EPINEPHELUS MARGINATUS - (LOWE, 1834)
Mérou brun, Mérou noir, mérou de Méditerranée, mérou brun de Méditerranée, mérou des provençaux, serran géant, mérou sombre, Dusky grouper (GB), Cernia, cernia gigante (I), Mero nebuloso, mero, xerna (E), Zackenbarsh, Grosser Sägebarsch (D), Mero, garoupa preta (P).
Clef d'identification
Corps ovale, massif et robuste. Tête massive et yeux proéminents. Taches claires rayonnant autour de l'œil. Une nageoire dorsale. Queue arrondie à bordure blanche. Parties postérieures des nageoires dorsale et anale sombres
Distribution
Méditerranée et Atlantique Est depuis la Bretagne sud jusqu'à l'Afrique du Sud et dans l'Atlantique Ouest (Brésil et Bermudes), mais il n'est pas certain qu'il s'agisse de la même espèce pour l'Atlantique Ouest. Notons qu'il est très rare au nord du golfe de Gascogne.
Biotope
Caractérisé par sa grande sédentarité pendant la période estivale ou dans les espaces protégés, le mérou brun est présent sur des fonds rocheux accidentés avec des cavités ou des grottes pour s'abriter, même si on le trouve également sur les fonds sableux autour des posidonies et des zostères. Il n'aime pas les endroits trop perturbés. Il est trouvé de 5 à 100 m de fond au moins. Les juvéniles fréquentent des biotopes plutôt de type éboulis, ne dépassant guère les 15 m de profondeur, ils sont alors très cryptiques* et donc difficilement observables. Adulte, il préfèrera les zones de tombant, de coralligène ou les fonds rocheux accidentés plus profonds même s'il aura toujours tendance à rester au dessus de la thermocline*. Ces différences de biotopes entre stade juvénile et stade adulte empêchent en théorie les rencontres entre adultes et juvéniles. La fidélité aux sites est grande pour les vieux mâles et généralement faible pour les jeunes femelles, même si cela va être très variable selon les sites et la taille de la population de mérou. Si l'été il semble clair que le mérou brun soit très sédentaire et reste au dessus de la thermocline, le comportement hivernal est beaucoup plus variable et va dépendre surtout de la topographie de la zone et de la taille de la population. Il a été montré qu'en Sicile à l'approche de l'hiver, les mérous bruns avaient tendance à descendre vers des zones de 30 m et plus, alors que ces mêmes poissons sont trouvés sur des zones moins profondes lors de la période estivale (Lembo et al., 1998). En revanche, une étude récente menée dans la réserve marine de Cerbères-Banyuls montre plutôt une très grande sédentarité de tous les individus quelle que soit la saison. Lorsque la température baisse, le poisson aura seulement tendance à rester caché dans son gîte (Astruch et al., 2006).
Description
Le mérou brun est un des plus gros poissons que rencontrera le plongeur sur nos côtes méridionales françaises. C'est aussi le plus sympathique et le plus emblématique des poissons de Méditerranée. C'est un poisson de grande taille au corps ovale, massif et robuste (sa longueur fait moins de 4 fois sa hauteur). Sa taille commune dans nos eaux françaises va de 40 à 80 cm (les individus de 100 cm sont assez courants dans les zones de protection renforcée, la taille maximale étant d'environ 140 cm). Il possède une tête massive aux yeux proéminents et, comme d'autres mérous proches, 3 épines operculaires bien marquées. Son ouverture buccale est très large, la mâchoire inférieure est proéminente et des taches claires rayonnant autour de l'œil (larmes et « Y » permettant l'identification de chaque individu). La nageoire dorsale unique est caractérisée par 11 épines suivies vers l'arrière de 13 à 16 rayons mous. La nageoire anale est armée de trois épines qui sont clairement visibles. La queue, (nageoire caudale) large et arrondie finit par une bordure blanche distincte (également présente sur les autres nageoires). Elle est plus foncée, comme toutes les autres nageoires, que le corps. Il possède de petites écailles se recouvrant largement et incluses dans une peau épaisse. Les nageoires pectorales arrondies et de belle taille sont surmontées d'un repli cutané écailleux. La coloration est brunâtre parfois gris foncé à gris clair, voir rougeâtre avec des taches claires irrégulières en « nuages » et formant parfois des bandes claires verticales et diffuses. Les grands individus (vieux mâles) sont brun uniforme. La variabilité des livrées est importante.
Espèces ressemblantes
Le long des côtes françaises, vous pourrez rencontrer, outre Epinephelus marginatus :
Polyprion americanus, cernier commun ou mérou des basques, toute la Méditerranée (rare), Atlantique est (rare au-delà du golfe de Gascogne) et ouest (plus nordique), de grande taille (80 cm, maximum 200 cm), tête massive à profil supérieur légèrement concave, forte crête osseuse horizontale en haut de l'opercule, mandibules très proéminentes.
Epinephelus caninus, mérou gris, très rarement observé à faible profondeur et seulement des jeunes individus, taille maximale supérieure à 150 cm, canines plus développées que chez les autres espèces d'Epinephelus, caudale tronquée, coloration sombre et uniforme sans marque distinctive, 2 lignes obliques plus sombres de l'œil à l'opercule. Fonds de roche avec sable ou vase.
Mycteroperca rubra, mérou royal, badèche rouge, toute la Méditerranée, Atlantique central est et ouest, très rare sur nos côtes. Plus petit (20 à 40 cm, maximum 80 cm), caudale tronquée, dos brun rougeâtre foncé et flancs plus clairs avec des lignes foncées ondulées, solitaire, fonds sableux et rocheux.
Epinephelus costae, mérou badèche, Méditerranée mais exceptionnel sur la côte provençale et catalane, grande taille (30 à 70 cm, maximum 100/140 cm), corps assez allongé, caudale tronquée ou à bord concave chez les adultes, brun jaunâtre à brun sépia avec une série de lignes longitudinales plus foncées sur le corps et 2 lignes sombres, obliques, sur l'opercule (jeunes).
Epinephelus aeneus, mérou blanc, exceptionnel sur les côtes françaises, plus fréquent dans le sud de la Méditerranée, supposé présent sur la façade Atlantique jusqu'aux Iles Britanniques.
Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Epinephelus guaza (Linnaeus, 1758), voir “Origine du nom scientifique” pour cette ancienne dénomination.
Seranus gigas (Brünnich, 1768)
Epinephelus gigas (Brünnich, 1768)
Serranus marginatus (Lowe, 1834)
Dernièrement le nom Mycteroperca marginatus (Lowe, 1834) a été proposé suite à des études de biologie moléculaire (Craig et Hasting, 2007) qui indiquent que le genre Epinephelus doit être complétement reconsidéré avec E. marginatus proche du genre Mycteroperca Gill. Ces auteurs recommandent donc que Epinephelus marginatus (Lowe, 1834) devienne Mycteroperca marginatus (Lowe, 1834). Ce changement est pour le moment critiqué et des travaux complémentaires sur le sujet restent nécessaires pour le valider.
Origine du nom français
Mérou vient de l'espagnol : mero.
Origine du nom scientifique
Epinephelus : du grec [epi] = sur et [nephelus] = nuage, "couvert de nuages" est une bonne description de la robe foncée, parsemée de taches claires, disposées irrégulièrement sur tout le corps.
marginatus : du latin [margino] = entourer, border.
L'ancien nom d'espèce guaza que l'on trouve encore dans certain livres vient d'une confusion (dans un bocal au muséum à Paris) avec un cousin brésilien décrit sommairement par Linné en 1758 pour un mérou provenant d'un port des Caraïbes, Cumana. Le poisson décrit par Lowe en 1834, sous le nom de Epinephelus (Serranus) marginatus, correspond bien au mérou brun. On a donc rétabli le nom de marginatus, dans les années 80.
Alimentation
Le mérou brun se nourrit principalement de céphalopodes (seiches, poulpes, calmars), de crustacés et de poissons. Prédateur en fin de chaîne alimentaire, il joue le rôle de régulateur sur l'état sanitaire des populations (ce n'est pas le seul à jouer ce rôle, surtout qu'il est assez rare encore). Ils chassent à l'affût attendant qu'une proie passe à leur portée. Le régime alimentaire de E. marginatus évolue avec sa taille. Les petits mérous consomment d'abord de petits crustacés (isopodes, amphipodes, crevettes), puis surtout des crabes. Entre 20 et 60 cm, ils se nourrissent à parts égales de crabes et de poissons, les mollusques n'apparaissant que dans le régime des individus de plus de 30 cm. Les plus gros mérous (> 60 cm) capturent préférentiellement des mollusques céphalopodes puis des poissons.
Reproduction - Multiplication
Espèce hermaphrodite protogyne (il change de sexe, d'abord femelle puis mâle), deviennent des femelles capables de se reproduire vers l'âge de 4 ou 5 ans (40-50 cm environ). Entre 10 et 14 ans (60-70 cm), il se produit un changement de sexe. Celui-ci peut se produire plus tôt ou plus tard selon les individus, mais généralement, après 15 ans (80-90 cm) la majorité des individus sont devenus des mâles. Le mérou finit ainsi sa vie sous la forme d'un mâle, capable de se reproduire encore longtemps. Les plus grands individus peuvent atteindre les 50 ans. En époque de frai, de juillet jusqu'en septembre, les mérous matures sexuellement se regroupent (quelques dizaines voire centaines d'individus) dans les zones rocheuses entre 15 et 30 m de profondeur. Et c'est en général vers le mois d'août à la tombée de la nuit que les mérous « se décident à se reproduire ». Les parades nuptiales et l'émission des gamètes ne durent que quelques jours. Le premier temps est celui de l'approche : le mâle parade incliné sur le côté, placé au dessus de la femelle. Puis la femelle commence une remontée, le couple entame une lente spirale vers le haut, le mâle poursuivant sa parade. Cette phase se reproduit après une descente. Enfin sur la montée finale sur quelques mètres en accélération brutale gamètes mâles et femelles sont libérées en pleine eau, et pour finir, mâle et femelle retournent à leurs occupations.
La fécondation a lieu en pleine eau et les œufs sont pélagiques. L'éclosion se produit une quarantaine d'heures après la fécondation, les larves commencent à se nourrir au troisième jour. Après un séjour pélagique d'environ un mois, la larve est devenue « compétente » : elle va descendre sur le fond, se colorer et prendre la forme d'un minuscule mérou qui va entamer sa vie benthique dans un fond rocheux proche de la surface et offrant de petites cavités ; on appelle cette étape le recrutement. Au printemps suivant le jeune mérou mesure 5 à 6 cm, il grandit vite quand l'eau se réchauffe et atteint une taille moyenne (longueur totale) de 13 cm à un an.
Vie associée
Parasites fréquent sur la peau (anilocres parfois observées).
Divers biologie
C'est une espèce patrimoniale, indicatrice de la qualité du milieu, et surtout un signe que la chaîne alimentaire qui le précède est en bonne santé, lui étant le prédateur de plus haut niveau. La sédentarisation des populations de mérous bruns est liée à la qualité des sites qui offrent des ressources convenables en nourriture et en abris aux grands mâles, que ces sites soient des aires marines protégées (Port-Cros, Lavezzi, Scandola, Banyuls, etc) ou non (La Ciotat, Embiez, Carry Four à Chaux, etc.). Pour approcher en plongée ce poisson prudent mais curieux, il ne faut pas se précipiter sur lui et s'il disparaît, attendez-vous à le retrouver…dans votre dos ! Le mérou brun est occasionnellement présent chez les poissonniers en France suite à la prise au filet qui n'est pas interdite. Il est régulièrement proposé à la vente en Israël, Turquie, Chypre, Grèce et au Maroc. Sa valeur commerciale élevée favorise le braconnage sur nos côtes.
Espèce réglementée
Ce n'est pas, comme on l'entend souvent dire, une espèce protégée au sens strict, mais sur les côtes françaises, des moratoires reconductibles tous les 5 ans lui ont été salutaires. La première décision le protégeant contre la chasse sous-marine sur le littoral Corse date de 1980 et a été reconduite ensuite. Sur le continent l'interdiction de la chasse sous-marine du mérou date du le 2 avril 1993 (arrêté du Préfet de la Région), elle a été reconduite par deux fois.
L'avant dernier arrêté du 30 décembre 2002 a été pris par le préfet de la région Provence Alpes Côte d'Azur (arrêté n° 2002/1113), il précise ceci :
" La pêche à l'hameçon et la chasse sous-marine du mérou brun - Epinephelus marginatus - sont interdites sur l'ensemble du littoral français de la Méditerranée continentale du 1er janvier 2003 au 31 décembre 2007."
Le dernier arrêté du 17 décembre 2007 (n° 2007/1140) prolonge de 6 ans ces interdictions : soit du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2013.
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The Dusky Grouper (Epinephelus marginatus) is the best known grouper of the Mediterranean Sea and North Africa coast. It is said to have the best taste of all Mediterranean fishes.
Morphology
The Dusky Grouper has a big body with a big mouth. One long dorsal fin and a rounded tail. Its color varies from brown to green depending on the season and the age. It is green during its juvenile phase. The adult is upper brown with yellow spots and lower yellow. On the Operculum there are three spines.
Habitat
The dusky grouper is a solitary fish. It likes to live alone in rocks, at depths from the coast to 300 meters, but it's rare to find it below 60 meters. It has a barometric distribution, where the younger specimens are found near the coast and the older ones at the depths. It normally has one cave considered as home and several other caves as temporary refuges. Its home has a minimum of two exits, and a size slightly bigger than the grouper, so no bigger animal can enter in. In case of biting attack or other force to extract it, the grouper opens its mouth, and the operculum spines wedge it inside the cave. It can be found in the Mediterranean, the African west coast and the coast of Brazil. It is rare in the waters of the western Indian ocean, Uruguay, Argentina, north of France and the British Isles.
Reproduction
It is a protogynous hermaphrodite, i.e. the young are predominantly female but transform into males as they grow larger. Reproduction normally takes place between the summer months.
Nutrition
It feeds mainly on other fish, crabs and octopus. It is very greedy and one of the major predators in the Mediterranean sea.
Size
It normally grows to lengths of between 50 and 100 cm, and between 3 to 10 kg. But its not rare to find exemplars of more than 40 kg. It can grow up to 150 centimeters in length and 60 kilograms in weight.