CONUS MARMOREUS - (LINNAEUS, 1758)
Mollusca (Phylum) > Gastropoda (Class) > Caenogastropoda (Subclass) > Neogastropoda (Order) > Conoidea (Superfamily) > Conidae (Family) > Conus (Genus)
Cône-damier, cône marbré, Marble cone, Marmor Kegelschnecke.
Clef d'identification
Coquille lisse, conique de 5 à 15 cm. Triangles blancs disjoints sur fond noir. Ouverture étroite à bords parallèles. Bordure supérieure crénelée. Columelle lisse et labre tranchant.
Distribution
On peut rencontrer Conus marmoreus dans toute la région indo-pacifique. Dans l'océan Indien, à l'ouest autour de Madagascar et de l'île Maurice, au centre dans l'archipel des Chagos, en Indonésie et jusqu'en Australie. On le trouve également dans l'ouest et le sud-ouest de l'océan Pacifique, autour de l'Australie, de la Nouvelle-Calédonie, du Japon, et de l'archipel Philippin.
Biotope
Conus marmoreus vit dans les eaux tropicales des récifs coralliens entre 0 et 15 m. Il se cache dans le sable ou sous les pierres le jour et sort pour se nourrir la nuit.
Description
La coquille de Conus marmoreus est lisse, conique, et mesure 5 à 15 cm de long. Elle est décorée de taches blanches triangulaires et arrondies, isolées les unes des autres, et est treillissée à la base. La couleur du fond est noire. L'ouverture est étroite et allongée à bords parallèles sur les deux tiers supérieurs puis légèrement échancrée à la base. Elle est bordée par un labre* lisse et tranchant. Elle possède un bord columellaire lisse. Le dernier tour présente une bordure supérieure crénelée. Le manteau est blanc strié de brun. Le siphon* est noir et blanc.
Espèces ressemblantes
Conus bandanus aux dessins moins réguliers et présentant deux bandes plus sombres. Conus ammiralis est plus petit. Les motifs en forme de triangles sont grands et clairsemés. Conus aulicus a des triangles de tailles différentes sur fond marron, regroupés en certains endroits sur la coquille. La coquille est plus élancée, l'apex est pointu. Conus bandanus vidua. La coquille présente des bandes horizontales marron sur lesquelles sont présents quelques triangles blancs qui alternent avec des bandes où les triangles blancs se superposent. Plusieurs sous-espèces et formes sont issues de l'espèce mère. Souvent, elles occupent une aire géographique particulière et présentent des variations de motifs et couleurs. Par exemple : Conus marmoreus suffusus, est une forme endémique de la région de Bourail en Nouvelle-Calédonie. Il est complètement blanc, parfois nuancé de rose ou de jaune, notamment dans l'ouverture. Des spécimens intermédiaires dont les triangles blancs occupent la majorité de la surface, sont localement appelés "bâtards". Conus marmoreus crosseanus est également une variété endémique de Nouvelle-Calédonie : les triangles blancs sont plus petits, allongés dans le sens de la hauteur du cône, le fond est brun ou noir.
Une forme orange de Conus marmoreus est également recensée en Nouvelle-Calédonie, à l'île des Pins. Elle est rare. Conus marmoreus var pseudomarmoreus possède une spire non crénelée.
Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Rhombus cylindro-pyramidalis (Lister)
Cylindrus indicus (Bonnani)
Cucullus proarchithalassus (Röding, 1798)
Conus maculatus (Perry, 1811)
Conus marmoreus var. granulatus (Sowerby II, 1839)
Conus crosseanus (Bernardi, 1861)
Conus suffusus, (Sowerby II, 1870)
Conus suffusus var. noumeensis (Crosse, 1872)
Conus pseudomarmoreus (Crosse, 1875)
Conus crosseanus var. lineata (Crosse, 1878 )
Origine du nom français
Cône pour désigner une coquille en forme de cône. Marbré car les dessins de la coquille rappellent les dessins du marbre. Le nom commun français, cône-damier, fait référence à la disposition des triangles blancs sur le fond noir, qui rappelle le damier.
Origine du nom scientifique
Conus : mot latin = cône (forme de la coquille). Marmoreus : du latin [marmor] = marbré.
Alimentation
Conus marmoreus est carnivore au régime alimentaire très spécialisé : il se nourrit d'autres mollusques. Lorsque le cône évolue à la recherche de nourriture, il étire sa trompe, ou proboscis, qui est reliée au système digestif et à l'appareil venimeux. Cette trompe peut atteindre la longueur de la coquille du cône. L'appareil venimeux est constitué d'une glande volumineuse, la glande de Leiblin, reliée par un long conduit au pharynx, lequel est relié à la radula. Le venin s'introduit à l'intérieur des dents munies d'une pointe comme un harpon. Lorsque le cône chasse, une dent s'engage dans la trompe, est projetée sur la proie et injecte le venin. Le cône ingère la proie en l'enveloppant dans sa trompe dilatée.
Reproduction - Multiplication
Les cônes sont des animaux à sexes séparés. Les mâles possèdent un pénis en arrière du tentacule oculaire, sur le côté droit. Après l'accouplement, les femelles pondent des œufs protégés dans des capsules ovigères en forme de vasque. Lorsque la larve sort de la capsule, elle passe par un court stade planctonique qui ne dépasse pas quelques jours. Ce stade planctonique n'est pas un passage obligé : il arrive aussi que les jeunes larves soient presque semblables aux individus adultes et rampent de la même manière.
Divers biologie
Conus marmoreus est l'espèce type du genre Conus. L'animal possède un pied musculeux très développé, qui lui permet de se déplacer par ondes de contractions. L'homme l'utilise comme nourriture occasionnellement dans certaines îles du Pacifique.
Informations complémentaires
Le cône doit être tenu avec précaution lorsqu'il est vivant car il peut utiliser son appareil venimeux à des fins défensives. Il est donc potentiellement dangereux pour l'homme. Conus marmoreus est connu pour avoir provoqué des piqûres ayant entraîné la mort. Sa blessure, très douloureuse, provoque un engourdissement et un gonflement rapide localisé autour de la plaie. Le venin du cône est constitué de 50 à 200 peptides (composés d'acides aminés) appelés conopeptides ou conotoxines. Chez Conus marmoreus, ces conotoxines ont une affinité pour les canaux sodium qui assurent un rôle dans la signalisation électrique cellulaire. L'injection de ces toxines provoque une paralysie. Les conotoxines font l'objet d'études pour des traitements analgésiques (soulagement de la douleur), d'épilepsies ou la récupération de nerfs endommagés.
LES PROPRIETES VENIMEUSES DES CONES
Historique
Les propriétés venimeuses des cônes semblent être connues depuis longtemps et déjà en 1705 le naturaliste hollandais G.E. RUMPHIUS rapporte un cas mortel survenu à l'Ile Banda, dans l'Archipel des Moluques :
"Une femme indigène tenait un coquillage qu'elle avait ramassé dans les mailles de son filet de pêche. Alors qu'elle regagnait la plage, elle sentit un léger engourdissement dans la main, lequel s'étendit bientôt à tout le corps. Elle mourut peu après."
Ce récit est détaillé dans les "Mémoires de RUMPHIUS" (1959), par W.S.S. BENTHEM JUTTING, et il semble bien que l'espèce incriminée soit celle connue à présent sous le nom de Darioconus textile, Linné.
Il faut alors attendre plus d'un siècle avant que ne soient relatés d'autres cas d'envenimation par piqûre de cônes. C'est en effet en 1848 que A. ADAM cite dans l'odyssée du H.M.S. SAMARANG, Vol. 2, p. 356, le passage suivant:
"A la petite Ile de Mayo, dans l'Archipel des Moluques, Monsieur Edwards BELCHER était piqué par un Conus aulicus alors qu'il le retirait de l'eau et il compare la douleur ressentie à celle que produirait du phosphore qui brûle sous la peau. Et ADAM ajoute: l'organe responsable est la langue qui, chez ces mollusques est très allongée et armée de dents pointues et tranchantes, capables d'infliger des blessures profondes et triangulaires, accompagnées de douleurs violentes."
De 1850 à 1911 plusieurs accidents par piqûres de cônes sont signalés et en 1912 le Docteur J. BURTON CLELAND alors affecté au "Government Bureau of Microbiology", à Sydney, en communique la liste dans une importante publication parue dans "Australian Médical Gazette" les 14 et 21 septembre 1912, sous le titre: "The Injuries and Diseases of Man in Australia Attributable to the Animals".
traduction intégrale de cette communication :
1860 — MAC GILL & VRAY, J. — Zoological notes from Anatum, New Hébrides, The Zoologist, 18, p. 7136-7138.
"Au sujet des propriétés venimeuses du Cône textile. Au cours de mon séjour à Anatome, aux Nouvelles-Hébrides, je fus mis en garde par les indigènes contre
une certaine espèce de cône capable, disaient-ils, d'éjecter un poison sur une distance de plusieurs pouces et qui produirait dès son contact avec la main, une sensation étrange accompagnée de douleurs intenses, avec engourdissement du bras et défaillance générale. Souvent cet état évolue vers la mort. Le coquillage en question figurait dans ma collection: c'était un Conus textile. Je n'accordai d'abord que peu de valeur à ce récit. Pourtant je m'aperçus bientôt qu'il reflétait la croyance générale. Je consentis alors, sans trop de conviction, à agir avec beaucoup de précautions en manipulant ces coquillages que j'avais tant de fois récoltés sans ennuis. Or, le 9 juin de cette année, je transportai chez lui un jeune indigène qui souffrait de violentes douleurs et qui me disait avoir été piqué par un cône alors qu'il péchait en eau peu profonde. Dès qu'il l'eut touché il eut l'impression qu'une eau très froide était projetée dans la paume de sa main. Arrivé chez lui il se plaignit d'un engourdissement du bras droit. Quand je revins le consulter quelques minutes plus tard, je constatai qu'un garrot avait été serré au-dessus de son bras malade. Le pouls, très faible, était aux environs de cinquante. Je fis desserrer le garrot et lui administrai une forte dose de morphine pour apaiser ses douleurs. Entre temps, un soigneur indigène était arrivé. Il pratiqua, au moyen de lames de bambou, deux profondes incisions de part et d'autre du bandage. Environ deux cents centimètres cubes de sang s'écoulèrent. Je quittai alors le patient en conseillant au préalable de ne rien fixer autour de son bras qui puisse gêner la circulation. Je revins le matin suivant et constatai l'effet bienfaisant de la morphine. Par ailleurs le pouls était redevenu normal. Seules persistaient l'enflure et les douleurs dues aux incisions. Une semaine plus tard mon client était en parfaite santé. Ainsi le simple contact avec un cône a provoqué chez ce jeune homme une perturbation considérable. Pourtant en examinant ce cas il m'est difficile de faire la part des choses. Je ne pouvais pas en effet dissocier d'une manière satisfaisante les effets implicables à la piqûre du coquillage de ceux attribuables au garrot que les indigènes ont coutume de fixer un peu trop prématurément. Je dois mentionner cependant que le 28 mai 1859 j'eus l'occasion de rencontrer un cas semblable: En compagnie du Révérend-Père J. GEDDIE, je me rendis au chevet d'une femme qui disait avoir été piquée quatorze jours auparavant par un cône qu'elle avait ramassé aux récifs. Tout son bras droit était gangrené et je notai que plusieurs incisions y avaient été pratiquées. J'appris alors qu'un garrot avait été posé durant plusieurs jours, ce qui expliquait l'état dans lequel se trouvait cette femme qui mourut bientôt. De ces deux cas je n'avancerai rien quant à mes observations personnelles mais je peux dire qu'après examen je n'ai trouvé aucun système particulier au cône textile, ni remarqué de différence anatomique entre lui et le cône arenatus bien connu pour être inoffensif. Il est donc difficile de souscrire à la croyance populaire de cette île qui croit au pouvoir dangereux des cônes. La sensation initiale, tellement étrange, ressentie dans la main qui est en contact avec le coquillage, peut seulement s'expliquer par une projection par le siphon mais elle ne semble pas justifier la pose d'un garrot, responsable de tant de complications ultérieures."
1874 — CROSSE, H. et MARIE, E. — Journal de Conchyliologie, 22, p. 353.
"Les cônes textile et tulipa sont très répandus en Nouvelle-Calédonie et sont tous deux réputés venimeux. Plusieurs naturalistes anglais avaient déjà signalé le caractère dangereux du cône textile et ce fait semble aujourd'hui se confirmer à la suite d'un accident survenu à Pouébo (Nouvelle-Calédonie). Un indigène fut piqué dans la main au moment où il ramassait ce coquillage. Aussitôt après, il ressentit une violente douleur dans le bras, suivie d'une enflure importante qui persista pendant plusieurs jours. La piqûre est provoquée par les dents de la langue et non par l'opercule que l'on incrimine à tort dans ces régions."
1877 — Révérend-Père MONTROUZIER, Journal de Conchyliologie, XXV, p. 99.
"Le cône marmoreus, abondant à Mare (Iles Loyauté) ne peut être tenu négligemment dans la main sans risque d'accidents sérieux par piqûre de sa langue. D'ailleurs, ce fait a déjà été mentionné pour le cône textile responsable de plusieurs accidents aux Nouvelles-Hébrides."
1878 — GARRETT, A. — Annotated Catalogue of the Species of Conus Collected in the South Sea Islands — Quarterly Journal of Conchology, 1, p. 365. Dans ce catalogue des cônes qu'il a établi, GARRETT mentionne le passage suivant au sujet du Cône tulipa, Linné :
"Cette espèce est abondante aux récifs. Au cours d'une récolte que je faisais aux Tuamotus, je fus piqué par un des trois exemplaires que je tenais dans la main. Il sortit sa longue trompe qui m'atteignit au doigt, occasionnant une douleur aiguë qui n'a rien de comparable avec celle provoquée par la piqûre d'une guêpe."
1884 — COX, J.B. — Poisonous effects of the Bite Inflicted by Conus geographus, Linn. Proc. Linnean Soc. N.S.W., 9, p. 944-946. Monsieur B. HINDE adressait, du H.M.S. DIAMOND, la lettre suivante au Docteur COX (A Bord, Lat. 10° 14' S. - Long. 155° 34' E.) :
"Un indigène de Nodup, Nouvelle-Bretagne, me voyant avec un Conus geographus, Linné, me mit en garde contre sa piqûre capable, disait-il, de tuer un homme. Il m'informa aussi que toute personne piquée devait aussitôt pratiquer de profondes incisions autour de la blessure afin de laisser le sang s'écouler librement. C'était d'après lui la seule chance de salut. Pensant que cet homme exagérait, je m'adressai à un planteur européen de la région afin d'avoir son opinion sur ce récit. Il me répondit qu'il le croyait exact et qu'à ce sujet il avait lui-même adressé une note à Sydney. Or l'occasion me fut bientôt donnée de voir moi-même un indigène de l'Ile Matupi, Nouvelle-Bretagne, victime de la piqûre de ce coquillage. Il a de suite, sur tout son bras, pratiqué, avec le tranchant d'une pierre, plusieurs incisions desquelles le sang s'écoulait abondamment. Il me fit remarquer que sans cette précaution la mort serait fatale. Des cendres chaudes ont ensuite été appliquées pour arrêter l'hémorragie. Le blessé ne pouvait pas se servir de son bras qui était engourdi, mais là il m'est difficile d'émettre un avis et d'établir qui, entre la piqûre et le traitement, était responsable de cet état. Il me paraît toutefois important de communiquer ces quelques observations qui pourront intéresser les conchyliologistes en général."
1902 — CORNEY, R.G. — Nature, 65, p. 198.
"L'inquiétude ressentie par beaucoup de gens quant aux propriétés venimeuses de certains cônes, semble à présent justifiée. Un cas est en effet enregistré chez un sujet européen dont la bonne foi ne peut être mise en doute, et je pense qu'il est utile d'apporter aujourd'hui la preuve que le cône est bien un coquillage dangereux. La victime, Mme B.,pêchait dans le port de Levuka (Fidji) avec sa famille et un serveur indigène. Celui-ci avait ramassé, comme amorce, divers coquillages dont un Conus geographus. Après avoir brisé la coquille de ce dernier, il le remit à Mme. B. qui, d'un doigt, procéda au délogement de l'animal. C'est alors qu'elle sentit une étrange piqûre au doigt, près de l'ongle. Elle constata bientôt que sa main et son bras s'engourdissaient. Rapidement, son état s'aggrava et la paralysie s'étendit à tout son corps. Mme B. fut transportée d'urgence chez elle où l'attendait un médecin. Il compara ces symptômes à ceux d'un empoisonnement par le curare. La parole était difficile et indistincte. Pourtant la malade ne perdit pas conscience et savait parfaitement ce qui se passait autour d'elle. On ne notait ni troubles .cardiaques, ni troubles respiratoires. Cet état alarmant régressa au bout de six heures et la plupart des symptômes s'estompèrent dès le lendemain. Seul l'engourdissement de la main persista pendant plusieurs jours. Mme B. fut en outre affectée de troubles visuels qu'elle attribua à la même cause."
Médical Department, Fiji, 30 septembre 1901.
1932 — HERMITTE, L.D.C. — Venomous Marine Molluscs of the Genus Conus — Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiène, p. 485.
"En juin 1932, Monsieur De LAFONTAINE âgé de 32 ans, Seychellois d'origine française, résidant à l'Ile aux Cerfs (Seychelles) marchait à marée basse dans l'eau du lagon, non loin de la côte, à la recherche de coquillages. Tout en avançant, il trouva un cône geographus de taille moyenne qu'il ramassa aussitôt. Comme la coquille était recouverte d'une couche d'algues marines, il entreprit de la nettoyer à l'aide d'un canif. Tenant le coquillage dans la main gauche, l'ouverture dirigée vers la paume, il commençait à en gratter la surface quand il sentit une piqûre dans la paume de la main gauche, suivie immédiatement d'une sensation de brûlure. Retournant rapidement le coquillage pour en observer l'ouverture, il vit la "bouche" de l'animal au moment où celui-ci se rétractait dans sa coquille. Il remarqua en même temps une sorte de dard pointu sortant d'une langue étroite qui se retirait lentement dans la bouche au fur et à mesure que celle-ci se rétractait. La blessure était si petite qu'elle ne se voyait pas. La sensation de brûlure fit rapidement place à 'engourdissement et en quelques minutes le blessé sentit des picotements dans le bras gauche qui était engourdi. Eprouvant de l'angoisse, il décida de regagner le bord et de rentrer chez lui. Dans l'espace d'une heure, tout son corps était engourdi; sa vue devint trouble; il ressentit des vertiges et des nausées; sa parole était difficile. Bientôt il devint complètement paralysé. Au bout de cinq à six heures, son état s'améliora légèrement et il demanda à être conduit à mon cabinet à Mont-Fleuri, sur l'Ile Mahé. L'accident était survenu vers neuf heures et le blessé fut transporté par pirogue à mon cabinet à six heures. Il était hébété, incapable de se tenir debout et avait une sensation d'engourdissement dans tous les membres. A l'examen, on ne notait rien de particulier à l'endroit de la piqûre. Ses réflexes rotuliens ne purent être étudiés mais ses pupilles réagissaient normalement à la lumière et à l'accommodation. Le pouls et la respiration étaient normaux; la température était également normale. Manifestement ces symptômes semblaient être en relation avec quelque poison neuro-toxique. Je décidai d'administrer en conséquence, une injection de chlorhydrate de strychnine par voie dermique (1/60 de grain (Grain: 0 Gr, 06477.)). Je renvoyai le malade chez lui avec une potion à base de strychnine et j'ordonnai qu'on lui fit des massages. En dépit de ce traitement, il mit trois jours avant de voir disparaître l'engourdissement qui l'immobilisait. Au moment de son transfert à mon cabinet le jour de l'accident, il avait fort heureusement disposé le coquillage vivant dans un récipient contenant de l'eau de mer et du sable. Etant moi-même collectionneur, j'identifiai l'espèce comme étant un Conus (Gaslridium) geographus, Linné. Ce n'était pas un gros spécimen, il mesurait seulement 8.5 cm de long."
1935 — ALLAN, Joyce — Poisonous Shellfish — The Médical Journal of Australia, 2, p. 554-555.
"Un jeune homme qui se trouvait à bord d'un navire ancré dans Whitsunday-Group, tenait un cône geographus qu'il avait ramassé à l'Ile Hayman. A l'aide d'un canif, il en grattait la coquille quand, brusquement, il sentit une piqûre dans la main. Bientôt des symptômes sévères se manifestèrent, nécessitant d'urgence son transport à terre. Le malade sombra dans le coma durant la traversée et il mourut au cours de son transfert à l'hôpital."
1936 — FLECKER, H. — Cône Shell Poisoning, with Report of a fatal case. — Médical Journal of Australia, 1, p. 464-466. (Il s'agit du même cas que celui rapporté par ALLAN, Joyce).
"Un jeune homme de 27 ans débarquait à l'Ile Hayman (Grande Barrière de Récifs) le 27 juin 1935. Il tenait dans la main un cône, identifié par Monsieur H.A. LONGMAN, du Queensland Muséum, comme étant un Conus geographus. Alors qu'il en grattait la coquille avec un canif, il fut piqué dans la paume par l'animal. Un engourdissement local se manifesta presque sur le champ, et progressa rapidement. Vingt minutes plus tard le malade se plaignait de troubles visuels et, au bout d'une demi-heure, ses jambes étaient complètement paralysées. Une heure après l'incident, il était sans connaissance. Son pouls était faible et rapide, sa respiration lente et peu profonde. La mort survint au bout de cinq heures."
1954 — PETRAUSKAS, L.E. — A case of Cône Shell Poisoning by "Bite" in Manus Island — Papua & New Guinea Médical Journal, Vol. 1, No. 2, p. 267.
"Le 27 août 1954, une fillette âgée de 8 ans, originaire de Manus Island, s'écroulait subitement sur la plage aux environs de midi. Transportée d'urgence à l'hôpital, elle présentait à son arrivée le tableau clinique suivant :
— Parole difficile, respiration peu profonde, paralysie des membres supérieurs et inférieurs; parfaite maîtrise des muscles de la face.
— Rythme cardiaque accéléré.
— Pas d'élévation de température.
Ultérieurement, les signes de défaillance respiratoire s'accentuèrent et l'on dut recourir à la méthode de Sylvester pour pallier l'asphyxie; un tube endotrachéal fut mis en place et l'oxygénation fut assurée grâce à un appareil anesthésique. 100 mgrs de vitamine B1 et 200.000 unités de pénicilline-procaïne furent administrés. Le pouls s'améliora. Environ deux heures plus tard, le patient reprit conscience. Le rétablissement de la respiration diaphragmatique survint bientôt et quatre heures plus tard la méthode de Sylvester put être suspendue. Le matin suivant, la fillette était en pleine possession e toutes ses facultés et nous dit alors avoir été piquée par un cône. Après une rapide enquête, il fut établi qu'il s'agissait d'un Conus omaria. La piqûre siégeait dans la région de l'éminence thénar et se présentait comme une macule noire avec une zone oedématiée sur tout son pourtour. Il aurait été difficile d'établir un diagnostic d'envenimation par piqûre d'un cône si la malade elle-même ne nous en avait pas informé. Ces symptômes pouvaient aussi bien être confondus avec n'importe quel cas de paralysie légère et l'éventualité d'une forme atténuée de poliomyélite aiguë venait d'abord à l'esprit."
1960 — Docteur DURON — Compte Rendu No. 32 en date du 17 Octobre 1960 — Circonscription Médicale de Koumac, Nouvelle-Calédonie.
"Le 11 octobre 1960, vers 12 heures, après avoir péché quelques cônes à TANA (Pouébo, Nouvelle-Calédonie) l'autochtone GNAIE Théophile revint au bateau et sentit une piqûre dans la paume de la main gauche. Il fit part de la chose à Monsieur M. avec qui il péchait et lui montra le coquillage responsable. Quelques instants après, installation d'un syndrome ébrieux avec vertiges, dyspnée. Transporté au Dispensaire dans l'heure, le malade présente à l'arrivée : Pouls : 54 T.A. max. : 5 Mouvements volontaires impossibles. Teint cireux. Après phénergan, coramine, syncortyl, aucune amélioration, bien au contraire, paralysie complète avec conservation de la conscience. Mort à 14 heures. L'examen du cadavre n'a rien appris."
Le coquillage responsable a été envoyé à l'Institut PASTEUR de Nouméa pour examen: il s'agissait d'un Rollus geographus, Linné.
1963 — ROB WRIGHT — Cônes meurtriers — Bulletin du Pacifique Sud, Vol. 13, No. 1, Commission du Pacifique Sud, Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
"Même les gens qui connaissent bien les cônes commettent parfois des erreurs. Prenons le cas de RON PHALL, jeune australien qui travaille aux Iles Fidji. C'est un chasseur sous-marin expert et un collectionneur enthousiaste. Alors qu'il péchait sur les récifs des Samoa, RON découvrit un nid de sept cônes tulipa, véritable mine d'or pour un collectionneur. Ne s'attendant pas à faire pareille découverte, il n'a pas apporté du bateau son matériel de collectionneur et, craignant que les cônes ne se dispersent, il essaie d'en prendre trop à la fois. Comme un des coquillages glisse de sa main gauche, RON cherche à le retenir du doigt. Le cône riposte immédiatement avec son minuscule dard meurtrier. Il n'y a ni sensation de piqûre, ni douleur, mais le poison agit sur-le-champ. La main de RON s'engourdit comme si î'on avait fait une anesthésie locale. Un garrot fait de la lanière d'un masque sous-marin est appliqué au bras, au-dessus du coude, puis, aussi rapidement que le permettent les coraux, RON retourne à terre. Pendant les 25 minutes que dure le trajet, le bras tout entier se paralyse et RON commence à respirer difficilement. Il est amené immédiatement à l'hôpital où le Docteur FISHER et sa femme, elle aussi médecin, préparent un antidote. Ils n'ont aucune expérience de l'empoisonnement par les coquillages mais, comme les symptômes sont analogues à ceux d'une morsure de serpent, ils essaient un remède qui a fait ses preuves dans les empoisonnements de ce genre. Dans le bras malade ils font une injection anti-histaminique, suivie d'une injection d'adrénaline dans l'autre bras. La respiration, qui était devenue de plus en plus difficile, redevient immédiatement normale et, après une certaine période d'observation, RON peut rentrer chez lui. La main et le bras soit encore paralysés, mais, deux jours après, il peut remuer légèrement l'annulaire et l'auriculaire. Au bout de 15 jours, il commence à se servir de son bras et de sa main, mais pour la guérison complète il faut attendre trois mois. Même aujourd'hui, six mois après l'accident, ses muscles sont encore un peu raides."
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Conus marmoreus, common name the "marbled cone", is a species of predatory sea snail, a marine gastropod mollusk in the family Conidae, the cone snails, cone shells or cones. This is a species which is believed to feed mostly on marine molluscs including other cone snails. This snail is venomous, like all cone snails. However it is significantly less venomous than other cone snails, especially the fish-eating species, and poses danger to humans.
Description
Medium-sized to large, moderately solid to heavy. Shells from New Caledonia consistently smaller than shells from other areas; form suffusus also lighter than other forms. Last whorl conical, broadest in form crosseanus; outline almost straight, somewhat convex adapically. Shoulder angulate, strongly tuberculate to. almost smooth. Spire of low to moderate height, outline straight to slightly concave. Postnuclear spire whorls strongly to weakly tuberculate. Teleoconch sutural ramps concave in late whorls, with 2-4 weak spiral grooves and additional spiral striae; spiral sculpture often obsolete. Last whorl with usually weak, regularly spaced spiral ribs on basal fourth to half.
Ground colour usually white; may be bluish white, pale pink or pale yellow in shells from New Caledonia. Last whorl generally with a regular network of dark brown to black lines and triangular to rhomboid areas, outlining white tents that are often quite uniform in shape and arrangement and usually separate from each other. In New Caledonia, colour of network may grade to orangish red or orangish brown, axial lines may replace network, and pattern may be reduced or absent. Apex purplish red. Postnuclear sutural ramps with a dark brown to black network of lines, streaks and blotches. Aperture white to pinkish orange behind a white marginal zone. The size of an adult shell can vary between 30 mm and 150 mm.
Biotop
In 1-15 m. On coral reef platforms and lagoon pinnacles, on coral debris and in sand often under rocks or among weed.
Distribution
This species occurs in the Indian Ocean along Chagos and Madagascar, in the Bay of Bengal along India; in the western part of the Pacific Ocean to Fiji and the Marshall Islands.
Discussion
Conus bandanus is a close relative of Conus marmoreus, and some authors have included it in the latter species. The conchological differences are comparatively slight, consisting of more pronounced spire tubercles and a less regular pattern with 2 distinct dark colour bands in Conus bandanus, while the pattern of Conus marmoreus is generally uniform and lacks bands. Ecological differences also favour separation on the species level: Conus bandanus usually lives in deeper water and often occupies a different microhabitat where both occur in sympatry. In Kwajalein, Marshall Is., Conus marmoreus is found on inter-island coral reef and at the east side of the lagoon on sand bottom, while Conus bandanus is restricted to rock and rubble bottoms of the ocean-side and the lagoon-side of the west reef; co-occurrence has not been observed
The New Caledonian populations of Conus marmoreus are often considered to represent a separate subspecies (Conus marmoreus crosseanus) or species (Conus crosseanus). However, except for their smaller size, New Caledonian shells intergrade with Conus marmoreus from other localities in all morphological characters and we consider them as form crosseanus, characterized by weakly tuberculate post-nuclear whorls and a rather axially line ate dark brown pattern on an often bluish white ground. Specimens with additional spiral ground-colour lines were named var. lineata.
Form suffusus has distinct spire tubercles, lacks any pattern elements on its white, pale pink or pale yellow background, and its aperture is pink to orange. Immaculate white shells with a white aperture were described as Conus suffusus var .noumeensis .
Form pseudomarmoreus is characterized by an almost smooth shoulder. Shells with a typically arranged reddish to brownish orange pattern are known from the Isle of Pines (New Caledonia).