CONUS STRIATUS - (LINNAEUS, 1758)
Mollusca (Phylum) > Gastropoda (Class) > Caenogastropoda (Subclass) > Neogastropoda (Order) > Conoidea (Superfamily) > Conidae (Family) > Conus (Genus)
Striated cone, cône Strié,
Description
La coquille est lourde, épaisse, relativement longue et cylindrique, la spire est peu élevée à tours concaves, l’ouverture est étroite et s’élargit vers la base. Le corps est couvert de sillons spiraux très fins. La couleur de fond peut être blanche à orange plus ou moins foncé avec de grandes taches jaunâtres longitudinales brunes de taille et de dessins irréguliers organisées dans les sens axial et spiral. Les sillons spiraux font des stries claires sur les taches foncées. L’intérieur de la coquille est blanc. Le corps de l’animal est de couleur crème avec de nombreuses et larges taches orange à brunes. Le siphon est brunâtre strié de lignes claires, avec une extrémité blanchâtre. Taille adulte 5cm - 12cm. Profondeur 1 - 20m.
Généralités
Les conidés comptent plus de 600 espèces qui sont répandues dans toutes les mers chaudes ou tempérées. Ils vivent principalement sur les fonds de sable mais n'hésitent pas à escalader les pâtés de coraux isolés. On distingue trois types de cônes en fonction de leur régime alimentaire : vermivores, molluscivores et piscivores, certains pouvant être à la fois piscivores et molluscivores. Les vermivores se nourrissent de vers polychètes, les molluscivores surtout de coquillages, et les piscivores de petits poissons. Ils sont très recherchés par les collectionneurs, et certaines espèces rares atteignent des prix élevés.
Biologie
Conus striatus se rencontre à faible profondeur, dans les zones sableuses et coralliennes. Il chasse la nuit et se cache le jour. Il est piscivore et molluscivore, on en déduit que son venin est particulièrement puissant et potentiellement mortel pour l’homme.
Tous les cônes sont venimeux, mais les types molluscivores et piscivores sont les plus dangereux, la piqûre de certains pouvant être mortelle pour l’homme. Ils possèdent une trompe extensible projetant une dent empoisonnée dont la piqure paralyse ses victimes, et ils peuvent en projeter plusieurs à la file. Il est conseillé aux plongeurs de ne pas les ramasser et surtout de ne pas les glisser dans la combinaison ou le maillot de bain.
Distribution
Indo-Pacifique tropical : golfe d'Aden, mer des Laquedives, golfe d'Oman, mer d'Oman, golfe Persique, mer Rouge, mer de Corail, mers de l'archipel indonésien, mer de Flores, mer des Moluques, mer des Philippines, mer de Bohol, île de la Réunion, île Maurice, île Rodrigues, nord Australie, Polynésie française, Madagascar, Mozambique. Présent en Nouvelle-Calédonie.
Espèce ressemblante
Conus gubernator (Hwass in Bruguière, 1792)
Synonymes
Conus chusaki (da Motta, 1978)
Conus floridus (G. B. Sowerby II, 1858)
Conus leoninus ([Lightfoot], 1786)
Conus subfloridus (da Motta, 1985)
Conus oahuensis (Tucker, Tenorio, Chaney, 2011)
Conus juliaallaryae (Cossignani, 2013)
Pionoconus striatus (Linnaeus, 1758)
Sous-espèce
Conus striatus juliaallaryae (Cossignani, 2013)
LES PROPRIETES VENIMEUSES DES CONES
Historique
Les propriétés venimeuses des cônes semblent être connues depuis longtemps et déjà en 1705 le naturaliste hollandais G.E. RUMPHIUS rapporte un cas mortel survenu à l'Ile Banda, dans l'Archipel des Moluques :
"Une femme indigène tenait un coquillage qu'elle avait ramassé dans les mailles de son filet de pêche. Alors qu'elle regagnait la plage, elle sentit un léger engourdissement dans la main, lequel s'étendit bientôt à tout le corps. Elle mourut peu après."
Ce récit est détaillé dans les "Mémoires de RUMPHIUS" (1959), par W.S.S. BENTHEM JUTTING, et il semble bien que l'espèce incriminée soit celle connue à présent sous le nom de Darioconus textile, Linné.
Il faut alors attendre plus d'un siècle avant que ne soient relatés d'autres cas d'envenimation par piqûre de cônes. C'est en effet en 1848 que A. ADAM cite dans l'odyssée du H.M.S. SAMARANG, Vol. 2, p. 356, le passage suivant:
"A la petite Ile de Mayo, dans l'Archipel des Moluques, Monsieur Edwards BELCHER était piqué par un Conus aulicus alors qu'il le retirait de l'eau et il compare la douleur ressentie à celle que produirait du phosphore qui brûle sous la peau. Et ADAM ajoute: l'organe responsable est la langue qui, chez ces mollusques est très allongée et armée de dents pointues et tranchantes, capables d'infliger des blessures profondes et triangulaires, accompagnées de douleurs violentes."
De 1850 à 1911 plusieurs accidents par piqûres de cônes sont signalés et en 1912 le Docteur J. BURTON CLELAND alors affecté au "Government Bureau of Microbiology", à Sydney, en communique la liste dans une importante publication parue dans "Australian Médical Gazette" les 14 et 21 septembre 1912, sous le titre: "The Injuries and Diseases of Man in Australia Attributable to the Animals".
traduction intégrale de cette communication :
1860 — MAC GILL & VRAY, J. — Zoological notes from Anatum, New Hébrides, The Zoologist, 18, p. 7136-7138.
"Au sujet des propriétés venimeuses du Cône textile. Au cours de mon séjour à Anatome, aux Nouvelles-Hébrides, je fus mis en garde par les indigènes contre
une certaine espèce de cône capable, disaient-ils, d'éjecter un poison sur une distance de plusieurs pouces et qui produirait dès son contact avec la main, une sensation étrange accompagnée de douleurs intenses, avec engourdissement du bras et défaillance générale. Souvent cet état évolue vers la mort. Le coquillage en question figurait dans ma collection: c'était un Conus textile. Je n'accordai d'abord que peu de valeur à ce récit. Pourtant je m'aperçus bientôt qu'il reflétait la croyance générale. Je consentis alors, sans trop de conviction, à agir avec beaucoup de précautions en manipulant ces coquillages que j'avais tant de fois récoltés sans ennuis. Or, le 9 juin de cette année, je transportai chez lui un jeune indigène qui souffrait de violentes douleurs et qui me disait avoir été piqué par un cône alors qu'il péchait en eau peu profonde. Dès qu'il l'eut touché il eut l'impression qu'une eau très froide était projetée dans la paume de sa main. Arrivé chez lui il se plaignit d'un engourdissement du bras droit. Quand je revins le consulter quelques minutes plus tard, je constatai qu'un garrot avait été serré au-dessus de son bras malade. Le pouls, très faible, était aux environs de cinquante. Je fis desserrer le garrot et lui administrai une forte dose de morphine pour apaiser ses douleurs. Entre temps, un soigneur indigène était arrivé. Il pratiqua, au moyen de lames de bambou, deux profondes incisions de part et d'autre du bandage. Environ deux cents centimètres cubes de sang s'écoulèrent. Je quittai alors le patient en conseillant au préalable de ne rien fixer autour de son bras qui puisse gêner la circulation. Je revins le matin suivant et constatai l'effet bienfaisant de la morphine. Par ailleurs le pouls était redevenu normal. Seules persistaient l'enflure et les douleurs dues aux incisions. Une semaine plus tard mon client était en parfaite santé. Ainsi le simple contact avec un cône a provoqué chez ce jeune homme une perturbation considérable. Pourtant en examinant ce cas il m'est difficile de faire la part des choses. Je ne pouvais pas en effet dissocier d'une manière satisfaisante les effets implicables à la piqûre du coquillage de ceux attribuables au garrot que les indigènes ont coutume de fixer un peu trop prématurément. Je dois mentionner cependant que le 28 mai 1859 j'eus l'occasion de rencontrer un cas semblable: En compagnie du Révérend-Père J. GEDDIE, je me rendis au chevet d'une femme qui disait avoir été piquée quatorze jours auparavant par un cône qu'elle avait ramassé aux récifs. Tout son bras droit était gangrené et je notai que plusieurs incisions y avaient été pratiquées. J'appris alors qu'un garrot avait été posé durant plusieurs jours, ce qui expliquait l'état dans lequel se trouvait cette femme qui mourut bientôt. De ces deux cas je n'avancerai rien quant à mes observations personnelles mais je peux dire qu'après examen je n'ai trouvé aucun système particulier au cône textile, ni remarqué de différence anatomique entre lui et le cône arenatus bien connu pour être inoffensif. Il est donc difficile de souscrire à la croyance populaire de cette île qui croit au pouvoir dangereux des cônes. La sensation initiale, tellement étrange, ressentie dans la main qui est en contact avec le coquillage, peut seulement s'expliquer par une projection par le siphon mais elle ne semble pas justifier la pose d'un garrot, responsable de tant de complications ultérieures."
1874 — CROSSE, H. et MARIE, E. — Journal de Conchyliologie, 22, p. 353.
"Les cônes textile et tulipa sont très répandus en Nouvelle-Calédonie et sont tous deux réputés venimeux. Plusieurs naturalistes anglais avaient déjà signalé le caractère dangereux du cône textile et ce fait semble aujourd'hui se confirmer à la suite d'un accident survenu à Pouébo (Nouvelle-Calédonie). Un indigène fut piqué dans la main au moment où il ramassait ce coquillage. Aussitôt après, il ressentit une violente douleur dans le bras, suivie d'une enflure importante qui persista pendant plusieurs jours. La piqûre est provoquée par les dents de la langue et non par l'opercule que l'on incrimine à tort dans ces régions."
1877 — Révérend-Père MONTROUZIER, Journal de Conchyliologie, XXV, p. 99.
"Le cône marmoreus, abondant à Mare (Iles Loyauté) ne peut être tenu négligemment dans la main sans risque d'accidents sérieux par piqûre de sa langue. D'ailleurs, ce fait a déjà été mentionné pour le cône textile responsable de plusieurs accidents aux Nouvelles-Hébrides."
1878 — GARRETT, A. — Annotated Catalogue of the Species of Conus Collected in the South Sea Islands — Quarterly Journal of Conchology, 1, p. 365. Dans ce catalogue des cônes qu'il a établi, GARRETT mentionne le passage suivant au sujet du Cône tulipa, Linné :
"Cette espèce est abondante aux récifs. Au cours d'une récolte que je faisais aux Tuamotus, je fus piqué par un des trois exemplaires que je tenais dans la main. Il sortit sa longue trompe qui m'atteignit au doigt, occasionnant une douleur aiguë qui n'a rien de comparable avec celle provoquée par la piqûre d'une guêpe."
1884 — COX, J.B. — Poisonous effects of the Bite Inflicted by Conus geographus, Linn. Proc. Linnean Soc. N.S.W., 9, p. 944-946. Monsieur B. HINDE adressait, du H.M.S. DIAMOND, la lettre suivante au Docteur COX (A Bord, Lat. 10° 14' S. - Long. 155° 34' E.) :
"Un indigène de Nodup, Nouvelle-Bretagne, me voyant avec un Conus geographus, Linné, me mit en garde contre sa piqûre capable, disait-il, de tuer un homme. Il m'informa aussi que toute personne piquée devait aussitôt pratiquer de profondes incisions autour de la blessure afin de laisser le sang s'écouler librement. C'était d'après lui la seule chance de salut. Pensant que cet homme exagérait, je m'adressai à un planteur européen de la région afin d'avoir son opinion sur ce récit. Il me répondit qu'il le croyait exact et qu'à ce sujet il avait lui-même adressé une note à Sydney. Or l'occasion me fut bientôt donnée de voir moi-même un indigène de l'Ile Matupi, Nouvelle-Bretagne, victime de la piqûre de ce coquillage. Il a de suite, sur tout son bras, pratiqué, avec le tranchant d'une pierre, plusieurs incisions desquelles le sang s'écoulait abondamment. Il me fit remarquer que sans cette précaution la mort serait fatale. Des cendres chaudes ont ensuite été appliquées pour arrêter l'hémorragie. Le blessé ne pouvait pas se servir de son bras qui était engourdi, mais là il m'est difficile d'émettre un avis et d'établir qui, entre la piqûre et le traitement, était responsable de cet état. Il me paraît toutefois important de communiquer ces quelques observations qui pourront intéresser les conchyliologistes en général."
1902 — CORNEY, R.G. — Nature, 65, p. 198.
"L'inquiétude ressentie par beaucoup de gens quant aux propriétés venimeuses de certains cônes, semble à présent justifiée. Un cas est en effet enregistré chez un sujet européen dont la bonne foi ne peut être mise en doute, et je pense qu'il est utile d'apporter aujourd'hui la preuve que le cône est bien un coquillage dangereux. La victime, Mme B.,pêchait dans le port de Levuka (Fidji) avec sa famille et un serveur indigène. Celui-ci avait ramassé, comme amorce, divers coquillages dont un Conus geographus. Après avoir brisé la coquille de ce dernier, il le remit à Mme. B. qui, d'un doigt, procéda au délogement de l'animal. C'est alors qu'elle sentit une étrange piqûre au doigt, près de l'ongle. Elle constata bientôt que sa main et son bras s'engourdissaient. Rapidement, son état s'aggrava et la paralysie s'étendit à tout son corps. Mme B. fut transportée d'urgence chez elle où l'attendait un médecin. Il compara ces symptômes à ceux d'un empoisonnement par le curare. La parole était difficile et indistincte. Pourtant la malade ne perdit pas conscience et savait parfaitement ce qui se passait autour d'elle. On ne notait ni troubles .cardiaques, ni troubles respiratoires. Cet état alarmant régressa au bout de six heures et la plupart des symptômes s'estompèrent dès le lendemain. Seul l'engourdissement de la main persista pendant plusieurs jours. Mme B. fut en outre affectée de troubles visuels qu'elle attribua à la même cause."
Médical Department, Fiji, 30 septembre 1901.
1932 — HERMITTE, L.D.C. — Venomous Marine Molluscs of the Genus Conus — Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiène, p. 485.
"En juin 1932, Monsieur De LAFONTAINE âgé de 32 ans, Seychellois d'origine française, résidant à l'Ile aux Cerfs (Seychelles) marchait à marée basse dans l'eau du lagon, non loin de la côte, à la recherche de coquillages. Tout en avançant, il trouva un cône geographus de taille moyenne qu'il ramassa aussitôt. Comme la coquille était recouverte d'une couche d'algues marines, il entreprit de la nettoyer à l'aide d'un canif. Tenant le coquillage dans la main gauche, l'ouverture dirigée vers la paume, il commençait à en gratter la surface quand il sentit une piqûre dans la paume de la main gauche, suivie immédiatement d'une sensation de brûlure. Retournant rapidement le coquillage pour en observer l'ouverture, il vit la "bouche" de l'animal au moment où celui-ci se rétractait dans sa coquille. Il remarqua en même temps une sorte de dard pointu sortant d'une langue étroite qui se retirait lentement dans la bouche au fur et à mesure que celle-ci se rétractait. La blessure était si petite qu'elle ne se voyait pas. La sensation de brûlure fit rapidement place à 'engourdissement et en quelques minutes le blessé sentit des picotements dans le bras gauche qui était engourdi. Eprouvant de l'angoisse, il décida de regagner le bord et de rentrer chez lui. Dans l'espace d'une heure, tout son corps était engourdi; sa vue devint trouble; il ressentit des vertiges et des nausées; sa parole était difficile. Bientôt il devint complètement paralysé. Au bout de cinq à six heures, son état s'améliora légèrement et il demanda à être conduit à mon cabinet à Mont-Fleuri, sur l'Ile Mahé. L'accident était survenu vers neuf heures et le blessé fut transporté par pirogue à mon cabinet à six heures. Il était hébété, incapable de se tenir debout et avait une sensation d'engourdissement dans tous les membres. A l'examen, on ne notait rien de particulier à l'endroit de la piqûre. Ses réflexes rotuliens ne purent être étudiés mais ses pupilles réagissaient normalement à la lumière et à l'accommodation. Le pouls et la respiration étaient normaux; la température était également normale. Manifestement ces symptômes semblaient être en relation avec quelque poison neuro-toxique. Je décidai d'administrer en conséquence, une injection de chlorhydrate de strychnine par voie dermique (1/60 de grain (Grain: 0 Gr, 06477.)). Je renvoyai le malade chez lui avec une potion à base de strychnine et j'ordonnai qu'on lui fit des massages. En dépit de ce traitement, il mit trois jours avant de voir disparaître l'engourdissement qui l'immobilisait. Au moment de son transfert à mon cabinet le jour de l'accident, il avait fort heureusement disposé le coquillage vivant dans un récipient contenant de l'eau de mer et du sable. Etant moi-même collectionneur, j'identifiai l'espèce comme étant un Conus (Gaslridium) geographus, Linné. Ce n'était pas un gros spécimen, il mesurait seulement 8.5 cm de long."
1935 — ALLAN, Joyce — Poisonous Shellfish — The Médical Journal of Australia, 2, p. 554-555.
"Un jeune homme qui se trouvait à bord d'un navire ancré dans Whitsunday-Group, tenait un cône geographus qu'il avait ramassé à l'Ile Hayman. A l'aide d'un canif, il en grattait la coquille quand, brusquement, il sentit une piqûre dans la main. Bientôt des symptômes sévères se manifestèrent, nécessitant d'urgence son transport à terre. Le malade sombra dans le coma durant la traversée et il mourut au cours de son transfert à l'hôpital."
1936 — FLECKER, H. — Cône Shell Poisoning, with Report of a fatal case. — Médical Journal of Australia, 1, p. 464-466. (Il s'agit du même cas que celui rapporté par ALLAN, Joyce).
"Un jeune homme de 27 ans débarquait à l'Ile Hayman (Grande Barrière de Récifs) le 27 juin 1935. Il tenait dans la main un cône, identifié par Monsieur H.A. LONGMAN, du Queensland Muséum, comme étant un Conus geographus. Alors qu'il en grattait la coquille avec un canif, il fut piqué dans la paume par l'animal. Un engourdissement local se manifesta presque sur le champ, et progressa rapidement. Vingt minutes plus tard le malade se plaignait de troubles visuels et, au bout d'une demi-heure, ses jambes étaient complètement paralysées. Une heure après l'incident, il était sans connaissance. Son pouls était faible et rapide, sa respiration lente et peu profonde. La mort survint au bout de cinq heures."
1954 — PETRAUSKAS, L.E. — A case of Cône Shell Poisoning by "Bite" in Manus Island — Papua & New Guinea Médical Journal, Vol. 1, No. 2, p. 267.
"Le 27 août 1954, une fillette âgée de 8 ans, originaire de Manus Island, s'écroulait subitement sur la plage aux environs de midi. Transportée d'urgence à l'hôpital, elle présentait à son arrivée le tableau clinique suivant :
— Parole difficile, respiration peu profonde, paralysie des membres supérieurs et inférieurs; parfaite maîtrise des muscles de la face.
— Rythme cardiaque accéléré.
— Pas d'élévation de température.
Ultérieurement, les signes de défaillance respiratoire s'accentuèrent et l'on dut recourir à la méthode de Sylvester pour pallier l'asphyxie; un tube endotrachéal fut mis en place et l'oxygénation fut assurée grâce à un appareil anesthésique. 100 mgrs de vitamine B1 et 200.000 unités de pénicilline-procaïne furent administrés. Le pouls s'améliora. Environ deux heures plus tard, le patient reprit conscience. Le rétablissement de la respiration diaphragmatique survint bientôt et quatre heures plus tard la méthode de Sylvester put être suspendue. Le matin suivant, la fillette était en pleine possession e toutes ses facultés et nous dit alors avoir été piquée par un cône. Après une rapide enquête, il fut établi qu'il s'agissait d'un Conus omaria. La piqûre siégeait dans la région de l'éminence thénar et se présentait comme une macule noire avec une zone oedématiée sur tout son pourtour. Il aurait été difficile d'établir un diagnostic d'envenimation par piqûre d'un cône si la malade elle-même ne nous en avait pas informé. Ces symptômes pouvaient aussi bien être confondus avec n'importe quel cas de paralysie légère et l'éventualité d'une forme atténuée de poliomyélite aiguë venait d'abord à l'esprit."
1960 — Docteur DURON — Compte Rendu No. 32 en date du 17 Octobre 1960 — Circonscription Médicale de Koumac, Nouvelle-Calédonie.
"Le 11 octobre 1960, vers 12 heures, après avoir péché quelques cônes à TANA (Pouébo, Nouvelle-Calédonie) l'autochtone GNAIE Théophile revint au bateau et sentit une piqûre dans la paume de la main gauche. Il fit part de la chose à Monsieur M. avec qui il péchait et lui montra le coquillage responsable. Quelques instants après, installation d'un syndrome ébrieux avec vertiges, dyspnée. Transporté au Dispensaire dans l'heure, le malade présente à l'arrivée : Pouls : 54 T.A. max. : 5 Mouvements volontaires impossibles. Teint cireux. Après phénergan, coramine, syncortyl, aucune amélioration, bien au contraire, paralysie complète avec conservation de la conscience. Mort à 14 heures. L'examen du cadavre n'a rien appris."
Le coquillage responsable a été envoyé à l'Institut PASTEUR de Nouméa pour examen: il s'agissait d'un Rollus geographus, Linné.
1963 — ROB WRIGHT — Cônes meurtriers — Bulletin du Pacifique Sud, Vol. 13, No. 1, Commission du Pacifique Sud, Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
"Même les gens qui connaissent bien les cônes commettent parfois des erreurs. Prenons le cas de RON PHALL, jeune australien qui travaille aux Iles Fidji. C'est un chasseur sous-marin expert et un collectionneur enthousiaste. Alors qu'il péchait sur les récifs des Samoa, RON découvrit un nid de sept cônes tulipa, véritable mine d'or pour un collectionneur. Ne s'attendant pas à faire pareille découverte, il n'a pas apporté du bateau son matériel de collectionneur et, craignant que les cônes ne se dispersent, il essaie d'en prendre trop à la fois. Comme un des coquillages glisse de sa main gauche, RON cherche à le retenir du doigt. Le cône riposte immédiatement avec son minuscule dard meurtrier. Il n'y a ni sensation de piqûre, ni douleur, mais le poison agit sur-le-champ. La main de RON s'engourdit comme si î'on avait fait une anesthésie locale. Un garrot fait de la lanière d'un masque sous-marin est appliqué au bras, au-dessus du coude, puis, aussi rapidement que le permettent les coraux, RON retourne à terre. Pendant les 25 minutes que dure le trajet, le bras tout entier se paralyse et RON commence à respirer difficilement. Il est amené immédiatement à l'hôpital où le Docteur FISHER et sa femme, elle aussi médecin, préparent un antidote. Ils n'ont aucune expérience de l'empoisonnement par les coquillages mais, comme les symptômes sont analogues à ceux d'une morsure de serpent, ils essaient un remède qui a fait ses preuves dans les empoisonnements de ce genre. Dans le bras malade ils font une injection anti-histaminique, suivie d'une injection d'adrénaline dans l'autre bras. La respiration, qui était devenue de plus en plus difficile, redevient immédiatement normale et, après une certaine période d'observation, RON peut rentrer chez lui. La main et le bras soit encore paralysés, mais, deux jours après, il peut remuer légèrement l'annulaire et l'auriculaire. Au bout de 15 jours, il commence à se servir de son bras et de sa main, mais pour la guérison complète il faut attendre trois mois. Même aujourd'hui, six mois après l'accident, ses muscles sont encore un peu raides."
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Description
Medium-sized to large, solid to heavy; forms floridus and subfloridus usually moderately large and solid. Last whorl narrowly conoid-cylindrical to conoid-cylindrical, narrowly cylindrical to cylindrical, or ventricosely conical to ovate; outline from almost evenly convex to almost straight and nearly parallel-sided centrally, generally straight just below shoulder. In form floridus, last whorl usually ovate. Aperture wider at base than near shoulder. Shoulder sharply angulate to sharply carinate. Spire of low to moderate height; outline concave to slightly convex or slightly sigmoid, stepped, less so in form subfloridus. Larval shell of about 3.5 whorls, maximum diameter 0.7-0.8 mm. First 3-5 postnuclear whorls tuberculate, following whorls angulate to sharply angulate, usually only last 1-2 whorls carinate. Teleoconch sutural ramps flat, slightly concave to concave in latest whorls, with 0-1 increasing to 3-7 spiral grooves; spiral sculpture generally weaker on latest ramps, very weak in form subfloridus. Last whorl with closely spaced, generally fine spiral ribs on basal third, finer and obsolete above, occasionally persisting to shoulder; siphonal fasciole with distinct spiral ribs except for very weak ribs in form subfloridus.
Typical form with white ground colour, often suffused with shades of grey, blue, pink and violet. Last whorl with brown to black flecks, blotches, flames and axial streaks containing solid, dashed or dotted darker spiral lines and usually concentrated in 2 interrupted to solid spiral bands, above and below centre. Almost immaculate white shells intergrade with heavily patterned shells; striate colour markings often fuse into broad coalescing spiral bands or form a coarse network. Form floridus with white ground colour. Last whorl clouded or spirally banded with shades of pink, orange, brown, or violet. Spirally aligned brown markings occur on each side of centre, are less prominent below shoulder, and vary in number, size and shape; maculation generally sparser than in typical form. Brown spiral lines extending from siphonal fasciole to shoulder, more prominent within background clouds and bands, coarse and very dark within brown markings; spiral lines sometimes partially restricted to these markings but even in otherwise immaculate shells traceable within some ground-colour zones. Form subfloridus with white ground colour, variably suffused with pale purple to bluish violet. Last whorl with spirally aligned yellowish to dark reddish brown spots, blotches and axial streaks within basal third, adapical third, and sometimes below shoulder. Brown markings often contain darker brown spiral lines and sometimes also wavy darker brown axial lines. Pattern usually sparse, occasionally absent. In typical form, siphonal fasciole white to cream, with variably spaced very fine brown axial lines; form subfloridus without these lines, form floridus with dotted and dashed lines on white ground. Larval whorls and about first postnuclear sutural ramp orange; in Hawaii, larval whorls pale pink before metamorphosis (Perron, 1981a); in form subfloridus, larval whorls and about first 3 postnuclear sutural ramps pale brown to pink. Following sutural ramps with yellowish to blackish brown radial lines, streaks and blotches, the latter often containing darker axial lines. Aperture white to bluish white, occasionally cream deep within; white to beige in form subfloridus; in form floridus, orange deep within.
Distribution
Geographic Range:-South Africa to Red Sea, Hawaii, and French Polynesia. Reported from New Caledonia.
Biotop
From 1-50m, usually in sand on coral reef, often beneath rocks and dead coral slabs.
Similar specie
Conus gubernator is most similar to Conus striatus, with which it broadly co-occurs. Conus striatus is distinguished by more cylindrical or ovate last whorl (PMD 0.69- 0.82) and its larval shell of about 3.5 (vs. 2.75) whorls. Its typical form and form floridus differ also in the prominent spiral lines on the last whorl.
Conus floridus (syn. Conus chusaki) and Conus subfloridus are sometimes regarded as conspecific with each other but separate from Conus striatus (Richard, 1990), while other authors consider Conus floridus to represent only a slight variant of Conus striatus (E. A. Smith, 1884). RKK provisionally consider both to be ecological variants of Conus striatus from deeper subtidal habitats. In W. Thailand, where all three occur sympatrically, they are very similar in shell shape, sculpture and colour pattern.
Striated cone, cône Strié,
Description
La coquille est lourde, épaisse, relativement longue et cylindrique, la spire est peu élevée à tours concaves, l’ouverture est étroite et s’élargit vers la base. Le corps est couvert de sillons spiraux très fins. La couleur de fond peut être blanche à orange plus ou moins foncé avec de grandes taches jaunâtres longitudinales brunes de taille et de dessins irréguliers organisées dans les sens axial et spiral. Les sillons spiraux font des stries claires sur les taches foncées. L’intérieur de la coquille est blanc. Le corps de l’animal est de couleur crème avec de nombreuses et larges taches orange à brunes. Le siphon est brunâtre strié de lignes claires, avec une extrémité blanchâtre. Taille adulte 5cm - 12cm. Profondeur 1 - 20m.
Généralités
Les conidés comptent plus de 600 espèces qui sont répandues dans toutes les mers chaudes ou tempérées. Ils vivent principalement sur les fonds de sable mais n'hésitent pas à escalader les pâtés de coraux isolés. On distingue trois types de cônes en fonction de leur régime alimentaire : vermivores, molluscivores et piscivores, certains pouvant être à la fois piscivores et molluscivores. Les vermivores se nourrissent de vers polychètes, les molluscivores surtout de coquillages, et les piscivores de petits poissons. Ils sont très recherchés par les collectionneurs, et certaines espèces rares atteignent des prix élevés.
Biologie
Conus striatus se rencontre à faible profondeur, dans les zones sableuses et coralliennes. Il chasse la nuit et se cache le jour. Il est piscivore et molluscivore, on en déduit que son venin est particulièrement puissant et potentiellement mortel pour l’homme.
Tous les cônes sont venimeux, mais les types molluscivores et piscivores sont les plus dangereux, la piqûre de certains pouvant être mortelle pour l’homme. Ils possèdent une trompe extensible projetant une dent empoisonnée dont la piqure paralyse ses victimes, et ils peuvent en projeter plusieurs à la file. Il est conseillé aux plongeurs de ne pas les ramasser et surtout de ne pas les glisser dans la combinaison ou le maillot de bain.
Distribution
Indo-Pacifique tropical : golfe d'Aden, mer des Laquedives, golfe d'Oman, mer d'Oman, golfe Persique, mer Rouge, mer de Corail, mers de l'archipel indonésien, mer de Flores, mer des Moluques, mer des Philippines, mer de Bohol, île de la Réunion, île Maurice, île Rodrigues, nord Australie, Polynésie française, Madagascar, Mozambique. Présent en Nouvelle-Calédonie.
Espèce ressemblante
Conus gubernator (Hwass in Bruguière, 1792)
Synonymes
Conus chusaki (da Motta, 1978)
Conus floridus (G. B. Sowerby II, 1858)
Conus leoninus ([Lightfoot], 1786)
Conus subfloridus (da Motta, 1985)
Conus oahuensis (Tucker, Tenorio, Chaney, 2011)
Conus juliaallaryae (Cossignani, 2013)
Pionoconus striatus (Linnaeus, 1758)
Sous-espèce
Conus striatus juliaallaryae (Cossignani, 2013)
LES PROPRIETES VENIMEUSES DES CONES
Historique
Les propriétés venimeuses des cônes semblent être connues depuis longtemps et déjà en 1705 le naturaliste hollandais G.E. RUMPHIUS rapporte un cas mortel survenu à l'Ile Banda, dans l'Archipel des Moluques :
"Une femme indigène tenait un coquillage qu'elle avait ramassé dans les mailles de son filet de pêche. Alors qu'elle regagnait la plage, elle sentit un léger engourdissement dans la main, lequel s'étendit bientôt à tout le corps. Elle mourut peu après."
Ce récit est détaillé dans les "Mémoires de RUMPHIUS" (1959), par W.S.S. BENTHEM JUTTING, et il semble bien que l'espèce incriminée soit celle connue à présent sous le nom de Darioconus textile, Linné.
Il faut alors attendre plus d'un siècle avant que ne soient relatés d'autres cas d'envenimation par piqûre de cônes. C'est en effet en 1848 que A. ADAM cite dans l'odyssée du H.M.S. SAMARANG, Vol. 2, p. 356, le passage suivant:
"A la petite Ile de Mayo, dans l'Archipel des Moluques, Monsieur Edwards BELCHER était piqué par un Conus aulicus alors qu'il le retirait de l'eau et il compare la douleur ressentie à celle que produirait du phosphore qui brûle sous la peau. Et ADAM ajoute: l'organe responsable est la langue qui, chez ces mollusques est très allongée et armée de dents pointues et tranchantes, capables d'infliger des blessures profondes et triangulaires, accompagnées de douleurs violentes."
De 1850 à 1911 plusieurs accidents par piqûres de cônes sont signalés et en 1912 le Docteur J. BURTON CLELAND alors affecté au "Government Bureau of Microbiology", à Sydney, en communique la liste dans une importante publication parue dans "Australian Médical Gazette" les 14 et 21 septembre 1912, sous le titre: "The Injuries and Diseases of Man in Australia Attributable to the Animals".
traduction intégrale de cette communication :
1860 — MAC GILL & VRAY, J. — Zoological notes from Anatum, New Hébrides, The Zoologist, 18, p. 7136-7138.
"Au sujet des propriétés venimeuses du Cône textile. Au cours de mon séjour à Anatome, aux Nouvelles-Hébrides, je fus mis en garde par les indigènes contre
une certaine espèce de cône capable, disaient-ils, d'éjecter un poison sur une distance de plusieurs pouces et qui produirait dès son contact avec la main, une sensation étrange accompagnée de douleurs intenses, avec engourdissement du bras et défaillance générale. Souvent cet état évolue vers la mort. Le coquillage en question figurait dans ma collection: c'était un Conus textile. Je n'accordai d'abord que peu de valeur à ce récit. Pourtant je m'aperçus bientôt qu'il reflétait la croyance générale. Je consentis alors, sans trop de conviction, à agir avec beaucoup de précautions en manipulant ces coquillages que j'avais tant de fois récoltés sans ennuis. Or, le 9 juin de cette année, je transportai chez lui un jeune indigène qui souffrait de violentes douleurs et qui me disait avoir été piqué par un cône alors qu'il péchait en eau peu profonde. Dès qu'il l'eut touché il eut l'impression qu'une eau très froide était projetée dans la paume de sa main. Arrivé chez lui il se plaignit d'un engourdissement du bras droit. Quand je revins le consulter quelques minutes plus tard, je constatai qu'un garrot avait été serré au-dessus de son bras malade. Le pouls, très faible, était aux environs de cinquante. Je fis desserrer le garrot et lui administrai une forte dose de morphine pour apaiser ses douleurs. Entre temps, un soigneur indigène était arrivé. Il pratiqua, au moyen de lames de bambou, deux profondes incisions de part et d'autre du bandage. Environ deux cents centimètres cubes de sang s'écoulèrent. Je quittai alors le patient en conseillant au préalable de ne rien fixer autour de son bras qui puisse gêner la circulation. Je revins le matin suivant et constatai l'effet bienfaisant de la morphine. Par ailleurs le pouls était redevenu normal. Seules persistaient l'enflure et les douleurs dues aux incisions. Une semaine plus tard mon client était en parfaite santé. Ainsi le simple contact avec un cône a provoqué chez ce jeune homme une perturbation considérable. Pourtant en examinant ce cas il m'est difficile de faire la part des choses. Je ne pouvais pas en effet dissocier d'une manière satisfaisante les effets implicables à la piqûre du coquillage de ceux attribuables au garrot que les indigènes ont coutume de fixer un peu trop prématurément. Je dois mentionner cependant que le 28 mai 1859 j'eus l'occasion de rencontrer un cas semblable: En compagnie du Révérend-Père J. GEDDIE, je me rendis au chevet d'une femme qui disait avoir été piquée quatorze jours auparavant par un cône qu'elle avait ramassé aux récifs. Tout son bras droit était gangrené et je notai que plusieurs incisions y avaient été pratiquées. J'appris alors qu'un garrot avait été posé durant plusieurs jours, ce qui expliquait l'état dans lequel se trouvait cette femme qui mourut bientôt. De ces deux cas je n'avancerai rien quant à mes observations personnelles mais je peux dire qu'après examen je n'ai trouvé aucun système particulier au cône textile, ni remarqué de différence anatomique entre lui et le cône arenatus bien connu pour être inoffensif. Il est donc difficile de souscrire à la croyance populaire de cette île qui croit au pouvoir dangereux des cônes. La sensation initiale, tellement étrange, ressentie dans la main qui est en contact avec le coquillage, peut seulement s'expliquer par une projection par le siphon mais elle ne semble pas justifier la pose d'un garrot, responsable de tant de complications ultérieures."
1874 — CROSSE, H. et MARIE, E. — Journal de Conchyliologie, 22, p. 353.
"Les cônes textile et tulipa sont très répandus en Nouvelle-Calédonie et sont tous deux réputés venimeux. Plusieurs naturalistes anglais avaient déjà signalé le caractère dangereux du cône textile et ce fait semble aujourd'hui se confirmer à la suite d'un accident survenu à Pouébo (Nouvelle-Calédonie). Un indigène fut piqué dans la main au moment où il ramassait ce coquillage. Aussitôt après, il ressentit une violente douleur dans le bras, suivie d'une enflure importante qui persista pendant plusieurs jours. La piqûre est provoquée par les dents de la langue et non par l'opercule que l'on incrimine à tort dans ces régions."
1877 — Révérend-Père MONTROUZIER, Journal de Conchyliologie, XXV, p. 99.
"Le cône marmoreus, abondant à Mare (Iles Loyauté) ne peut être tenu négligemment dans la main sans risque d'accidents sérieux par piqûre de sa langue. D'ailleurs, ce fait a déjà été mentionné pour le cône textile responsable de plusieurs accidents aux Nouvelles-Hébrides."
1878 — GARRETT, A. — Annotated Catalogue of the Species of Conus Collected in the South Sea Islands — Quarterly Journal of Conchology, 1, p. 365. Dans ce catalogue des cônes qu'il a établi, GARRETT mentionne le passage suivant au sujet du Cône tulipa, Linné :
"Cette espèce est abondante aux récifs. Au cours d'une récolte que je faisais aux Tuamotus, je fus piqué par un des trois exemplaires que je tenais dans la main. Il sortit sa longue trompe qui m'atteignit au doigt, occasionnant une douleur aiguë qui n'a rien de comparable avec celle provoquée par la piqûre d'une guêpe."
1884 — COX, J.B. — Poisonous effects of the Bite Inflicted by Conus geographus, Linn. Proc. Linnean Soc. N.S.W., 9, p. 944-946. Monsieur B. HINDE adressait, du H.M.S. DIAMOND, la lettre suivante au Docteur COX (A Bord, Lat. 10° 14' S. - Long. 155° 34' E.) :
"Un indigène de Nodup, Nouvelle-Bretagne, me voyant avec un Conus geographus, Linné, me mit en garde contre sa piqûre capable, disait-il, de tuer un homme. Il m'informa aussi que toute personne piquée devait aussitôt pratiquer de profondes incisions autour de la blessure afin de laisser le sang s'écouler librement. C'était d'après lui la seule chance de salut. Pensant que cet homme exagérait, je m'adressai à un planteur européen de la région afin d'avoir son opinion sur ce récit. Il me répondit qu'il le croyait exact et qu'à ce sujet il avait lui-même adressé une note à Sydney. Or l'occasion me fut bientôt donnée de voir moi-même un indigène de l'Ile Matupi, Nouvelle-Bretagne, victime de la piqûre de ce coquillage. Il a de suite, sur tout son bras, pratiqué, avec le tranchant d'une pierre, plusieurs incisions desquelles le sang s'écoulait abondamment. Il me fit remarquer que sans cette précaution la mort serait fatale. Des cendres chaudes ont ensuite été appliquées pour arrêter l'hémorragie. Le blessé ne pouvait pas se servir de son bras qui était engourdi, mais là il m'est difficile d'émettre un avis et d'établir qui, entre la piqûre et le traitement, était responsable de cet état. Il me paraît toutefois important de communiquer ces quelques observations qui pourront intéresser les conchyliologistes en général."
1902 — CORNEY, R.G. — Nature, 65, p. 198.
"L'inquiétude ressentie par beaucoup de gens quant aux propriétés venimeuses de certains cônes, semble à présent justifiée. Un cas est en effet enregistré chez un sujet européen dont la bonne foi ne peut être mise en doute, et je pense qu'il est utile d'apporter aujourd'hui la preuve que le cône est bien un coquillage dangereux. La victime, Mme B.,pêchait dans le port de Levuka (Fidji) avec sa famille et un serveur indigène. Celui-ci avait ramassé, comme amorce, divers coquillages dont un Conus geographus. Après avoir brisé la coquille de ce dernier, il le remit à Mme. B. qui, d'un doigt, procéda au délogement de l'animal. C'est alors qu'elle sentit une étrange piqûre au doigt, près de l'ongle. Elle constata bientôt que sa main et son bras s'engourdissaient. Rapidement, son état s'aggrava et la paralysie s'étendit à tout son corps. Mme B. fut transportée d'urgence chez elle où l'attendait un médecin. Il compara ces symptômes à ceux d'un empoisonnement par le curare. La parole était difficile et indistincte. Pourtant la malade ne perdit pas conscience et savait parfaitement ce qui se passait autour d'elle. On ne notait ni troubles .cardiaques, ni troubles respiratoires. Cet état alarmant régressa au bout de six heures et la plupart des symptômes s'estompèrent dès le lendemain. Seul l'engourdissement de la main persista pendant plusieurs jours. Mme B. fut en outre affectée de troubles visuels qu'elle attribua à la même cause."
Médical Department, Fiji, 30 septembre 1901.
1932 — HERMITTE, L.D.C. — Venomous Marine Molluscs of the Genus Conus — Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiène, p. 485.
"En juin 1932, Monsieur De LAFONTAINE âgé de 32 ans, Seychellois d'origine française, résidant à l'Ile aux Cerfs (Seychelles) marchait à marée basse dans l'eau du lagon, non loin de la côte, à la recherche de coquillages. Tout en avançant, il trouva un cône geographus de taille moyenne qu'il ramassa aussitôt. Comme la coquille était recouverte d'une couche d'algues marines, il entreprit de la nettoyer à l'aide d'un canif. Tenant le coquillage dans la main gauche, l'ouverture dirigée vers la paume, il commençait à en gratter la surface quand il sentit une piqûre dans la paume de la main gauche, suivie immédiatement d'une sensation de brûlure. Retournant rapidement le coquillage pour en observer l'ouverture, il vit la "bouche" de l'animal au moment où celui-ci se rétractait dans sa coquille. Il remarqua en même temps une sorte de dard pointu sortant d'une langue étroite qui se retirait lentement dans la bouche au fur et à mesure que celle-ci se rétractait. La blessure était si petite qu'elle ne se voyait pas. La sensation de brûlure fit rapidement place à 'engourdissement et en quelques minutes le blessé sentit des picotements dans le bras gauche qui était engourdi. Eprouvant de l'angoisse, il décida de regagner le bord et de rentrer chez lui. Dans l'espace d'une heure, tout son corps était engourdi; sa vue devint trouble; il ressentit des vertiges et des nausées; sa parole était difficile. Bientôt il devint complètement paralysé. Au bout de cinq à six heures, son état s'améliora légèrement et il demanda à être conduit à mon cabinet à Mont-Fleuri, sur l'Ile Mahé. L'accident était survenu vers neuf heures et le blessé fut transporté par pirogue à mon cabinet à six heures. Il était hébété, incapable de se tenir debout et avait une sensation d'engourdissement dans tous les membres. A l'examen, on ne notait rien de particulier à l'endroit de la piqûre. Ses réflexes rotuliens ne purent être étudiés mais ses pupilles réagissaient normalement à la lumière et à l'accommodation. Le pouls et la respiration étaient normaux; la température était également normale. Manifestement ces symptômes semblaient être en relation avec quelque poison neuro-toxique. Je décidai d'administrer en conséquence, une injection de chlorhydrate de strychnine par voie dermique (1/60 de grain (Grain: 0 Gr, 06477.)). Je renvoyai le malade chez lui avec une potion à base de strychnine et j'ordonnai qu'on lui fit des massages. En dépit de ce traitement, il mit trois jours avant de voir disparaître l'engourdissement qui l'immobilisait. Au moment de son transfert à mon cabinet le jour de l'accident, il avait fort heureusement disposé le coquillage vivant dans un récipient contenant de l'eau de mer et du sable. Etant moi-même collectionneur, j'identifiai l'espèce comme étant un Conus (Gaslridium) geographus, Linné. Ce n'était pas un gros spécimen, il mesurait seulement 8.5 cm de long."
1935 — ALLAN, Joyce — Poisonous Shellfish — The Médical Journal of Australia, 2, p. 554-555.
"Un jeune homme qui se trouvait à bord d'un navire ancré dans Whitsunday-Group, tenait un cône geographus qu'il avait ramassé à l'Ile Hayman. A l'aide d'un canif, il en grattait la coquille quand, brusquement, il sentit une piqûre dans la main. Bientôt des symptômes sévères se manifestèrent, nécessitant d'urgence son transport à terre. Le malade sombra dans le coma durant la traversée et il mourut au cours de son transfert à l'hôpital."
1936 — FLECKER, H. — Cône Shell Poisoning, with Report of a fatal case. — Médical Journal of Australia, 1, p. 464-466. (Il s'agit du même cas que celui rapporté par ALLAN, Joyce).
"Un jeune homme de 27 ans débarquait à l'Ile Hayman (Grande Barrière de Récifs) le 27 juin 1935. Il tenait dans la main un cône, identifié par Monsieur H.A. LONGMAN, du Queensland Muséum, comme étant un Conus geographus. Alors qu'il en grattait la coquille avec un canif, il fut piqué dans la paume par l'animal. Un engourdissement local se manifesta presque sur le champ, et progressa rapidement. Vingt minutes plus tard le malade se plaignait de troubles visuels et, au bout d'une demi-heure, ses jambes étaient complètement paralysées. Une heure après l'incident, il était sans connaissance. Son pouls était faible et rapide, sa respiration lente et peu profonde. La mort survint au bout de cinq heures."
1954 — PETRAUSKAS, L.E. — A case of Cône Shell Poisoning by "Bite" in Manus Island — Papua & New Guinea Médical Journal, Vol. 1, No. 2, p. 267.
"Le 27 août 1954, une fillette âgée de 8 ans, originaire de Manus Island, s'écroulait subitement sur la plage aux environs de midi. Transportée d'urgence à l'hôpital, elle présentait à son arrivée le tableau clinique suivant :
— Parole difficile, respiration peu profonde, paralysie des membres supérieurs et inférieurs; parfaite maîtrise des muscles de la face.
— Rythme cardiaque accéléré.
— Pas d'élévation de température.
Ultérieurement, les signes de défaillance respiratoire s'accentuèrent et l'on dut recourir à la méthode de Sylvester pour pallier l'asphyxie; un tube endotrachéal fut mis en place et l'oxygénation fut assurée grâce à un appareil anesthésique. 100 mgrs de vitamine B1 et 200.000 unités de pénicilline-procaïne furent administrés. Le pouls s'améliora. Environ deux heures plus tard, le patient reprit conscience. Le rétablissement de la respiration diaphragmatique survint bientôt et quatre heures plus tard la méthode de Sylvester put être suspendue. Le matin suivant, la fillette était en pleine possession e toutes ses facultés et nous dit alors avoir été piquée par un cône. Après une rapide enquête, il fut établi qu'il s'agissait d'un Conus omaria. La piqûre siégeait dans la région de l'éminence thénar et se présentait comme une macule noire avec une zone oedématiée sur tout son pourtour. Il aurait été difficile d'établir un diagnostic d'envenimation par piqûre d'un cône si la malade elle-même ne nous en avait pas informé. Ces symptômes pouvaient aussi bien être confondus avec n'importe quel cas de paralysie légère et l'éventualité d'une forme atténuée de poliomyélite aiguë venait d'abord à l'esprit."
1960 — Docteur DURON — Compte Rendu No. 32 en date du 17 Octobre 1960 — Circonscription Médicale de Koumac, Nouvelle-Calédonie.
"Le 11 octobre 1960, vers 12 heures, après avoir péché quelques cônes à TANA (Pouébo, Nouvelle-Calédonie) l'autochtone GNAIE Théophile revint au bateau et sentit une piqûre dans la paume de la main gauche. Il fit part de la chose à Monsieur M. avec qui il péchait et lui montra le coquillage responsable. Quelques instants après, installation d'un syndrome ébrieux avec vertiges, dyspnée. Transporté au Dispensaire dans l'heure, le malade présente à l'arrivée : Pouls : 54 T.A. max. : 5 Mouvements volontaires impossibles. Teint cireux. Après phénergan, coramine, syncortyl, aucune amélioration, bien au contraire, paralysie complète avec conservation de la conscience. Mort à 14 heures. L'examen du cadavre n'a rien appris."
Le coquillage responsable a été envoyé à l'Institut PASTEUR de Nouméa pour examen: il s'agissait d'un Rollus geographus, Linné.
1963 — ROB WRIGHT — Cônes meurtriers — Bulletin du Pacifique Sud, Vol. 13, No. 1, Commission du Pacifique Sud, Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
"Même les gens qui connaissent bien les cônes commettent parfois des erreurs. Prenons le cas de RON PHALL, jeune australien qui travaille aux Iles Fidji. C'est un chasseur sous-marin expert et un collectionneur enthousiaste. Alors qu'il péchait sur les récifs des Samoa, RON découvrit un nid de sept cônes tulipa, véritable mine d'or pour un collectionneur. Ne s'attendant pas à faire pareille découverte, il n'a pas apporté du bateau son matériel de collectionneur et, craignant que les cônes ne se dispersent, il essaie d'en prendre trop à la fois. Comme un des coquillages glisse de sa main gauche, RON cherche à le retenir du doigt. Le cône riposte immédiatement avec son minuscule dard meurtrier. Il n'y a ni sensation de piqûre, ni douleur, mais le poison agit sur-le-champ. La main de RON s'engourdit comme si î'on avait fait une anesthésie locale. Un garrot fait de la lanière d'un masque sous-marin est appliqué au bras, au-dessus du coude, puis, aussi rapidement que le permettent les coraux, RON retourne à terre. Pendant les 25 minutes que dure le trajet, le bras tout entier se paralyse et RON commence à respirer difficilement. Il est amené immédiatement à l'hôpital où le Docteur FISHER et sa femme, elle aussi médecin, préparent un antidote. Ils n'ont aucune expérience de l'empoisonnement par les coquillages mais, comme les symptômes sont analogues à ceux d'une morsure de serpent, ils essaient un remède qui a fait ses preuves dans les empoisonnements de ce genre. Dans le bras malade ils font une injection anti-histaminique, suivie d'une injection d'adrénaline dans l'autre bras. La respiration, qui était devenue de plus en plus difficile, redevient immédiatement normale et, après une certaine période d'observation, RON peut rentrer chez lui. La main et le bras soit encore paralysés, mais, deux jours après, il peut remuer légèrement l'annulaire et l'auriculaire. Au bout de 15 jours, il commence à se servir de son bras et de sa main, mais pour la guérison complète il faut attendre trois mois. Même aujourd'hui, six mois après l'accident, ses muscles sont encore un peu raides."
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Description
Medium-sized to large, solid to heavy; forms floridus and subfloridus usually moderately large and solid. Last whorl narrowly conoid-cylindrical to conoid-cylindrical, narrowly cylindrical to cylindrical, or ventricosely conical to ovate; outline from almost evenly convex to almost straight and nearly parallel-sided centrally, generally straight just below shoulder. In form floridus, last whorl usually ovate. Aperture wider at base than near shoulder. Shoulder sharply angulate to sharply carinate. Spire of low to moderate height; outline concave to slightly convex or slightly sigmoid, stepped, less so in form subfloridus. Larval shell of about 3.5 whorls, maximum diameter 0.7-0.8 mm. First 3-5 postnuclear whorls tuberculate, following whorls angulate to sharply angulate, usually only last 1-2 whorls carinate. Teleoconch sutural ramps flat, slightly concave to concave in latest whorls, with 0-1 increasing to 3-7 spiral grooves; spiral sculpture generally weaker on latest ramps, very weak in form subfloridus. Last whorl with closely spaced, generally fine spiral ribs on basal third, finer and obsolete above, occasionally persisting to shoulder; siphonal fasciole with distinct spiral ribs except for very weak ribs in form subfloridus.
Typical form with white ground colour, often suffused with shades of grey, blue, pink and violet. Last whorl with brown to black flecks, blotches, flames and axial streaks containing solid, dashed or dotted darker spiral lines and usually concentrated in 2 interrupted to solid spiral bands, above and below centre. Almost immaculate white shells intergrade with heavily patterned shells; striate colour markings often fuse into broad coalescing spiral bands or form a coarse network. Form floridus with white ground colour. Last whorl clouded or spirally banded with shades of pink, orange, brown, or violet. Spirally aligned brown markings occur on each side of centre, are less prominent below shoulder, and vary in number, size and shape; maculation generally sparser than in typical form. Brown spiral lines extending from siphonal fasciole to shoulder, more prominent within background clouds and bands, coarse and very dark within brown markings; spiral lines sometimes partially restricted to these markings but even in otherwise immaculate shells traceable within some ground-colour zones. Form subfloridus with white ground colour, variably suffused with pale purple to bluish violet. Last whorl with spirally aligned yellowish to dark reddish brown spots, blotches and axial streaks within basal third, adapical third, and sometimes below shoulder. Brown markings often contain darker brown spiral lines and sometimes also wavy darker brown axial lines. Pattern usually sparse, occasionally absent. In typical form, siphonal fasciole white to cream, with variably spaced very fine brown axial lines; form subfloridus without these lines, form floridus with dotted and dashed lines on white ground. Larval whorls and about first postnuclear sutural ramp orange; in Hawaii, larval whorls pale pink before metamorphosis (Perron, 1981a); in form subfloridus, larval whorls and about first 3 postnuclear sutural ramps pale brown to pink. Following sutural ramps with yellowish to blackish brown radial lines, streaks and blotches, the latter often containing darker axial lines. Aperture white to bluish white, occasionally cream deep within; white to beige in form subfloridus; in form floridus, orange deep within.
Distribution
Geographic Range:-South Africa to Red Sea, Hawaii, and French Polynesia. Reported from New Caledonia.
Biotop
From 1-50m, usually in sand on coral reef, often beneath rocks and dead coral slabs.
Similar specie
Conus gubernator is most similar to Conus striatus, with which it broadly co-occurs. Conus striatus is distinguished by more cylindrical or ovate last whorl (PMD 0.69- 0.82) and its larval shell of about 3.5 (vs. 2.75) whorls. Its typical form and form floridus differ also in the prominent spiral lines on the last whorl.
Conus floridus (syn. Conus chusaki) and Conus subfloridus are sometimes regarded as conspecific with each other but separate from Conus striatus (Richard, 1990), while other authors consider Conus floridus to represent only a slight variant of Conus striatus (E. A. Smith, 1884). RKK provisionally consider both to be ecological variants of Conus striatus from deeper subtidal habitats. In W. Thailand, where all three occur sympatrically, they are very similar in shell shape, sculpture and colour pattern.