, il est démobilisé et il décide de moderniser son établissement et d'en confier les cuisines à François Lespinas, ancien chef du roi d'Égypte. Le restaurant redevient un des hauts lieux gastronomiques mondiaux avec pour habitués Marcel Proust, Sacha Guitry, Salvador Dalí, etc. En 1922, André achète l'immeuble voisin et fait fusionner les 15 et 17 du quai de la Tournelle puis y ajoute un sixième étage en 1936 avec grande baie vitrée et vue panoramique «exceptionnelle» sur l'île de la Cité, la Seine et la cathédrale Notre-Dame de Paris. En 1928, André fait construire l'hôtel George V, face à son hôtel particulier, au 31, avenue George-V, dans le quartier des Champs-Élysées du 8e arrondissement de Paris. C’est un des palaces les plus luxueux de Paris et du monde. En 1933, La Tour d'Argent est gratifiée de la célèbre 3e étoile du Guide Michelin. En juin 1936, son fils Claude âgé de 19 ans débute au restaurant en salle comme maître d'hôtel. En 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, l'état-major nazi prend possession des lieux. Claude Terrail mure la cave de ses propres mains pour cacher une partie des 500 000 bouteilles qui s'y trouvent sans être jamais découvertes et s'engage volontairement dans la 2e division blindée du général Leclerc.
Claude Terrail
En 1947, Claude Terrail qui rêve de devenir comédien de théâtre et de cinéma succède à son père comme maître de maison après son baccalauréat et fait de La Tour d'Argent son théâtre permanent pour des fêtes quotidiennes développant admirablement l'art de l'accueil, de l'élégance, du charisme, de l'éloquence. Il reçoit altesses, chefs d'État, hommes politiques, stars, écrivains, artistes, dont l'empereur du Japon Hirohito, la reine Élisabeth II du Royaume-Uni, John Kennedy, Orson Welles, John Wayne, Errol Flynn, Ava Gardner, Marilyn Monroe etc. Il développe l'exceptionnelle cave de La Tour d'Argent sous la Seine avec 450 000 bouteilles ainsi que le salon Georges V en 1951 et l'Orangerie en 1953. Il acquiert ou crée progressivement de nombreux établissements en France et à l'étranger, dont New York et Tokyo. En 1980 Claude est fait commandeur de la Légion d'honneur en présence de la veuve du maréchal Leclerc de Hauteclocque. Son fils André (du même prénom que son grand-père) voit le jour, né d'un second mariage avec Tarja, mannequin d'origine finlandaise. En 1982, La Tour d'Argent fête ses 400 ans. En 1984, Claude fait construire une Tour d'Argent à Tokyo au Japon. En 1996, Claude Terrail est «profondément blessé dans son amour-propre» par la perte de sa troisième étoile du Guide Michelin. Claude Lebey, directeur du Guide Michelin, habitué de l'établissement depuis trente ans, lui reproche de n'avoir jamais fait évoluer sa carte par rapport à la concurrence depuis l'obtention de sa troisième étoile en 1933 : Brouillade aux truffes 85 €, quenelles de brochet diaphanes 45 €, caneton Mazarine à l'orange 120 € pour deux, soufflé princesse Elisabeth 64 € pour deux… De nombreux clients reprochent également à Claude d'être trop porté sur les petites économies excessives de toutes sortes ainsi qu'un certain laisser-aller incompatibles avec son niveau de standing et de prix. En 1997, Claude raconte ses nombreux souvenirs biographiques riches en anecdotes, humeurs, émotions et photos liées à son restaurant dans Le roman de La Tour d’Argent aux éditions du Cherche-Midi. En 2003, Claude intronise son fils André le 29 avril, le jour du sacrifice du millionième «canard Tour d'Argent». En 2006, en pleine crise de la grippe aviaire, il perd sa seconde étoile du Guide Michelin puis devient aveugle à la suite d'un accident vasculaire cérébral, puis disparaît le 1er juin 2006 après avoir été hospitalisé à la suite d'un malaise, à l'âge de 88 ans. Il aura consacré 50 ans de sa vie à l’une des tables les plus célèbres dans le monde de la gastronomie française. La devise de Claude Terrail : «Convier quelqu'un c'est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu'il est sous son toit» (Brillat-Savarin).
André Terrail (2e du nom)
En 2006, André Terrail (deuxième du nom) succède à son père à l'âge de 26 ans à la tête du groupe de 150 personnes et de La Tour d'Argent riche de quatre cents ans d'histoire avec le soutien de sa mère Tarja (née Räsänen). Il confie les cuisines au grand chef cuisinier Stéphane Haissant. Il reprend la célèbre devise de la maison : « Il n'est rien de plus sérieux que le plaisir », et ses spécialités traditionnelles : caneton Tour d'Argent, quenelles de brochet «André Terrail», poire «Vie Parisienne», etc.
Les caves
La cave à vin de La Tour d'Argent est la plus importante et prestigieuse de Paris avec 450 000 bouteilles réparties en 15 000 références (dont un quart vieilles de plus de 20 ans) répartie sur 900 m2 et deux étages, à deux mètres sous terre.
En 1870 lors des transformations de Paris sous le Second Empire, le fameux café Anglais (un des plus courus de Paris) est rasé et le propriétaire (le beau-père d'André Terrail premier du nom), fournisseur officiel en vins français des cours d'Angleterre, de Prusse et de Russie, transfère son important stock dans les caves de La Tour d'argent.
Les bouteilles de vin les plus anciennes sont des Bordeaux qui datent d'environ 1845. Quant aux eaux-de-vie, la plus ancienne est un cognac (Clos de Griffier) qui date de 1788.
Parmi les quelques vins prestigieux : Château d'Yquem 1871, Château de Rayne-Vigneau 1874, Château Guiraud 1893, Chambertin-Clos-de-Bèze 1865, Château du Clos de Vougeot 1870, Romanée-Conti 1874, fine champagne de 1797, cognac 1788, Château Margaux, Château Latour, Château Mouton Rothschild, Château Lafite-Rothschild, Champagne Roederer Cristal (cuvée spéciale conçue pour le Tsar Nicolas II de Russie), Pétrus 1947 26 000 €, Château Haut-Brion 27 000 €, etc.
En 1981, David Ridgway, chef sommelier d'origine anglaise âgé de 21 ans, arrive en France où il débute comme commis sommelier à La Tour d'Argent puis devient chef sommelier d'une brigade de 15 sommeliers 6 mois plus tard. Il va personnellement sélectionner les vins dans les vignobles 2 fois par mois, pour s'imprégner des terroirs et du travail des vignerons et diversifie les références de crus en cave de 1 000 à 15 000.
John Pierpont Morgan s'est illustré en volant une bouteille de cognac «Fine Napoléon» rarissime dans les caves de l'établissement. Le restaurant, qui n'en possédait que deux, a accepté la lettre d'excuses du milliardaire et lui a retourné le chèque en blanc qu'il leur avait adressé en guise de dédommagement.
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La Tour d'Argent (The Silver Tower) is a restaurant in Paris, France.
The restaurant claims that it was founded in 1582 and frequented by Henri IV; it does not however offer any documentation for these or other claims about its history. The Quai de Tournelle, where it stands, was not paved until 1650; before that it was "a slope, often flooded and almost always made inaccessible by mud". It does not appear in a list from 1824 of "The principal restaurants, who are distinguished by the elegance of the decoration of their salons and by the number and the care taken with the dishes found there".
In 1852, a metals dealer was at number 15, quai de Tournelle, a hairdresser and a wood dealer at 17.
Baedeker's 1860 guide to Paris describes its current location as "out of the way" in mentioning a restaurant associated with a low-cost "Hotel of the Tour d'Argent": "Entre Notre-Dame et le jardin des Plantes, au quai de la Tournelle, vis-à-vis du pont de ce nom (pi. H, 7), il y a le petit hôtel et restaurant Lecoq; Hôtel de la Tour d'argent, un peu éloigné, il est vrai, mais bien tenu et bon marché (chambre, 2 fr., beefsteak, 1 fr.). En face d'une école de natation, qui a l'avantage de ne pas être encore encombrée et emprisonnée par toutes les ordures de Paris." ("Between Notre Dame and the jardin des Plantes, on the quai de la Tournelle, facing the bridge of this name, there is a little hotel and the restaurant Lecoq; Hôtel de la Tour d'argent, a bit out of the way, it is true, but well kept and cheap (room, 2 francs, beefsteak, 1 franc). Facing a swimming school, which has the advantage of not yet being encumbered and imprisoned by all the filth of Paris.")
Duck, especially the pressed duck, is the specialty (Canard à la presse, Caneton à la presse, Caneton Tour d'Argent). The restaurant raises its ducks on its own farm. Diners who order the duck receive a postcard with the bird's serial number, now well over 1 million. The restaurant's wine cellar, guarded around the clock, contains more than 450,000 bottles whose value was estimated in 2009 at 25 million euros (£22.5 million). Some 15,000 wines are offered to diners on a 400-page list. The dining room has an excellent view of the river Seine and Notre Dame.
The restaurant is owned and operated by the Terrail family. André Terrail is owner and manager, having taken over in 2003 from his father Claude, who died in 2006 at 88.[9] Claude Terrail had run the restaurant since inheriting it from his father André in 1947. In 1996 the Guide Michelin, reduced the restaurant's grade from the top three stars to two, and in 2006, to one.
The restaurant inspired scenes in the 2007 Pixar movie Ratatouille, and received an "unexpected boost" from the film.
Tour d'Argent is mentioned by Marcel Proust in "In Search of Lost Time" in the volume "In the Shadow of Young Girls in Flower".
Historique
Rourteau
D'après l'historique non documenté fourni par le restaurant, en 1582, Rourteau, grand chef cuisinier, fonde le restaurant «L'Hostellerie de La Tour d'Argent» au cœur de Paris avec vue «exceptionnelle» sur la Seine et sur la cathédrale Notre-Dame de Paris dans l'actuel 5e arrondissement dans une tour de style Renaissance pailletée de mica dont la brillance donne le nom à l'établissement. Le roi Henri IV devient un habitué des lieux et vient y déguster poule au pot ou pâté de héron après ses parties de chasse. La même version veut qu'au XVIIe siècle, Louis XIV et toute sa cour viennent y manger depuis le château de Versailles, et le cardinal de Richelieu aime y déguster une oie aux pruneaux. Le duc de Richelieu y fait accommoder un bœuf entier de trente façons différentes (Bœuf Richelieu) et Madame de Sévigné vient y déguster du chocolat. Toujours suivant cette version officielle, au XVIIIe siècle (siècle des Lumières), La Tour d'Argent est l'un des fleurons de la cuisine française, jusqu'à la Révolution française où elle est saccagée par les révolutionnaires et fermée.
Cependant, on ne trouve aucune mention d'un restaurant, cabaret, etc. à cette adresse avant 1860 (il est ainsi noté dans un dictionnaire des rues de Paris de 1779, à propos du quai : « tout ce quai n'étoit encore au milieu du siècle dernier [XVIIe] , qu'un terrein en pente, souvent inondé et presque toujours impraticable par les boues. Le 12 août 1650, il fut ordonné qu'il seroit pavé dans la largeur de dix toises »), En 1824, le Manuel de l'étranger dans Paris ne m'entionne pas la Tour d'Argent parmis les principaux restaurateurs, qui se distinguent par l'élégance de la décoration de leurs sallons et par le nombre et la recherche des mets que l'on y trouve.
En 1852, une affaire de métaux était au 15, quai de la Tournelle, un coiffeur et un marchand de bois au 17. Enfin, en 1860, Baedeker écrit : « entre Notre-Dame et le jardin des Plantes, au quai de la Tournelle, vis-à-vis du pont de ce nom (pi. H, 7), il y a le petit hôtel et restaurant Lecoq ; Hôtel de la Tour d'argent, un peu éloigné, il est vrai, mais bien tenu et bon marché (chambre, 2 fr., beefsteak, 1 fr.). En face d'une école de natation, qui a l'avantage de ne pas être encore encombrée et emprisonnée par toutes les ordures de Paris ».
Et en 1867 on lit: Le restaurant de la Tour d'Argent. Le rendez-vous des gros bonnets de l'Entrepôt, à deux pas duquel il est situé, sur le quai Saint-Bernard, en face du pont de la Tournelle. Cela n'a l'air d'être qu'un cabaret un peu plus propre que les autres; mais, une fois entré, on est forcé de convenir que ce cabaret est un restaurant où l'on déjeune fort bien, — surtout si l'on a le soin de demander du gigot à la gasconne, recette Beauvilliers, et une ou plusieurs fioles de Volnay ou de Coulanges.»
Frédéric Delair
Inventé en 1890 par Frédéric Delair, le célèbre « canard Tour d'Argent» numéroté est servi devant le client avec un célèbre rituel. Le canard semi-sauvge élevé par la célèbre maison Burgaud de Challans en Vendée, est découpé devant le client par un canardier puis la carcasse est pressée dans un pressoir en argent (vendu 9 500 € en boutique) et exsude la dernière goutte dans la sauce (bouillon et foie du canard) à laquelle est ajouté un trait de cognac, de citron et de madère. Les magrets finissent de cuire sur un réchaud. Les pommes soufflées puis les cuisses grillées font l'objet de deux services supplémentaires.
André Terrail
En 1911, André Terrail achète le restaurant à Frédéric Delair avant d'être mobilisé pour la Première Guerre mondiale durant laquelle il ferme son établissement. Son fils Claude voit le jour le 4 décembre 1917 à Paris. En 1918, il est démobilisé et il décide de moderniser son établissement et d'en confier les cuisines à François Lespinas, ancien chef du roi d'Égypte. Le restaurant redevient un des hauts lieux gastronomiques mondiaux avec pour habitués Marcel Proust, Sacha Guitry, Salvador Dalí, etc. En 1922, André achète l'immeuble voisin et fait fusionner les 15 et 17 du quai de la Tournelle puis y ajoute un sixième étage en 1936 avec grande baie vitrée et vue panoramique «exceptionnelle» sur l'île de la Cité, la Seine et la cathédrale Notre-Dame de Paris. En 1928, André fait construire l'hôtel George V, face à son hôtel particulier, au 31, avenue George-V, dans le quartier des Champs-Élysées du 8e arrondissement de Paris. C’est un des palaces les plus luxueux de Paris et du monde. En 1933, La Tour d'Argent est gratifiée de la célèbre 3e étoile du Guide Michelin. En juin 1936, son fils Claude âgé de 19 ans débute au restaurant en salle comme maître d'hôtel. En 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, l'état-major nazi prend possession des lieux. Claude Terrail mure la cave de ses propres mains pour cacher une partie des 500 000 bouteilles qui s'y trouvent sans être jamais découvertes et s'engage volontairement dans la 2e division blindée du général Leclerc.
Claude Terrail
En 1947, Claude Terrail qui rêve de devenir comédien de théâtre et de cinéma succède à son père comme maître de maison après son baccalauréat et fait de La Tour d'Argent son théâtre permanent pour des fêtes quotidiennes développant admirablement l'art de l'accueil, de l'élégance, du charisme, de l'éloquence. Il reçoit altesses, chefs d'État, hommes politiques, stars, écrivains, artistes, dont l'empereur du Japon Hirohito, la reine Élisabeth II du Royaume-Uni, John Kennedy, Orson Welles, John Wayne, Errol Flynn, Ava Gardner, Marilyn Monroe etc. Il développe l'exceptionnelle cave de La Tour d'Argent sous la Seine avec 450 000 bouteilles ainsi que le salon Georges V en 1951 et l'Orangerie en 1953. Il acquiert ou crée progressivement de nombreux établissements en France et à l'étranger, dont New York et Tokyo. En 1980 Claude est fait commandeur de la Légion d'honneur en présence de la veuve du maréchal Leclerc de Hauteclocque. Son fils André (du même prénom que son grand-père) voit le jour, né d'un second mariage avec Tarja, mannequin d'origine finlandaise. En 1982, La Tour d'Argent fête ses 400 ans. En 1984, Claude fait construire une Tour d'Argent à Tokyo au Japon. En 1996, Claude Terrail est «profondément blessé dans son amour-propre» par la perte de sa troisième étoile du Guide Michelin. Claude Lebey, directeur du Guide Michelin, habitué de l'établissement depuis trente ans, lui reproche de n'avoir jamais fait évoluer sa carte par rapport à la concurrence depuis l'obtention de sa troisième étoile en 1933 : Brouillade aux truffes 85 €, quenelles de brochet diaphanes 45 €, caneton Mazarine à l'orange 120 € pour deux, soufflé princesse Elisabeth 64 € pour deux… De nombreux clients reprochent également à Claude d'être trop porté sur les petites économies excessives de toutes sortes ainsi qu'un certain laisser-aller incompatibles avec son niveau de standing et de prix. En 1997, Claude raconte ses nombreux souvenirs biographiques riches en anecdotes, humeurs, émotions et photos liées à son restaurant dans Le roman de La Tour d’Argent aux éditions du Cherche-Midi. En 2003, Claude intronise son fils André le 29 avril, le jour du sacrifice du millionième «canard Tour d'Argent». En 2006, en pleine crise de la grippe aviaire, il perd sa seconde étoile du Guide Michelin puis devient aveugle à la suite d'un accident vasculaire cérébral, puis disparaît le 1er juin 2006 après avoir été hospitalisé à la suite d'un malaise, à l'âge de 88 ans. Il aura consacré 50 ans de sa vie à l’une des tables les plus célèbres dans le monde de la gastronomie française. La devise de Claude Terrail : «Convier quelqu'un c'est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu'il est sous son toit» (Brillat-Savarin).
André Terrail (2e du nom)
En 2006, André Terrail (deuxième du nom) succède à son père à l'âge de 26 ans à la tête du groupe de 150 personnes et de La Tour d'Argent riche de quatre cents ans d'histoire avec le soutien de sa mère Tarja (née Räsänen). Il confie les cuisines au grand chef cuisinier Stéphane Haissant. Il reprend la célèbre devise de la maison : « Il n'est rien de plus sérieux que le plaisir », et ses spécialités traditionnelles : caneton Tour d'Argent, quenelles de brochet «André Terrail», poire «Vie Parisienne», etc.
Les caves
La cave à vin de La Tour d'Argent est la plus importante et prestigieuse de Paris avec 450 000 bouteilles réparties en 15 000 références (dont un quart vieilles de plus de 20 ans) répartie sur 900 m2 et deux étages, à deux mètres sous terre.
En 1870 lors des transformations de Paris sous le Second Empire, le fameux café Anglais (un des plus courus de Paris) est rasé et le propriétaire (le beau-père d'André Terrail premier du nom), fournisseur officiel en vins français des cours d'Angleterre, de Prusse et de Russie, transfère son important stock dans les caves de La Tour d'argent.
Les bouteilles de vin les plus anciennes sont des Bordeaux qui datent d'environ 1845. Quant aux eaux-de-vie, la plus ancienne est un cognac (Clos de Griffier) qui date de 1788.
Parmi les quelques vins prestigieux : Château d'Yquem 1871, Château de Rayne-Vigneau 1874, Château Guiraud 1893, Chambertin-Clos-de-Bèze 1865, Château du Clos de Vougeot 1870, Romanée-Conti 1874, fine champagne de 1797, cognac 1788, Château Margaux, Château Latour, Château Mouton Rothschild, Château Lafite-Rothschild, Champagne Roederer Cristal (cuvée spéciale conçue pour le Tsar Nicolas II de Russie), Pétrus 1947 26 000 €, Château Haut-Brion 27 000 €, etc.
En 1981, David Ridgway, chef sommelier d'origine anglaise âgé de 21 ans, arrive en France où il débute comme commis sommelier à La Tour d'Argent puis devient chef sommelier d'une brigade de 15 sommeliers 6 mois plus tard. Il va personnellement sélectionner les vins dans les vignobles 2 fois par mois, pour s'imprégner des terroirs et du travail des vignerons et diversifie les références de crus en cave de 1 000 à 15 000.
John Pierpont Morgan s'est illustré en volant une bouteille de cognac «Fine Napoléon» rarissime dans les caves de l'établissement. Le restaurant, qui n'en possédait que deux, a accepté la lettre d'excuses du milliardaire et lui a retourné le chèque en blanc qu'il leur avait adressé en guise de dédommagement.
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La Tour d'Argent (The Silver Tower) is a restaurant in Paris, France.
The restaurant claims that it was founded in 1582 and frequented by Henri IV; it does not however offer any documentation for these or other claims about its history. The Quai de Tournelle, where it stands, was not paved until 1650; before that it was "a slope, often flooded and almost always made inaccessible by mud". It does not appear in a list from 1824 of "The principal restaurants, who are distinguished by the elegance of the decoration of their salons and by the number and the care taken with the dishes found there".
In 1852, a metals dealer was at number 15, quai de Tournelle, a hairdresser and a wood dealer at 17.
Baedeker's 1860 guide to Paris describes its current location as "out of the way" in mentioning a restaurant associated with a low-cost "Hotel of the Tour d'Argent": "Entre Notre-Dame et le jardin des Plantes, au quai de la Tournelle, vis-à-vis du pont de ce nom (pi. H, 7), il y a le petit hôtel et restaurant Lecoq; Hôtel de la Tour d'argent, un peu éloigné, il est vrai, mais bien tenu et bon marché (chambre, 2 fr., beefsteak, 1 fr.). En face d'une école de natation, qui a l'avantage de ne pas être encore encombrée et emprisonnée par toutes les ordures de Paris." ("Between Notre Dame and the jardin des Plantes, on the quai de la Tournelle, facing the bridge of this name, there is a little hotel and the restaurant Lecoq; Hôtel de la Tour d'argent, a bit out of the way, it is true, but well kept and cheap (room, 2 francs, beefsteak, 1 franc). Facing a swimming school, which has the advantage of not yet being encumbered and imprisoned by all the filth of Paris.")
Duck, especially the pressed duck, is the specialty (Canard à la presse, Caneton à la presse, Caneton Tour d'Argent). The restaurant raises its ducks on its own farm. Diners who order the duck receive a postcard with the bird's serial number, now well over 1 million. The restaurant's wine cellar, guarded around the clock, contains more than 450,000 bottles whose value was estimated in 2009 at 25 million euros (£22.5 million). Some 15,000 wines are offered to diners on a 400-page list. The dining room has an excellent view of the river Seine and Notre Dame.
The restaurant is owned and operated by the Terrail family. André Terrail is owner and manager, having taken over in 2003 from his father Claude, who died in 2006 at 88.[9] Claude Terrail had run the restaurant since inheriting it from his father André in 1947. In 1996 the Guide Michelin, reduced the restaurant's grade from the top three stars to two, and in 2006, to one.
The restaurant inspired scenes in the 2007 Pixar movie Ratatouille, and received an "unexpected boost" from the film.
Tour d'Argent is mentioned by Marcel Proust in "In Search of Lost Time" in the volume "In the Shadow of Young Girls in Flower".