TURSIOPS TRUNCATUS - (MONTAGU, 1821)
LIEN VERS LE FILM SUR LES BALEINES ET LES MAMMIFERES DE MEDITERRANEE
Grand dauphin, souffleur, dauphin à gros nez, Bottlenose dolphin, bottlenosed dolphin (GB), Delfino tursio, tursiope (I), Delfin mular, delfín tonina, tursion (E), Grosser Tümmler (D), Tuimelaar (NL), Roaz, roaz-corvineiro (P)
Clef d'identification
Grand dauphin, atteint une taille comprise entre 2,5 m et 3 m. Museau court, en prolongement d'une tête formant un « melon ». Nageoire dorsale au milieu du dos à concavité marquée de son bord arrière.
Distribution
Le grand dauphin possède une distribution extrêmement large dans toutes les mers du globe tempérées et tropicales, sans toutefois être présent dans les hautes latitudes.
Biotope
Son habitat est essentiellement côtier, mais il pénètre aussi dans les estuaires et dans les fleuves. Quelques groupes d'individus des mers tropicales peuvent être pélagiques.
Description
Ce grand dauphin atteint communément une taille comprise entre 2,5 m et 3 m, mais certains individus peuvent atteindre 3,9 m ( ou même 4 m ?). Le corps est en forme de fuseau ventru très hydrodynamique. Le museau est court, et vient en prolongement d'une tête formant un « melon » - terme utilisé en raison de la sphéricité - assez prononcé. La mâchoire supérieure est plus courte que la mâchoire inférieure. Elles sont munies de 20 à 26 paires de dents. La nageoire dorsale, située au milieu du dos, a une allure qui peut légèrement varier selon les individus, mais elle présente toujours une concavité bien marquée de son bord arrière. La couleur du dos des individus est assez variable : presque noire ou gris-brun foncé, elle diminue d'intensité sur les flancs pour devenir blanchâtre au niveau du ventre. Des variations morphologiques se produisent selon la répartition géographique.
Espèces ressemblantes
Une espèce assez proche Tursiops aduncus (Ehrenberg, 1833), des côtes d'Afrique du Sud, a été distinguée par certains auteurs et semble validée actuellement. Ce dauphin est plus sombre que Tursiops truncatus et son ventre peut présenter une ponctuation.
Des sous-espèces existent pour Tursiops truncatus, il s'agit de :
- Tursiops truncatus truncatus
- Tursiops truncatus ponticus présent en mer Noire
Des adaptations morphologiques de cette espèce sont possibles en fonction des conditions écologiques, ce qui a pu amener à distinguer des espèces différentes discutables...
Origine du nom français
Le mot "dauphin" vient du bas latin "dalfinus" lui même dérivé du grec "delphis". C'est le plus grand des dauphins de nos côtes. Il souffle bruyamment, contrairement aux poissons avec qui il était souvent assimilé, d'où le nom de "souffleur". Son bec est particulièrement développé, d'où le nom de "dauphin à gros nez".
Origine du nom scientifique
Tursiops est un terme de l'antiquité qui a été utilisé pour désigner un animal du type du dauphin.
Truncatus signifie en latin « tronqué » ; le premier spécimen décrit montrait la présence de dents tronquées et on a cru qu'il s'agissait d'un caractère spécifique. En réalité, c'est l'usure des dents avec l'âge qui est responsable de l'allure tronquée des dents, ce premier spécimen décrit était tout simplement âgé ! Dans certaines publications on a pu lire que ce terme avait été utilisé parce que le museau est relativement court, ce qui n'est donc pas exact.
Alimentation
L'alimentation comprend essentiellement des poissons, ce dauphin est donc ichtyophage (parfois des calmars peuvent être consommés). En captivité, un Tursiops consomme 5 à 8 kg de maquereaux et de harengs par jour.
Reproduction - Multiplication
La reproduction se déroule à des moments de l'année différents selon la répartition géographique : en été le long des côtes européennes, au printemps et en automne le long des côtes de Floride. La maturité sexuelle est différente selon les sexes : 10 ans pour les femelles, 13 ans pour les mâles. La gestation dure 12 mois et la période d'allaitement 12 à 18 mois. On compte un petit tous les deux ou trois ans. Des jeux amoureux, des manifestations sociales, des cris et des « chants » participent au processus de reproduction. Les excréments du dauphin contiendraient des substances incitant à l'excitation sexuelle d'un partenaire.
Divers biologie
L'âge moyen qui peut être atteint par le grand dauphin est 30 ans. C'est une espèce très commune qui est la « référence » en matière de dauphins pour le grand public, popularisé par un feuilleton télévisé et par les delphinariums.
Une particularité des Delphinidés, particulièrement étudiée chez le grand dauphin, est de disposer d'un système de sonar permettant par écholocation d'avoir une grande connaissance des organismes et structures environnants sans usage de la vue. Des ondes sont émises, leur écho est reçu et donne une information très précise sur l'environnement. Une communication orale a été étudiée également et mise en évidence chez le grand dauphin, elle permet un échange d'informations relativement élaboré sans toutefois que l'on ait réellement bien compris la signification exacte des messages échangés. Certains scientifiques pensent que des populations locales de grands dauphins (Molène-Ouessant, Pertuis Breton, Arcachon…) occuperaient des niches écologiques laissées libres par la raréfaction du marsouin. Les grands dauphins forment des groupes qui vivent dans des secteurs déterminés de notre littoral. Des dauphins ont été vus déjà chassant un banc de poisson en même temps que des requins. De la même manière, une pêche côtière commune existe entre des grands dauphins et des pêcheurs Imragen, peuple de la côte de Mauritanie. Le même banc de mulets est encerclé par les hommes et les dauphins qui bénéficient chacun du travail de l'autre partie.
Espèce réglementée
Le grand dauphin est sur la liste rouge des espèces menacées (IUCN). Il bénéficie en France d'une mesure de protection particulière : Arrêté du 27 juillet 1995 fixant la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national. "Sont interdits sur tout le territoire national, y compris la zone économique définie à l'article 1er de la loi du 16 juillet 1976 modifiée susvisée, et en tout temps, la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement intentionnels, la naturalisation des mammifères marins d'espèces suivantes ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ..."
Informations complémentaires
Les Tursiops font partie de ces dauphins qui sont fréquemment observés profitant de la vague d'étrave des navires, ce qui leur permet d'avancer à vive allure (de 10 à 25 nœuds en moyenne) sans avoir à effectuer beaucoup d'efforts. En mer Rouge, un groupe d'une dizaine de grands dauphins a déjà été observé, très compact, juste sous la surface, nageant à faible vitesse et poussant beaucoup de cris pendant qu'un requin soyeux (Carcharhinus falciformis) errait dans les parages en traçant parfois des cercles autour de ce groupe de dauphins. Ce requin avait-il détecté qu'une femelle était proche d'une mise bas et les autres dauphins entouraient-ils celle-ci pour la protéger ? Beaucoup d'anecdotes sont liées aux dauphins dans l'histoire antique et dans la mythologie (essentiellement grecques), et bon nombre certainement sont liées au grand dauphin ; de nombreuses représentations montrent des animaux ayant un melon bien marqué et un bec court. Certaines de ces anecdotes sont liées à des sauvetages que des dauphins auraient effectués auprès d'hommes tombés en mer. Un récit mythologique prétend que les dauphins seraient la réincarnation de pirates repentis. En hommage aux services rendus par certains dauphins, ils ont été représentés sur les armes de certains guerriers de l'antiquité, et cette habitude s'est perpétuée ultérieurement, notamment chez les seigneurs de la région de Vienne, en Isère. Leur domaine s'étendant pris le nom de Dauphiné et ils nommèrent « Dauphin » leur fils aîné. En 1343 le dernier Comte, Humbert II, mourut sans descendant et ses terres, suivant le traité de Romans, revinrent au Roi de France dont le fils aîné porta alors le titre de « Dauphin » ! Aujourd'hui il n'est pas rare que des grands dauphins, isolés le plus souvent, ou parfois par deux, s'approchent des côtes au point de rester un bon moment au contact de populations humaines. On nomme « dauphin ambassadeur » un animal qui adopte ce comportement. Il n'est pas sans poser question : s'agit-il d'individus qui ont été rejetés par leur groupe d'origine ? Sur les côtes françaises (et ailleurs aussi !), certains sont devenus des vedettes :
Jean-Louis, Pointe du Van, Bretagne, années 1976 à 1988. « Jean-Louis » est un nom utilisé par les marins pour désigner d'ordinaire des requins ! L'aileron dorsal n'excuse pas tout quand-même… En fait, il s'agissait plutôt de « Jeanne-Louise », puisque cet individu était une femelle. Des cars entiers de plongeurs venaient de très loin parfois pour s'immerger avec cette vedette qui était particulièrement attirée par les curieux qui savaient l'intéresser et la respecter. En effet, certains gestes, certains bruits (frottement d'un couteau sur une chaîne…) l'intéressaient beaucoup, mais il ne fallait pas chercher à la toucher, ce que n'apprécient pas le plus souvent ces animaux à la peau sensible.
Fanny et Marine, Fos-sur-Mer, années 1987 et 1988 dans un milieu qui n'était pas très attractif (port industriel).
Françoise, Arcachon, entre 1983 et 2000 (année de sa mort), elle vivait en groupe (dauphin "semi-solitaire") mais parfois venait rejoindre le genre humain !
Dolphy, entre Banyuls et Rosas (Espagne), années 1990 à 1995, très joueuse, avec les hommes ou avec les chiens.
Jean-Floch est visible depuis 2003 au Cap Sizun et semble particulièrement énergique.
Malheureusement pour lui, le grand dauphin supporte plus que d'autres cétacés la vie en captivité et, de ce fait, il a été beaucoup capturé pour être utilisé comme animal de spectacle. Cela a sans doute toutefois contribué à sa popularité et paradoxalement à une certaine prise de conscience du grand public en faveur de la défense des mammifères marins. Certains grands dauphins en captivité sont utilisés à des fins thérapeutiques pour des enfants ayant des troubles psychologiques. D'autres, en captivité, ont été dressés pour aider au travail de plongeurs professionnels ou même de plongeurs de combat… Un comportement anthropomorphique nous a fait voir dans l'allure de la bouche de cet animal un éternel « sourire » ! Même si nous savons que cela est factice, il faut savoir reconnaître à cet animal, sans excès de sensiblerie, suffisamment de qualités pour mériter l'attention et la protection qu'il est en droit d'attendre de nous…