SEPIA OFFICINALIS - (LINNAEUS, 1758)
Méditerranée - France - Var - Baie de Portisol - Avril 2009 - Canon Ixus 500 - lampe Fa&Mi 80w LED plats
Seiche, Casseron (Bassin d'Arcachon), margate, morgate (Manche), chakod (Bretagne), sepia, supi, suppion, sipi (Méditerranée), Common cuttlefish (GB), Sepia común, luda, jibia, cachon, choco (E), Gemeiner Tintenfish, Sepia (D), Seppia comune, seccia (I), Zeekat, sepia, gewone onktvis (NL), Sépia, choco siba (P), Vanlig tiarmet blekksprut (N)
Clef d'identification
Corps aplati, dos marbré de blanc et de brun, ventre blanc. Tête portant 8 tentacules « courts » et 2 « longs ». Œil volumineux à la pupille en W. Coquille interne calcaire : « os de seiche ». Nageoire ondulante entourant le corps sur toute sa longueur.
Distribution
Océan Atlantique, de la mer Baltique et de la mer du Nord à l'Afrique du Sud. Mer Méditerranée.
Biotope
Depuis la surface jusqu'à 200 m de profondeur environ. La seiche est observée occasionnellement sur la roche, mais elle sera le plus souvent rencontrée sur des fonds meubles, sable ou graviers, dans les herbiers ou parmi les algues de grande taille. L'enfouissement partiel dans le sédiment est fréquent.
Description
Le corps, large et oblong, aplati dorsoventralement, à la coloration le plus souvent marbrée de blanc et de brun sur le dos, plus pâle sur la face ventrale, comporte deux parties principales :
La tête, bien développée, porte 8 tentacules « courts » entourant la bouche et présentant des rangées longitudinales de ventouses, et 2 tentacules « longs » à la partie terminale en palette munie de ventouses, servant à capturer les proies, habituellement rétractés et non visibles. Les yeux sont volumineux et présentent une pupille caractéristique en forme de « W ».
Le reste du corps, fusiforme, est entouré sur toute sa longueur d'une nageoire, repli du manteau, véritable « jupe » natatoire ondulant gracieusement autour de l'animal. Dorsalement, le manteau* recouvre la coquille calcaire interne ou « os de seiche ».
Les individus les plus fréquemment rencontrés mesurent de 15 à 30 cm (tentacules longs de même longueur que le corps, non inclus). La taille maximale est de 45 cm.
Espèces ressemblantes
Deux espèces de taille réduite beaucoup plus rares mais à la distribution identique :
Seiche d'Orbigny ou seiche rose (Sepia orbignyana de Férussac, 1826) environ 10 cm de long, couleur dorsale à dominante rose ou orange, extrémité du corps pointue.
Seiche élégante (Sepia elegans de Blainville, 1827) 8 cm au maximum, aspect général très svelte, une tache dorsale rose.
Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Sepia zebrina Risso, 1854
Sepia filliouxi Lafont, 1869
Sepia fischeri Lafont, 1871
Sepia mediterranea Ninni, 1885
Origine du nom scientifique
Sepia viendrait directement du grec.
officinalis se rapporte à l'usage pharmaceutique de l'os de seiche au temps de Linné.
Alimentation
La seiche est un prédateur actif et vorace à la technique de chasse redoutable. A l'affût, camouflée par son homochromie*, elle projette vers sa victime ses deux tentacules longs. Une fois capturée, la proie est amenée à la bouche et maintenue par les tentacules courts, puis après injection de salive toxique sécrétée dans les deux glandes à venin, elle est découpée par les mâchoires cornées formant un « bec de perroquet » inversé. Ses proies sont des poissons, mollusques et crustacés (alevins, crevettes, crabes, gastéropodes, autres céphalopodes). Les juvéniles n'ont pas peur de s'attaquer à des animaux plus gros qu'eux. Les prédateurs de la seiche sont de gros poissons … et d'autres seiches. Les cas de cannibalisme semblent fréquents.
Reproduction - Multiplication
Au printemps les adultes migrent vers les eaux superficielles, proches du littoral, où se déroulent parades nuptiales et accouplements. La fécondation est interne. Le mâle dépose dans la cavité palléale* de la femelle ses spermatophores* (ampoules allongées contenant les spermatozoïdes) en y introduisant son tentacule copulateur ou «hectocotyle* ». La fécondation des ovules intervient une heure et demie après la copulation. Pendant ce temps, le mâle surveille la femelle de près, en une sorte de parade post-coïtale, pour éviter qu'un autre mâle ne s'accouple et remplace ses spermatophores par les siens. La ponte appelée « raisin de mer » est caractéristique : œufs noirs terminés en pointe, assemblés en grappes. Les œufs arrivant à maturité perdent leur coloration noire et les jeunes seiches mesurant 12 à 15 mm environ peuvent y être observées. Dès l'éclosion, ces dernières sont capables de capturer des proies et disposent déjà de tout un répertoire de colorations. La croissance des jeunes seiches est particulièrement rapide. De 10 mm par semaine environ, elle est visible d'une plongée à l'autre. Les seiches nées début juin atteignent 15 cm fin août. Les adultes meurent après la période de reproduction.
Vie associée
Les seiches sont habituellement isolées. Elles se regroupent au moment des parades nuptiales où l'on peut voir plusieurs mâles faire la cour à une même femelle, ou attendre leur tour.
Divers biologie
Comportement: La seiche est un animal au psychisme élevé faisant preuve d'une grande richesse comportementale. Homochromie : La seiche adapte en permanence la coloration et la texture de sa peau, soit pour passer inaperçue en se fondant dans l'environnement, soit au contraire pour devenir très voyante. Des cellules colorées, les chromatophores, peuvent s'étaler en surface : couleur sombre, ou se rétracter : couleur claire, quasi instantanément. La peau peut également changer d'aspect : lisse ou hérissée d'excroissances molles. Emotions ou excitations s'accompagnent, sur la tête et le dos, d'ondes de signaux colorés. Ces modifications interviennent pour occasionner frayeur et confusion chez proies ou prédateurs, ou pour communiquer avec d'autres seiches, en particulier en période de reproduction. Locomotion : La seiche se déplace le plus souvent lentement grâce aux ondulations de la nageoire bordant le corps. Elle est également capable de mouvements extrêmement rapides en expulsant soudainement par le siphon* musculeux l'eau contenue dans la cavité palléale* (cavité ventrale où baignent les branchies et où débouchent anus et orifice génital).
Lorsqu'elle se sent menacée, la seiche, comme d'autres céphalopodes, peut masquer sa fuite en expulsant un nuage d'encre noire qui trompe son agresseur. Celui-ci s'arrête dans son attaque sur le nuage d'encre, alors que la seiche est déjà un mètre plus loin. « Prendre la proie pour l'ombre ».
Informations complémentaires
L'encre de seiche ou « sépia » : Cette encre, appelée sépia, était autrefois utilisée en peinture (dessins, lavis, aquarelles) et en photographie. L'os de seiche ou sépion: C'est un objet familier, souvent rencontré, rejeté par la mer, sur nos plages de l'Atlantique. Cette coquille interne calcaire présente une structure alvéolée. Un mécanisme complexe permet à l'animal d'y faire varier les quantités d'eau et de gaz et d'ajuster ainsi de façon précise sa flottabilité. Au XVIII° siècle, on le trouve dans la pharmacopée : «L'os de sèche (…) est du nombre des médicamens absorbans (…) astringens & des remedes propres à resserrer le ventre. (…) {il} sert plus fréquemment pour les usages externes, comme détersif & dessicatif, tant pour effacer les taches du visage que pour blanchir les dents. » Il sert d'apport de calcium aux oiseaux de volière. Il a été utilisé en bijouterie pour confectionner des moulages de bijoux. Sa structure fine et tendre permet de prendre l'empreinte du bijou à reproduire, et il résiste à la chaleur de l'or en fusion. Gastronomie : Les muscles du manteau ou « blanc de seiche » et les tentacules sont consommés et appréciés. A la plancha, en sauce américaine, au riz.... La pêche de la seiche est intense près du littoral au moment de sa reproduction, tant des adultes au printemps que des juvéniles (casserons) en fin d'été et automne. La pêche se pratique au filet dormant (tramail) et surtout « à la turlutte ». Il s'agit d'un leurre en plastique coloré, imitant vaguement un poisson, muni de deux rangées de crochets que l'on agite près du fond. Il est à craindre que « la ressource » ne s'épuise, quand on voit les quantités pêchées autant par les professionnels que par les plaisanciers plus ou moins amateurs.