PIROGUE A BALANCIER
Une pirogue à balancier mélanésienne, à l'île des Pins.
Le premier peuplement de la Nouvelle-Calédonie s'est fait grâce à la navigation. Il y a 5 000 ans environ (v. 3 000 av. J.-C.), des habitants du littoral de la Chine du sud, cultivateurs de millet et de riz, appelés Austronésiens par les archéologues, commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taïwan. Vers 2 000 av. J.-C., des migrations ont lieu de Taïwan vers les Philippines. De nouveaux mouvements de populations commencent bientôt des Philippines vers Sulawesi et Timor et de là, les autres îles de l'archipel indonésien. Vers 1 500 av. J.-C., un autre mouvement mène des Philippines à la Nouvelle-Guinée et, au-delà, aux îles du Pacifique. Les Austronésiens sont sans doute les premiers navigateurs de l'histoire de l'humanité.
Par la suite, jusqu'au Ier siècle av. J.C., se développe une vaste aire culturelle dans le Pacifique dite du Lapita car surtout caractérisée par les poteries du même nom. Celles-ci, découvertes en de nombreux sites océaniens, presque toujours littoraux, témoignent d'importants échanges et flux entre archipels par la mer. La période suivante, allant de 200 av. J.-C. ou du début du premier siècle jusqu'à l'arrivée des premiers Européens à la fin du XVIIIe s. et au XIXe s., voit se développer la culture kanak, issue vraisemblablement du développement d'une différenciation régionale de plus en plus poussée au sein des populations austronésiennes de tradition Lapita et de nouveaux apports de populations venant des îles Salomon ou du Vanuatu et issues de la première vague de peuplement de l'Océanie (dite du Sahul). Plusieurs récits issus de la tradition orale kanak font également état de migrations polynésiennes par la mer (surtout de Tonga, des Samoa, de Wallis et Futuna) vers les îles Loyauté et l'île des Pins, vraisemblablement entre le XVIe s. et le tout début du XIXe s.. Ceci explique certaines particularités socio-linguistes des Loyaltiens et Kunié par rapport aux Mélanésiens de la Grande Terre (une langue polynésienne, l'ouvéa occidental ou faga-uvea à Ouvéa, est d'ailleurs toujours parlée). Les Kanaks ont conservé jusqu'à aujourd'hui l'utilisation de pirogues à balanciers traditionnelles (même s'ils y ajoutent désormais de nombreux apports de la modernité, comme par exemple des propulseurs motorisés).