BOHADSCHIA ARGUS - (JAEGER, 1833)
Echinodermata (Phylum) > Echinozoa (Subphylum) > Holothuroidea (Class) > Aspidochirotida (Order) > Holothuriidae (Family) > Bohadschia (Genus)
Holothurie léopard, Bêche de mer, géante aux cent yeux, Leopard sea cucumber, eyed sea cucumber, white-spotted black sea cucumber, leopard fish, tiger fish, spotted fish, Leoparde-Seegurke, Luipaard-zeekomkommer.
Critères de reconnaissance
Nombreux ocelles brun-jaunes sur un fond gris-beige. Bouche ventrale entourée de vingt tentacules courts. Anus presque dorsal, en forme d'étoile, émettant facilement de très gros tubes de Cuvier.
Distribution
Cette holothurie est présente dans l'océan Pacifique tropical (dont la Nouvelle-Calédonie et Tahiti) sauf Hawaï et dans l'océan Indien (Sri Lanka, Seychelles, Madagascar...) sauf les Maldives. Sa présence est controversée en mer Rouge.
Biotope
Récifs coralliens : platiers, lagons et débris coralliens, herbiers et pentes sablonneuses externes, jusqu'à 40 m de profondeur mais le plus souvent en eaux peu profondes et dans les passes. Les holothuries léopards sont rarement enfouies dans le sédiment, et jamais présentes en fortes densités sur un même site.
Description
Grande holothurie (50-70 cm de long pour 10-15 cm de large et jusqu'à 2,2 kg), s'amincissant postérieurement. Côté dorsal (bivium) bombé et lisse, couvert de podia courts et coniques disposés aléatoirement. Côté ventral (trivium ou sole) aplati avec de nombreux podia courts le long de plusieurs lignes longitudinales. Bouche ventrale entourée de vingt tentacules courts. Anus presque dorsal, entouré de 5 papilles formant une étoile, émettant facilement de très gros tubes de Cuvier collants. La coloration est variable, mais typiquement sur un fond beige ou gris clair se dessinent des ocelles jaunes ou bruns de 3 à 5 mm de diamètre, au bord et au centre plus sombres, parfois entourés d'un halo clair. Au centre des ocelles se trouve généralement un petit podia, mais tous les podia ne sont pas au centre d'un ocelle. Des ocelles proches peuvent parfois fusionner pour former des taches de formes irrégulières. En Polynésie, la coloration de fond tire plutôt sur le violet, avec des ocelles marron clair plus petits. En Nouvelle-Calédonie le fond est gris-brun, aux Comores il est très sombre, presque noir.
Espèces ressemblantes
Bohadschia (Holothuria) bivittata (Mitsukuri, 1912) : présente en Indo-Pacifique. Sa face dorsale est jaune à marron avec deux larges bandes transversales marron foncé, sa face ventrale est uniformément blanche à marron. Ses spicules sont de trois types : 1/ longues poutrelles à base dentelée et pseudo-anastomosée, et aux extrémités trouées ; 2/ rosettes branchues et de taille intermédiaire ; 3/ petites pépites ovoïdes partiellement trouées.
Bohadschia (Holothuria) koellikeri (Semper, 1868) : présente le long des côtes est africaines, Madagascar et Indo-Pacifique. Sa coloration de base est marron-beige, recouverte de larges taches blanches.
Bohadschia (Holothuria) marmorata (Jaeger, 1833) : présente au nord de l'océan Indien et mer Rouge. Sa coloration est foncée, marbrée de taches blanches. Ses spicules sont de trois types : 1/ longues poutrelles à base linéaire lisse et aux extrémités trouées et dentelées; 2/ rosettes de taille intermédiaire, peu branchues mais lobulées; 3/ petites pépites ovoïdes lisses.
Bohadschia (Holothuria) similis (Semper, 1868) : présente dans l'océan Pacifique tropical (sauf Hawaï) et dans les îles Mascareignes (La Réunion, Maurice et Rodrigues). Sa face ventrale est marron-rougeâtre à grise, sa face dorsale est plus sombre et plus rougeâtre.
Bohadschia (Holothuria) tenuissima (Semper, 1868) : présente dans l'océan Indien nord-est et la mer Rouge. Sa face ventrale est blanc jaunâtre, sa face dorsale est marron rougeâtre.
Bohadschia (Holothuria) vitiensis (Semper, 1868) : essentiellement présente autour de Madagascar, elle est toutefois visible de façon sporadique dans l'Indo-Pacifique tropical. De coloration marron.
Holothuria cousteaui (Cherbonnier, 1955) : présente à Madagascar et en mer Rouge. Sa face dorsale est marron-chocolat.
Holothuria (Bohadschia) atra Massin, Rasolofonirina, (Conand & Samyn, 1999) : présente uniquement dans le sud-ouest de l'océan Indien (aux Comores notamment). Sa coloration est beaucoup plus sombre, la face dorsale est presque noire avec des taches rondes rougeâtres, et la face ventrale est brun chocolat. Ses tubes de Cuvier sont moins gros et plus longs.
Autres noms scientifiques parfois utilisés, mais non valides
Holothuria argus Jaeger, 1833
Origine du nom français
Holothurie léopard : du fait de sa robe ocellée. Bêche de mer : nom générique des holothuries, sans doute par analogie avec l'outil qui sert à retourner la terre.
Origine du nom scientifique
Le nom de genre (Bohadschia ou Holothuria) est actuellement incertain, compte tenu des travaux de taxonomie en cours chez les holothuries. Selon la source, c'est l'un ou l'autre qui est donné valide, néanmoins le site de référence WORMS nomme cette holothurie Bohadschia argus. Bohadschia : en l'honneur du zoologiste tchèque Joannes Baptista Bohadsch (1724-1772), qui publia à Dresde des études sur les animaux marins, notamment le livre De quibusdam animalibus marinis en 1761.
Holothuria vient directement du nom latin [holothurium], désignant des cnidaires, ce qui peut paraître très surprenant (le terme latin provient lui-même du grec [holothourion]). L'attribution du nom holothurie (ou holothurium) à des cnidaires est liée à la description, plutôt ambiguë, qu'en avait donné Aristote : « animal légèrement différent des éponges, immobile, dépourvu de perception, dont la vie ressemble à celle d'une plante mais non attaché ». Le terme Holothuria est resté attribué à des cnidaires jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, date à laquelle Linné a réaffecté ce terme à des échinodermes (mais Holothuria ne désignait à l'époque qu'un nombre d'espèces beaucoup plus restreint qu'aujourd'hui, Linné ayant désigné la plupart des espèces du genre Holothuria au genre Fistularia).
argus : transcription latine du nom du personnage de la mythologie grecque Argos (Panoptes), géant aux cent yeux qu'Hermès tua pour libérer Io. En référence aux nombreuses taches qui parsèment le tégument de l'holothurie léopard.
Alimentation
L'holothurie léopard est détritivore: elle avale le sable pour digérer les déchets organiques qui s'y trouvent. Au fur et à mesure de sa lente progression, elle libère par l'anus de longues crottes de sable fin et propre.
Reproduction - Multiplication
Les sexes sont séparés et la reproduction est externe. Au cours de la reproduction, qui aurait lieu durant la saison chaude, les individus se dressent sur les 2/3 de leur longueur pour émettre leurs gamètes* par le pore génital, situé près de la bouche.
L'émission des gamètes est influencée par le cycle lunaire et a généralement lieu au coucher du soleil, au cours des un à trois jours qui suivent la pleine lune. La fécondation est externe et a lieu en pleine eau et donne une larve auricularia pélagique*, très différente de l'adulte. Celle-ci finit par tomber sur le fond et se transforme ensuite en un adulte miniature.
Vie associée
A la surface de Bohadschia argus se trouvent fréquemment des crevettes (comme la crevette impériale Periclimenes imperator), des petits crabes (comme Lissocarcinus orbicularis), des vers annélides ou des gastéropodes. Leurs relations avec les holothuries ne sont pas bien connues, peut-être se nourrissent-ils de parasites microscopiques, ou simplement de particules se déposant à leur surface.
Quatre espèces de poissons-perles (Carapidés), également appelés aurins ou fierasfers, peuvent vivre à l'intérieur de l'holothurie léopard, dans l'arbre respiratoire ou la cavité générale : Encheliophis homei (le plus fréquent), E. gracilis, Carapus boraborensis et C. mourlani. Leur forme très effilée leur permet d'y entrer par l'anus, généralement à reculons. Ils peuvent y vivre en couple, voire en banc : 15 Carapus mourlani ont été dénombrés dans une seule holothurie léopard ! Les poissons-perles se contentent souvent de s'abriter dans leur hôte, n'en sortant que la nuit pour chasser de petits poissons et invertébrés. Une espèce cependant (Encheliophis gracilis), vivant souvent en couple dans l'holothurie léopard, se nourrit de ses gonades et peut à ce titre être considérée comme une des très rares espèces de poissons osseux parasites. On parle dans le cas d'Encheliophis gracilis de parasitisme trophique, tandis que les autres poissons-perles entretiennent vis-à-vis de l'holothurie léopard une relation commensale, sans association alimentaire. Le taux d'infestation estimé de Bohadschia argus par ces poissons-perles serait d'environ 35%.
Divers biologie
En cas de danger, les holothuries peuvent rejeter leurs viscères digestifs et respiratoires par l'anus.
Pour se défendre, elles peuvent aussi émettre un appareil tubulaire spécial : les tubes de Cuvier. Ces formations filiformes, gluantes et urticantes, adhèrent fortement à tout ce qu'elles touchent, particulièrement chez Bohadschia argus.
Son tégument contient des spicules de 3 formes différentes : longues poutrelles à base lisse, linéaire et cylindrique, et aux extrémités trouées et festonnées ; rosettes très branchues et de taille intermédiaire ; petites pépites lobées partiellement trouées.
Informations complémentaires
Dans le Pacifique sud et l'Asie du sud-est, les holothuries sont pêchées en plongée et consommées sous le nom de trépang. L'holothurie léopard est également pêchée dans ce but mais a une faible valeur commerciale, peut-être en raison de ses tubes de Cuvier particulièrement collants qui en rendent la collecte et la transformation difficile. Les tubes de Cuvier, les viscères et la peau de nombreuses holothuries contiennent des holothurines, toxines thermostables et hydrosolubles, à action hémolytique et neurotoxiques chez certains animaux, urticante chez l'homme. Bohadschia argus contient également des toxines spécifiques, les argusides, qui auraient des propriétés anti-tumorales. Ces toxines, étudiées pour leur intérêt pharmaceutique, pourraient avoir un rôle dans la protection des holothuries contre les infections bactériennes, en complément de leur système immunitaire.
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Bohadschia argus, the leopard sea cucumber, is a species of marine invertebrate in the family Holothuriidae. It is the type species of the genus Bohadschia; Jaeger, 1833.
Description
Bohadschia argus is sausage-shaped with a smooth, tough, leathery skin and can grow to 2 feet (0.61 m) in length. It is a greyish-brown colour, paler below, with distinctive dark eye-spots surrounded by white haloes. There are several rows of tube feet on the underside. Surrounding the mouth at the anterior end is a ring of paddle-shaped, black tentacles fringed with white. The anus, at the posterior end, has Cuvierian tubules situated at its base which are readily ejected as sticky threads if the animal is disturbed or handled. These contain toxins which deter predators and are irritating to human skin.
Distribution and habitat
Bohadschia argus is found in the Western Indian Ocean and the Pacific Ocean. Its range extends from Madagascar, the Seychelles and Sri Lanka to Malaysia and the South Pacific Islands. It is found on coral reefs and on exposed, sandy areas of the seabed at depths of between 10 feet (3.0 m) and 120 feet (37 m).
Biology
Bohadschia argus is an omnivore. As it moves across the seabed, it sweeps sand grains and detritus into its mouth using its sticky tentacles. It obtains some nourishment from the biofilm that coats the grains.
Ecology
Fish of the species Carapus mourlani are sometimes found living in the coelomic cavity of Bohadschia argus; the fish enter through the anus, either going in head first or more frequently tail first. In a study in the Banda Islands in the South Moluccan Sea, 15 individual fish were found to be inhabiting the body of one sea cucumber 40 centimetres (16 in) in length. The small emperor shrimp (Periclimenes imperator) is often associated with Bohadschia argus and may help keep it clear of ectoparasites.
Uses
A new triterpene glycoside, Arguside A, has been extracted from the tissues of Bohadschia argus. This compound appears to exhibit cytotoxicity against several different types of human tumour cells.